N° 06 – INFO DU MOIS – MARS 2017

Revenu universel : sujet principal
Le 1er à l’intégrer dans son programme a été Benoît Hamon. Discussion autour de ce sujet, approbation mais aussi opposition. Problème très complexe et qui demande une étude approfondie pour comprendre.
Pourquoi cette question pendant la campagne électorale ? Notion très ancienne qui a une tradition intellectuelle qui date de plusieurs siècles et à chaque fois qu’elle a été évoquée, se sont manifesté des crises institutionnelles, politiques, économiques qui ont ralenti l’application. Elle retrouve aujourd’hui une actualité dans la période de crise que nous vivons.
Historique : En 1516 : Thomas MORE juriste, chercheur a imaginé dans un écrit, une ile très habitée dans laquelle les gens vivraient de façon communautaire avec un revenu universel. En 1528 un Espagnol : un minimum vital devrait être assuré à chaque habitant. En 1748, Montesquieu suggère également, en s’adressant à l’état, une subsistance, de la nourriture, des vêtements chauds pour répondre à la pauvreté, à la précarité. 1797 : Thomas PAINE : les riches, porteurs de capitaux, les grands accaparateurs de biens devraient financer un revenu de subsistance. 1918 : Bertrand RUSSEL, un savant, suggère de mettre sur pied un revenu suffisant pour répondre aux nécessités. On voit qu’à chaque fois qu’une crise survient, que la pauvreté augmente, l’idée du Revenu universel revient. Encore d’autres débats sur l’idée : en
1944, Friedrich HAYAK propose un revenu minimum pour tous, nécessaire à l’équilibre de la société pour garantir un peu plus de paix sociale dans le pays. En 1957, Martin Luther King parle d’un revenu annuel garanti pour tous, le moyen pour lutter contre la pauvreté, une condition indispensable, faute de quoi les révoltes continueront. En 1961, Milton FRIDMAN : un revenu de base pour tous, universel, financé pat l’impôt. 1967, Eric FROMM : un revenu garanti universel pour un idéal humaniste occidental. 1986 : Philippe Van PARIJF, un revenu universel européen. 1996 : Philippe GORZ économiste : un revenu d’existence pour en finir avec la dépendance au travail. Donc une vielle idée mais qui n’a jamais pris forme bien qu’il y ait eu des essais par exemple en Espagne, avec Pablo Iglesias de Podemos. La Finlande est en expérimentation depuis le 1er janvier 2017 avec 2000 chômeurs qui touchent 560€ mensuels plus leur allocation logement et leurs frais de santé et qui gardent cette somme s’ils trouvent un travail. Aux Pays-Bas, 20 villes depuis janvier 2016 mènent des projets pilote sur le revenu de base (900€ dans la ville d’Utrecht). En France la Gironde s’est portée volontaire et étudie depuis des mois un revenu garanti universel.
Réactions intempestives à cette idée. Pourtant ce n’est pas une idée folle et elle s’inscrit quand même dans la réalité de la société d’aujourd’hui. La pauvreté est en hausse, des millions de pauvres en France, 6 millions de chômeurs.
A travers l’histoire et comme aujourd’hui, des appellations différentes. De quoi s’agit-il en réalité ? Un revenu qui doit être universel soit qui s’adresse à tous de façon inconditionnelle et individuelle ; il ne tient pas compte de la situation de famille mais uniquement de l’individu. Riches comme pauvres y ont droit, il ne tient pas compte des revenus. Il s’adresse à tous sans condition.
Quelles sont les critiques ?
1 – le fait qu’il soit universel : ça nous parait logique d’écarter les riches.
2 – le développement d’incitation à un droit à la paresse.
3 – la crainte de voir disparaitre le système de protection sociale.
4 – le coût important.
Quelles sont les réponses que l’on peut apporter ?
1 – L’universalité : pas pour les riches ? Mais idée de Louis : ce serait peut-être un avantage car les riches ne s’y opposeront pas et il y aura immédiatement une réforme fiscale qui leur fera restituer peut-être plus que ce qu’ils recevront. Les riches profitent aussi comme tout le monde de la sécurité sociale et de certaines allocations familiales et nous n’en sommes pas choqués.
2 – La paresse : d’après Valls projet d’assistanat et de farniente. Macron « Je ne veux plus entendre qu’il soit intéressant de faire autre chose que travailler ». Ces réponses illustrent l’identification historique que l’esprit, la culture capitaliste ont imprimé dans notre esprit : le seul travail est le travail salarié. Cette assimilation travail = salaire n’est pas la vérité mais c’est ce qu’ils nous mettent dans l’esprit pour profiter de notre travail. Ce premier argument n’est pas valable. On nous a fait croire aussi qu’il n’y avait que 2 activités : travail et loisirs car les loisirs nous mettent en forme pour reprendre le labeur. Idée de Louis : ce revenu universel exercerait une pression sur la qualité des emplois qu’on nous propose car dans la mesure où les gens seraient aidés ils ne prendraient plus n’importe quel travail, il y aurait une influence sur la qualité du travail.
3 – La perte du système de protection : la sécurité sociale, les Français y tiennent et c’est un exemple pour le monde et chaque fois qu’en France on a voulu faire reculer la sécurité sociale les gens se sont révoltés, ils ont manifesté et c’est ce qui se passerait si on tentait la même chose. Certaines aides seraient regroupées pour faire un revenu global, ce qui simplifierait le système qui est déficient puisqu’il y a plus de 8 millions de pauvres malgré les aides existantes. L’argument se heurte à la réalité des faits. Chaque prestation à laquelle on a droit (34 % pour le RSA) à un plafond spécifique, très compliqué et de nombreuses personnes n’en bénéficient pas, tellement le système est compliqué. Il y aurait obligatoirement une simplification du système ce qui serait une bonne chose. A une mise en cause des aides, il y aurait des réactions. Précarité, les gens de gauche pensent que ce revenu universel créerait davantage de précarité car les gens auraient tendance à ne rien faire. 8 300 000 pauvres actuellement. La classe d’âge des 18-25ans est la plus pauvre. En Europe occidentale ce sont les de moins de 18 ans qui sont les plus touchés par la pauvreté, les enfants, les adolescents. Pauvreté particulièrement dans les familles monoparentales. Avis de Louis : il est temps de mettre à la place d’un système insuffisant et coûteux un nouveau système qui mette vraiment fin à la pauvreté et qui bouche les trous du système actuel. Le travail tend à diminuer mais aussi la sécurité d’une carrière longue avec des promotions au cours de la vie. L’ascenseur social n’existe plus. Destruction des emplois en masse mais destruction progressive : robotisation, numérisation, ubérisation. Dans les métiers de la santé, là où on a tellement de besoins, il y a moins de personnel que nécessaire et même les soignants font de l’administratif et c’est ainsi dans de nombreux métiers.
4 – Le coût : chaque fois qu’on a inventé une utopie, elle a coûté cher. En 1945, alors que tout était au plus bas, industrie, agriculture, villes et villages détruits, on a quand même inventé cette utopie de la sécurité sociale et on a utilisé pour ce faire 100% de la production française d’une année. Hamon annonce un coût de 400 milliards ce qui paraît tout à fait possible au regard de 1945. Maintenant il faut voir où trouver ces 400 milliards. Le problème ce n’est pas qu’il n’y a pas d’argent c’est que la plus-value créée par le travail est mal réparti : jusqu’aux années 1990, elle l’était au bénéfice de l’outil de travail et des salariés, elle l’est maintenant au bénéfice des porteurs de capitaux et des actionnaires. On a bien trouvé l’argent pour sauver les banques au moment de la crise des subprimes.
Benoît Hamon préconise une entrée progressive à partir de 500€ environ jusqu’à 800€.

