GRÂCE ET DENUEMENT

Notre choix de l’ouvrage pour la Rencontre autour d’un livre s’est porté sur Grâce et dénuement d’Alice FERNEY – chez Acte Sud – Babel Poche – prix 8.70€ –
D’autre part, nous innovons en proposant que les personnes qui le souhaitent viennent avec de la prose, de la poésie, un article de presse, un livre … tout texte qui les aurait tout particulièrement touchées, intriguées, passionnées et qu’elles voudraient partager. Partage d’une collation.

Grâce et dénuement – Alice FERNEY
Page 53 : Djumbo était un bel enfant, elle avait du plaisir à le tenir. Jamais elle n’avait perdu ce goût des mères pour la peau neuve, la rondeur et le relent sucré de lait.

Page 82 : Il s’était trouvé amoureux avant même de reconnaître ou de comprendre ce qui lui arrivait. Quand il avait perçu son trouble, le mal était fait depuis longtemps, il était tombé dans l’amour. C’était une chute vertigineuse. Il était pris en entier par l’idée de cette femme qui avait les cheveux comme un buisson et les lèvres mouillées par la lecture.

Page 128 : Alors il la regarda longuement sans rien dire. Il voulait la brûler avec ce regard, lui faire comprendre avec ses yeux ce qu’il se refusait à dire (parce que dire est irrémédiable) … Il sut qu’il avait eu ce visage dévasté de l’amour malheureux.

Page 128 : Et les choses lui semblèrent soudain d’une douceur et d’une tristesse insoutenable.

Page 146 : Angéline n’eut pas un mot pour Héléna. Elle aurait pu dire qu’elle comprenait. Car elle était aussi une femme et elle avait été une épouse. Mais elle pensait qu’une épouse ne part pas, quoi qu’il advienne. Et les mots ne lui vinrent pas. Le fils était fou mais elle aimait le fils et elle n’avait jamais aimé cette belle-fille. Le sang en elle parlait injuste et défendait son enfant.

Page 187 : Ils avaient la liberté, le feu et le tempérament.

Page 196 : Les Gitans ne voyaient personne. Ils déjeunaient à l’ombre sous d’énormes marronniers. Les feuilles qui n’avaient pas atteint leur plus grande taille, étaient bordées de la lumière qui pouvait encore filtrer.

Page 203 : On est des Manouches, dit Anita et je serai jamais à ma place dans cette école. A cet instant elle aurait voulu se calfeutrer à jamais, dans la plus, totale ignorance,ne plus avoir à connaître le monde et ce qu’il sait.

Page 215 : J’écoutais le sommeil de mes petits, ils étaient beaux. Elle fut un instant dans sa contrée de passé et de mémoire, froide comme la terre où reposait l’époux qui l’avait connue vigoureuse et belle. Ils étaient couverts de soie, dit-elle, je les mordillais, je les embrassais et je les battais. Qu’est-ce qu’on avait d’autre dans la vie que se caresser pour le plaisir, se disputer pour, le soulagement et s’endormir pour l’oubli ? demandait-elle.

Page 284 : Nadia ne cessait de penser à Angéline qui lui avait tellement parlé. Elle reposerait seule, sans hommage et sans fleurs, à côté du petit-fils, dans cette terre étrangère qui les refoulait. Ils avaient toujours abandonné leurs morts, pensa Nadia