N° 01 – INFO DU MOIS – SEPTEMBRE 2016

2 sujets : lecture de quelques brèves et question des réfugiés.

Quelques brèves
– IGAS : l’Inspection Générale des Affaires Sociales est un organisme très sérieux qui peut travailler indépendamment des gouvernements. Rapport de 200 pages sur l’évolution de l’emploi et qui conclut que les 35 heures ont bien généré 350000 emplois. www.igas.gouv.fr/
– En Allemagne, aux élection régionales du 4 septembre, dans la circonscription d’Angela Merkel, le Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, le parti d’extrême droite AfD « Alternative pour l’Allemagne » arrive en 2ème position (20.8 %) derrière le SPD « Parti social-démocrate » (30.6 %) et devant la CDU « Union Chrétienne Démocrate » (19 % ). Inquiétant pour elle à un an de la fin de son 3ème mandat mais aussi pour les partis démocratiques.
– Les lieux de culte : pour 4 millions de pratiquants musulmans 2500 lieux de culte musulman contre 1300 en 2000. Ces lieux sont aussi bien des mosquées que des maisons. Pour 10 millions de pratiquants catholiques 45000 églises (10 à 12000 sont en activité).
– Discrimination : Yannick Vaugrenard, sénateur socialiste de Loire-Atlantique propose une loi visant à ajouter un critère de discrimination en raison de la précarité sociale comme suppression de l’accès à la cantine pour des chômeurs, refus de rendez-vous pour des bénéficiaires de la CMU… Le sénateur estime que : « Les personnes rencontrant des difficultés économiques ou sociales souffrent d’une double peine. Elles sont pauvres et stigmatisés, car on estime qu’elles sont responsables de leur situation, alors qu’elles en sont victimes. Le projet de loi présenté aujourd’hui au Sénat vise à ajouter la précarité comme critère discriminant interdit, comme le sexe, l’origine, l’âge… au code pénal et au code du travail ».
– Espagne : pour la 3ème fois, les conservateurs n’ont pas atteint la majorité et doivent revoter
– Chine et USA ont ratifié la COP 21. Très bonne nouvelle car ils représentent 38% des émissions de CO2
– Brésil : destitution de la présidente pour le crime de responsabilité en encourageant des mal façons financières. Accusation de corruption mais l’opposition qui a poussé à cette situation est particulièrement corrompue. On peut craindre qu’il s’agisse d’une revanche politique Mais c’est aussi, dans ce pays ultra machiste, une femme qu’on abat.
– Les primaires : spectacle lamentable qui occupe tous les médias. Comme ces primaires se présentent et s’organisent elles sont révélatrices des failles et des échecs de la politique. Il sera obligatoire dans le futur d’organiser différemment les partis, les élections, le mode de gouvernance. Un projet pour la France, instaurer un débat politique pour expliquer le projet aux citoyens.
– Brexit : quelle Europe après le Brexit ? Il faudra aborder ce problème très grave. Les Anglais sont toujours dans les commissions européennes et se battent pour faire voter des décisions qui seront au bénéfice de l’Angleterre même après le Brexit.