Le financement. A partir de 4 points : une réforme de la fiscalité qui sera plus progressive et une simplification avec intégration de la CSG. Réunification de la taxe foncière et de l’ISF. Rapatriement d’au moins 50% de l’évasion fiscale soit 80 Milliards. Création d’une taxe sur les robots. La progressivité, les petits pas c’est plutôt rassurant pour convaincre ceux qui n’y croient pas et notamment les syndicats. Les syndicats sont réticents car cette mesure touche à la conception du travail. Ils croient encore au retour de l’ascenseur social, à l’amélioration du droit du travail mais c’est un peu utopique. Il faut bien considérer et admettre le changement du monde du travail comme il faut bien admettre la pollution, le changement climatique. Mais malgré les évidences, beaucoup nient ces changements. .
Si ce revenu universel est inventé, le combat contre va durer mais s’il est consistant, s’il répond à de réels besoins, sans doute faudra- il le défendre ? Mais tant qu’il n’est pas présenté dans sa réalité, dans son fonctionnement, on ne peut que le décrypter pour tenter de la comprendre.
Peu de chance que Hamon arrive au second tour mais cette question du revenu universel va certainement se retrouver en discussion, en débat dans la sphère publique pendant longtemps, comme dans de nombreux pays européens. A suivre les expériences en Finlande, aux Pays-Bas …
Si le revenu universel était instauré, il y aurait davantage de consommation et donc plus de TVA dans les caisses de l’état et la proposition de Benoît Hamon est que cet argent serait investi dans des grands travaux sur les énergies nouvelles.

D’autres expériences : Dauphin, première ville test au Canada entre 1974 et 1979 mais abandonné faute de moyens. En Alaska, un revenu annuel depuis 1982 pour tous à partir de 5 ans et qui existe toujours, indexé sur les revenus du pétrole et du gaz. Par contre en 2016, les Suisses ont rejeté ce projet quand bien même une pétition de 125000 signatures était devenue une proposition concrète déjà rejetée par les députés.

Prochaine Info du Mois le 12 avril 2017. Sujet proposé, les mouvements antisystème dont le FN et son programme.

Louis CAUL-FUTY Françoise SURETTE