INFO N° 1 – SEPTEMBRE 2014

En cette rentrée, il nous faut bien choisir les sujets à aborder car il est impossible de traiter de tous les évènements survenus pendant l’été. C’est ainsi que Louis nous propose de parler de l’Ukraine et de la France
UKRAINE : nous assistons à un processus engagé depuis un certain nombre de mois avec une révolution, un dictateur chassé du pouvoir, une tentative de mettre en place un système démocratique. – Voir Info de Juin 2014 – Des contre-manifestations de l’extrême droite qui tente de prendre le pouvoir. La Russie qui profite de ces troubles pour s’immiscer en Crimée, une partie de la population qui se révolte contre le pouvoir de Kiev et un référendum en Crimée qui dit oui à un rattachement à la Russie. La Russie annexe la Crimée comme en son temps une partie de la Géorgie – Ossétie du Sud et Abkhazie – ou en Moldavie avec la Transnistrie. Poutine a engagé un processus de déstabilisation de l’Ukraine car il ne supporte pas que ce grand voisin veuille se rapprocher de l’Europe. Son rêve c’est le retour à une grande Russie. Il organise la révolte des populations de l’est de l’Ukraine, population en majorité russophobe ; critique des dirigeants ukrainiens, dénigrement, organisation de groupes terroristes, aide économique, aide sociale, soutien politique à la région. Armes livrées aux groupes terroristes, armée russe à la frontière, infiltration de militaires russes. Les Ukrainiens élisent le 25 mai dernier leur Président Pétro Porochenko qui affirme son opposition aux rebelles pro-russes qui tentent de prendre le pouvoir à l’est. Enfin, tragédie de l’avion malaisien abattu (enquête en cours) et enfin les occidentaux réagissent avec des sanctions envers la Russie : réduction des importations de gaz, limitation de circulation de certains Russes en Europe et aux USA, blocage des avoirs bancaires, blocage des investissements dans les entreprises russes. Mais ces sanctions semblent ne pas suffire, Poutine n’en tient pas compte. Il continue de façon souterraine ses aides aux rebelles pro-russes, nie la présence de soldats russes (malgré les témoignages de mères de soldats russes morts et enterrés anonymement), nie être responsable de l’attaque de l’avion. Il demande un état autonome pour la Crimée et prétend que d’autres régions du sud-est voudraient en faire autant. Voila la situation au 1er septembre 2014.
Le 5 septembre 2014, un cessez le feu à Minsk est violé mais par ce fait il est mis en évidence que le conflit ne se réglera pas militairement mais bien diplomatiquement. En Estonie, à Tallinn, Obama tient un discours rassurant : « ne craignez rien, nous sommes avec vous, toute agression sera combattue car votre protection est assurée par l’OTAN. » Surprise de Poutine car jusqu’à présent l’OTAN ne disait rien – Géorgie, Tchétchénie … Du 5 au 9 septembre 2014, sommet de l’OTAN à Newport qui assure à nouveau sa protection aux pays de l’est. En France, l’OTAN a mauvaise presse, accusée de vouloir dominer le monde par le biais des USA, mais elle n’est plus la même aujourd’hui, question militaire, la France a autant d’importance que les USA, les USA ne dominent plus l’OTAN. La Russie a toujours accusé l’OTAN de vouloir la détruire mais l’OTAN n’a jamais tenté d’écraser la Russie alors qu’elle aurait pu le faire à l’éclatement de l’URSS. L’addition de ces événements constitue un changement de ton vis-à-vis de la Russie : les politiques constatent que Poutine piétine les sanctions et ce nouveau langage est d’une autre nature. En Russie, le mécontentement de la population monte en puissance (refus de la guerre, difficultés sociales), en Ukraine, 46% de la population est pour l’adhésion à l’OTAN ; il est possible que les conditions soient réunies pour un début de résolution du conflit. Quelles sont les concessions que l’Ukraine devrait consentir pour arriver à une résolution du conflit ? Ce que l’on peut imaginer : envoi et maintien d’une force pour la paix à la frontière – accord de l’Ukraine pour fédéraliser une partie des régions de l’est avec des régions russes – traité qui garantisse l’indissolubilité de l’Ukraine – poursuite des relations de l’Ukraine avec la Russie – par rapport à l’Europe, processus d’adhésion non reconnu pendant 10 ans et renoncement à l’adhésion à l’OTAN –
A suivre …
France : la crise économique qui dure se double d’une crise de régime tant dans la majorité que dans l’opposition. Quelles sont les causes très profondes de cette crise et les risques ?
