INFO N° 6 – FÉVRIER 2015

INFO DU MOIS – 11 Février 2015 – 22 participants
Louis veut poursuivre la réflexion de décembre sur le Traité transatlantique, sujet particulièrement important et qu’il voudrait interactif avec des éléments de questionnement pour les prochains mois. D’autres sujets qu’il voudrait aborder : Espagne et Grèce. Russie-Ukraine et Europe-

TAFTA, quelques rappels : projet de traité lancé depuis plus d’un an et qui a pour but de mettre sur pied entre Europe et USA un libre échange multilatéral. Les finalités d’un tel traité : l’abaissement des barrières douanières et tarifaires, des barrières non tarifaires (normes sociales, sanitaires, environnementales) pour une libre concurrence sans limites sans obstacles. La sécurisation de l’investissement pour que les bénéfices reviennent aux investisseurs. Aucun état ne pourra s’opposer aux décisions, et des tribunaux privés non professionnels jugeront les litiges. Pour la France, les principaux risques émanant de ce projet sont la fin des AOC, des normes de protection de l’environnement, la fin de l’interdiction de l’exploitation des gaz de schistes, la fin de l’exception culturelle française… Le traité prévoit en préambule un inventaire des valeurs communes à l’Europe et aux USA ; ce qui pose à priori la question de ce qu’il y a de commun aux deux continents sur par exemple la laïcité, la santé, l’éducation, la culture, la peine de mort …
Eléments nouveaux :
1 – Les négociations ont repris le 12 février 2015 après un arrêt de 2 mois et demi. Pourquoi cet arrêt ? Des réactions commencent à se manifester, la société civile, des politiques, en France, en Allemagne : réactions sur les normes et sur les tribunaux d’exception. Dans nos pays, les citoyens se sont battus pour la santé, pour les droits et tout ce qui a été fait serait remis en cause. Du coup on a proposé à la Commission européenne de demander une sorte d’harmonisation, de mettre en place des standards, de standardiser les normes. C’est-à-dire, chercher une norme moyenne sur laquelle le plus grand nombre peut s’accorder. Mais ce sera difficile pour les produits pharmaceutiques, produits chimiques, les risques sanitaires, les normes agricoles. Et les lobbies sont dans les couloirs de la Commission européenne pour faire la pression sur les décisions, sur les votes.
2 – Les tribunaux arbitres feront que le droit des pays ne sera plus et de ce fait que devient la démocratie ? La commission est prête à accepter que dans le cas de procès perdus par les états, il y aurait possibilité de faire appel. Mais sous quelles conditions et pour quels résultats ?
Les USA sont très mécontents de cet ’arrêt de 2 mois et demi car ils espéraient que tout serait réglé fin 2015. Les républicains qui ont la majorité maintenant, sont tout à fait d’accord avec le traite mais OBAMA aussi car ainsi il a le soutien de l’opposition. Et en plus il demande à être présent à chaque discussion entre USA et Europe. La commission européenne travaille de son côté et ensuite réunion entre Europe et USA et ainsi de suite.
Louis est en train de préparer une synthèse de tout ce qui se passe autour de ce traité. Le document sera à notre disposition pour 1€. Y compris des réactions d’hommes politiques pour ou contre ou du moins nuancées. JP Chevènement, Hubert Védrine, Xavier Bertrand …
2 thèses POUR le traité. Une thèse part de l’idée que le traité permettra un essor économique. Une autre thèse s’appuie sur une étude géopolitique : deux mondes, l’un avec Russie et Chine, deux immenses pays, deux forces majeures, des empires, sous des régimes totalitaires et libéraux malgré une politique communiste. Mais ce libéralisme est placé sous le contrôle de l’état. Et d’un autre côté, le monde occidental semi-libéral et qui aspire à plus de libéralisme. Il faut donc le traité transatlantique car demain l’axe totalitaire pourrait s’imposer. L’analyse n’est pas fausse mais faut-il vraiment ce genre de traité pour s’opposer à ce totalitarisme ?
On minimise les réactions des citoyens et l’exemple d’une action citoyenne qui a porté ces fruits en 1998 en conduisant à est l’annulation de l’AMI (Accord Multilatéral sur l’Investissement) accord économique international négocié dans le plus grand secret depuis 1995 sous l’égide de l’OCDE, ses conséquences auraient constitué une menace sans précédent pour la démocratie. D’ailleurs ce sont les manifestations du Canada, de la France et de l’Allemagne qui ont fait que les pourparlers sur le TAFTA ont été arrêtés pendant 2 mois et demi. Notre adhérent, Mr Chautemps a demandé des explications, notamment sur le fait que les discussions soient secrètes, à Michel Barnier qui a répondu (en anglais) dans un charabia incompréhensible. Tout ce qu’on peut en conclure c’est que tout ce qui concerne le commerce doit être discuté en secret conformément au texte de la Constitution Européenne.

Grèce : victoire de SYRIZA, porté par Aléxis TSIPRAS. Discussions très importantes et très serrées entre l’Europe et le premier ministre. Ses demandes : échelonnement de la dette, diminution importante des intérêts et fin des injonctions autoritaires de l’Europe en matière de politique sociale. Il apporte en contrepartie le maintien de la Grèce dans l’Europe et dans l’Euro, un projet de fiscalité et la lutte contre la corruption. A suivre.
SYRIZA, un parti de gauche. Et en Espagne, un parti similaire, plutôt un groupement de citoyens issu des Indignés, pas encore un parti, PODEMOS, qui peut réunir dans une manifestation deux millions de personnes. Au-delà de leurs capacités à faire une bonne politique, ce que nous verrons dans l’avenir, ce sont des militants de la démocratie participative (En Espagne, Pablo IGLESIAS, le leader, réunit au moins 1000 personnes à qui il propose des débats et en tire une synthèse). Et ces deux formations d’extrême gauche sont les bêtes noires de la finance. Comment se fait-il que dans d’autres pays comme la France, l’Allemagne, le Danemark, tous soumis au même conditionnement par l’Europe, aux mêmes sacrifices, aux mêmes souffrances, on ne voit pas de tels mouvements ? Les partis traditionnels sont toujours là, plus ou moins malades et l’extrême droite progresse à chaque élection. Comment se fait-il qu’on réagisse en Grèce, en Espagne, par des formations qui sont en phase avec les populations, le peuple, formation solidaire, ouverte, jeune et que nous c’est pour un parti xénophobe, raciste que nous votons ? Les jeunes ne votent plus, beaucoup d’abstentions, les gens ne croient plus aux partis traditionnels. Dans ces pays du sud, on travaille sur la réalité de la vie des gens, sur la place publique, sur les difficultés réelles et c’est à partir de ces réalités que les choix politiques sont faits, pour transformer la vie des gens. Ils ont une culture politique très différente de la nôtre : ils se sont débarrassés du dogmatisme : c’est une sorte de démarche syncrétique soit une synthèse entre des points de vue qui peuvent se rapprocher. Une grande différence, ce sont aussi ces jeunes leaders, des personnages nouveaux, des jeunes qui ne pratiquent pas la langue de bois, ce qui tranche totalement avec nos partis, le cumul des mandats, le professionnalisme politique, la carrière à construire comme idéal … les gens ne croient plus dans notre classe politique traditionnelle. Et ces jeunes Grecs et Espagnols veulent gouverner, participer, se battre, par exemple pour l’Europe. Ils viennent avec des idées. Ils donnent de l’espoir.

Deux sujets passionnants qui ont provoqué de nombreuses interventions et de ce fait, nous n’avons pu traiter le dernier sujet.

Louis Caul-Futy Françoise Surette