02 – INFO 10 OCTOBRE 2018

Italie : virage politique à l’extrême-droite et conséquences pour l’Europe. Un scénario qui paraissait impossible alors que l’Italie était le plus europhile des pays européen. Deux partis, le Mouvement Cinq Etoiles, créé en 2009 par Beppe Grillo, un humoriste, Luigi Di Maio en est le dirigeant et la Ligue du Nord, fusion en 1991 de deux partis régionalistes (ligue lombarde et ligue vénète) avec à sa tête Mattéo Salvini. Ces deux partis sont dissemblables mais se rejoignent sur le rejet de l’Europe, des migrants et des politiques. Ils traitent de questions identitaires qui progressent dans l’opinion. Après d’autres pays européens gagnés par le populisme c’est l’Europe qui est touchée au cœur. Certains autres pays européens dénoncent la démagogie de M5S et l’opportunisme de la Ligue du Nord mais ces pays ont des responsabilités dans cette situation, y compris la France. Concernant les migrants, l’Europe s’est engagée à en accueillir 160 000 mais le règlement européen dit que ces derniers doivent arriver dans les pays les plus proches des lieux de départ, soit l’Italie et la Grèce. Les engagements des pays européens en nombre de migrants accueillis n’ont pas été respectés et certains se sont fermés à toute migration. Engagement de la France : 28 000. Accueillis : 4 278. L’Italie a été abandonnée et c’est facile pour les populistes, les nationalistes de se faire entendre et de gagner l’opinion. Nous sommes complices de cette situation qui représente un danger pour l’Europe et la zone Euro dont l’Italie fait partie. Les règles de la zone Euro, bien que signées par l’Italie sont attaquées et si un pays lâche, c’est tout le système de la zone Euro qui s’écroule. Tous les pays sont signataires du Pacte de stabilité et de croissance et on ne peut pas le rompre sauf si tous les signataires se mettent d’accord. L’Italie présente deux budgets, les 27 septembre et 2 octobre 2018, deux présentations différentes avec les mêmes objectifs mais pas les mêmes chiffrages. Le 1er budget présentait des dépenses d’état colossales qui auraient mis à mail l’Europe aussi nécessité de rectification pour entrer dans le Pacte. Budget 1 : Revenu mensuel de citoyenneté pour tous de 750€. Déficit prévu de 2.4% au lieu des 3% autorisés par le Pacte. Baisse da la dette de 132% du PIB à 100%. Budget 2 : Revenu de citoyenneté restreint dont les propriétaires et tous les étrangers sont exclus (Rom, migrants et naturalisés italiens depuis moins de 10 ans). Déficit de 2.0% en 2020 et de 2% en 2021. Des perspectives difficiles à atteindre quand aucune annonce de modification structurelle sur le plan économique est annoncée. Vieillissement de la population, endettement colossal sont les réalités de l’Italie. Réactions virulentes des marchés, des grands prêteurs du monde. On prête mais un taux très différent d’un pays à l’autre selon les capacités de remboursement de chacun. Pour l’Italie, taux au 3 septembre, 3.16%, au 3 octobre, 3.30%. Les investisseurs sont hésitants sur la prise de risque et suivent attentivement la note décernée à chaque pays par les agences de notation. Mattéo Salvini est le chef de la politique, au dessus du 1er ministre et du Président. L’Europe demande un nouveau budget et ne peut déroger aux règles, ne peut accepter la moindre concession. La réponse : reprendre la liberté sur la monnaie. Un vrai défi pour l’Europe qui se doit de faire respecter le Pacte, signé par tous, le seul outil de convergence des économies européenne étant l’€uro.

France, système de santé et protection sociale. 3,4 milliards d’€uros sont affectés à la santé. Est-ce assez par rapport aux problèmes. Une partie du corps médical se dit satisfait, d’autres dénoncent des manques. Le diagnostic approuvé par le CNRS est réaliste : système à bout de souffle, à l’hôpital, manque de personnel. Proposition de création de 7000 postes d’assistants médicaux, 400 postes de médecins généralistes pour les déserts médicaux, maisons de santé plus nombreuses et plus grandes, ouvertes plus tard. Dossier médical partagé, coordination entre médecins généralistes de ville, spécialistes et hôpitaux. Mais cela sera-t-il assez efficace pour changer les choses ?
Questions qui se posent : Quelle place pour les autres professions, infirmiers, aides-soignants, personnel pour les soins à domicile. Quelle formation pour les intermédiaires. Quelle place sera faîte au patient, quel statut aura-t-il, quelle considération pour son expertise. Comment régler LA problématique des déserts territoriaux en matière de sante. Il n’est pas question de comment faire évoluer le fonctionnement de l’hôpital.
Réformes. Réforme constitutionnelle : toujours sous la Vème République depuis 1958 avec 25 réformes successives, celle-ci sera la 26ème. Pour De Gaulle, c’était à la fois, un esprit et une pratique. Une évolution à l’intérieur de cette Vème République. Ce qui reste c’est la permanence d’un gouvernement parlementaire à caractère mixte et présidentiel. Le changement, un président élu au suffrage universel. Présidentialisation de la fonction, le président définit la politique, le 1er ministre exécute. Rôle renforcé du président qui prend de plus en plus de place car élu par le peuple. Réduction du mandat présidentiel et parlementaire de 7 à 5 ans et élection en même temps. Pas d’opposition au président avec une Assemblé de la majorité du président. Décentralisation : pouvoir aux régions, contre-pouvoir au président. Cohabitation : un président différent de la majorité de l’Assemblée et le Parlement peut gagner contre le président en donnant plus de pouvoirs aux régions, au Conseil constitutionnel qui peut dans ce cas prendre des décisions remarquables, même contre des décisions de justice. Ce qui est prévu : introduction d’une dose de proportionnel. Diminution du nombre de parlementaires d’un tiers à l’Assemblée et au Sénat pour un avantage budgétaire, moins de financement des partis politiques, Parlement plus opérationnel. Mais des inconvénients : réduction du débat parlementaire, éloignement d’avec les citoyens. Le citoyen est le grand perdant, dans la prise en compte des ses jugements, de sa participation dans le jeu politique. La place du citoyen devrait être discutée dans une réforme constitutionnelle. Il n’y a pas de statut du citoyen. Mais deux lois importantes quant à la participation citoyenne ne sont pas vraiment suivies, la révision du Plan d’urbanisme et le développement du territoire, les citoyens ne s’en emparent pas. Une chambre de la participation citoyenne avait été évoquée mais l’intention n’a pas été retenue. Le pouvoir donné aux citoyens est un enjeu considérable, une urgence démocratique.

Financement des partis politiques. En France, la loi pour la confiance dans la vie politique du 15 sept 2017 a fortement cadré et contrôlé les financements privés, tout en réduisant les financements publics. Il est plus difficile désormais de bénéficier sans limite de sponsors privés. A l’étranger, les règles de contrôle sont nettement moins rigoureuses et parfois même n’existent pas. Aux USA par exemple, les financements privés vont bon train, ce qui rend la démocratie largement défaillante.