Spécificités de la Vème République depuis 1958 et ce qui ne va pas – discipline majoritaire, une majorité qui domine, très forte, homogène, qui marche au pas – solidarité gouvernementale, pas de discordance, comme un seul homme – Prééminence présidentielle, le seul pays démocratique avec
ce système aussi rigide (De Gaulle – Debré dans une période très critique). Ces trois points représentent l’axe majeur et incontournable d’un régime démocratique stable et cela a fonctionné pendant des années. Par exemple, 1998/1999, discipline républicaine dans la démission de J.P Chevènement (Un ministre il ferme sa gueule ou il démissionne). Si on supprime l’un ou l’autre ou deux de ces points tout explose : le gouvernement va-t-il garder la majorité ? Plus de discipline majoritaire et la solidarité n’existe plus. La situation actuelle, ce sont deux des trois points de l’axe qui ont explosé.
On ne peut plus fonctionner comme du temps de De Gaulle. Les hommes changent, la civilisation change. Le système ne fonctionne plus, il est obsolète vis-à-vis de la vie d’aujourd’hui. Les citoyens ont davantage de responsabilités, ils prennent la parole, manifestent, c’est une démocratie exemplaire alors qu’au gouvernement, si les ministres ne sont pas d’accord, ils sont licenciés. Prééminence du président : la constitution le protège, il est unilatéralement le patron, même s’il n’est plus porté par une dynamique de rassemblement de la majorité. Dans toutes les démocraties, c’est le débat parlementaire qui prime, même le président Obama a moins de pouvoir que le président français. La Vème république est une caricature de démocratie : le président impose sa politique mais s’il n’a pas de majorité parlementaire pour réaliser cette politique, quelles sont les alternatives ? On a transformé le président en roi mais avec un pouvoir très difficile à imposer : Soit il en fait trop et est accusé de despotisme, soit il n’en fait pas assez et il échoue. Il y a discordance entre l’exercice du pouvoir d’état et la vie du pouvoir parlementaire. Et absence constitutionnelle de la responsabilité du 1er ministre.
Dans la crise actuelle, deux hypothèses : le président dit qu’il change de cap, de projet politique et tente de se refaire une majorité sur ce nouveau projet ou dissolution de l’Assemblée s’il n’a pas obtenu la majorité, la confiance de l’Assemblée. Dans ce cas, le gouvernement Valls s’en va, nouvelles élections législatives. Nouvelle majorité droite ou extrême-droite. Mais dans quel état est la droite, l’UMP : guerre interne, pas d’accord sur le projet à mener. Si c’est l’extrême-droite qui passe, regardons ce qui se passe dans les villes gagnées par le FN. Quelle gestion, quel projet : fin de l’Europe, de l’Euro, renvoi des étrangers ?
Pacte de responsabilité : remise à plat et renégociation des conditions et des obligations. 6 milliards 100 millions d’euros déjà effectivement accordés aux entreprises, mais sans contre parties. Débat en cours entre patrons, syndicats, ministres pour de nouvelles négociations : exiger des engagements par branches avec dates, calendrier – mettre en place un système de contrôles – mettre en place un éventail de sanctions.
La Vème république porte en elle-même un dysfonctionnement politique : la suppression de toute proportionnalité dans notre système et donc dans l’alternance droite-gauche, comment s’expriment les petits partis ? Ce n’est pas normal. C’est l’affrontement de deux institutions politiques, PS/UMP, pour eux, pour exister.
Dans une VIème république, il faudrait une part de proportionnalité, ce qui permettrait une plus grande représentation du peuple alors qu’actuellement le Parlement représente à peine 50% des citoyens. Il faudrait supprimer le cumul des mandats, cumul qui permet la professionnalisation des élus.

Louis CAUL-FUTY
Françoise SURETTE