Réfugiés, migrants
Un grand nombre de migrants arrive par la mer et des milliers y meurent. Emotion partagée avec la photo du petit garçon sur la plage mais très vite, inquiétude et nombreuses questions ambiguës et contradictoires qui font qu’en général on ne comprend pas vraiment et qu’on ne connait pas la vérité. Quelques questions à se poser pour essayer de comprendre.
1 – Quelles différences entre migrants et réfugiés ? Deux situations différentes par le droit. Le réfugié a un statut juridique, pas le migrant qui lui, pour toutes sortes de raisons, décide d’aller vivre dans un autre pays. Le statut juridique du réfugié est inscrit dans la convention de Genève que la plupart des pays ont signée. La convention définit des droits pour les personnes et impose des devoirs pour les pays. Par exemple, un pays ne peut refuser sur son territoire une demande de protection. Le terme de migration a toujours été considéré comme un terme ambigu basé sur une conception bipolaire du monde : par exemple on dit que chez les réfugiés il y a les bons et les méchants. Mais on peut dire que c’est la même chose dans toutes les sociétés. Depuis les années 80 l’opposition à l’immigration est beaucoup plus forte : on considère qu’il y a plus de méchants. Mais à partir de 2011, les Syriens qui arrivent ont des métiers, ils sont considérés moins méchants. Mais après les agressions en Allemagne ils redeviennent des méchants. Avec les attentats, les mots ont changé, on parle d’invasion. L’opinion publique est instrumentalisée par les politiques eux-mêmes.
2- Combien sont-ils et d’où viennent-ils ? Actuellement la majorité des réfugiés en migration forcée sont une dizaine de millions. 30,9 % viennent de Syrie, 18,8 % d’Afghanistan, 8.5 % du Kosovo, 8.5 % d’Erythrée, 3 % du Nigéria.
Dans le monde combien sont-ils ? 53 millions de personnes qui viennent de tous les pays du monde. Certains pays accueillent au-delà même de leurs possibilités comme le Liban, 1 million de réfugiés pour 4 millions d’habitants. La Turquie accueille 2,5 millions de réfugiés pour 84 millions d’habitants. En Europe si on compare aux migrations dans le monde, ce n’est vraiment pas massif, seulement 15% viennent en Europe. L’Afrique accueille 25% de la totalité du monde. Le total accueilli en Europe est égal aux personnes accueillies au Pakistan. Et pourtant en France on a vécu bien d’autres situations, 1 million de rapatriés d’Algérie, 1 million de Catalans dont 630 000 sont restés malgré une bagarre terrible au Parlement.
En France, en Espagne, c’est seulement maintenant que des villes s’engagent sur les moyens d’accueillir des réfugiés. A partir de maintenant la situation d’accueil devrait s’améliorer mais ce flux a commencé depuis 4 à 5 années.
En Europe, on ne s’est pas préoccupé de l’immigration malgré le Traité de Maastricht qui prévoyait un paragraphe sur la politique commune d’immigration.
Suite aux Printemps arabes, revers de situation et ce qui arrive aujourd’hui était prévisible mais l’Europe ne s’en est pas préoccupée. Elle a juste donné des aides au HCR. Elle a sous-traité le partage du fardeau avec le Maghreb et depuis mars 2015 avec la Turquie … contre 6 milliards d’Euros. C’est scandaleux car dans ce cas il n’y a pas d’accueil ni de solidarité de la part de l’Europe. Après toutes les critiques sur cette politique, l’Europe invente les quotas, pour la France 160 000 sur 2 ans. Mais la plupart des pays ont refusé la politique des quotas ou l’ont acceptée mais pour un nombre moindre que celui préconisé. Comme la France qui a accepté 23 000 réfugiés sur 2 ans.
Contrôle aux frontières de l’Europe pour décider qui sont les migrants éligible et ceux qui doivent être refoulés. Finalement l’Europe laisse faire aux pays ce qu’ils veulent et certains érigent des murs.
En France grave division sur l’accueil des réfugiés. La parole publique est timide et tardive parce que la France est taraudée par l’extrême-droite. Les termes entendus font penser à 39 : croisés de l’identité nationale, croisés chrétiens.
Aujourd’hui, on met en cause les nationalités qui arrivent, avec leur culture et leur religion en prétendant que c’est une atteinte à notre propre identité. Et à cause des élections, le phénomène est amplifié pour des raisons purement électorales.
En France environ 200 000 migrants par an reçoivent un titre de séjour qui sera renouvelé ou pas. Seulement 18 à 20 % de ceux qui demandent l’asile l’obtiennent. Ils se répartissent comme suit : Mariages français-étrangers : 60 000 – Etudiants : 60 000 – Regroupement familial : 35 000 – Réfugiés politiques : 20 000 – Travailleurs : 20 000.
La logique de l’immigration doit être une logique de droit international.

Accueil des demandeurs d’asile, droit au séjour, accès aux soins, mineurs : Jacques Toubon, le Défenseur des droits, a rendu un rapport et dresse un bilan accablant de la manière dont l’Etat français traite les étrangers. Lire son rapport. Le 26 mai 2016, Médiapart détaille les conclusions les plus éclairantes de ce rapport. A voir en annexe.

Contre les préjugés et pour répondre à ces interrogations légitimes et à bien d’autres : « Migrants et réfugiés » : livre de Claire Rodier – juriste au GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigré-e-s) et co-fondatrice du réseau Migreurop – en collaboration avec Catherine Portevin. Editions La Découverte à 4.90 € et le N°73 du journal Le 1

Pour comprendre : conférence à Annemasse de Jocelyne Dakhlia « Des musulmans dans l’histoire de l’Europe », le 19 avril 2017.

Louis Caul-Futy Françoise Surette