INFO N° 2 – NOVEMBRE 2013

En 2014, ce sera la célébration du centenaire de la Grande Guerre. Il est nécessaire d’avoir une analyse exhaustive des deux guerres, comment et pourquoi elles ont éclaté, comment elles se sont déroulé, comment elles se sont terminées. A lire, un livre de Jean Pierre Chevènement : « 1914-2014 : L’Europe sortie de l’histoire ? » Chez Fayard. Voir en fin de texte.

Les réformes –
1- Retraites : allongement de la durée de cotisations jusqu’à 43 ans entre 2020 et 2035. Hausse des cotisations employées et patrons de 0,15% en 2014 et de 0,5% par an jusqu’en 2017. Création d’un compte « pénibilité » financé par les entreprises. Les congés maternité, le temps partiel, les stages seront comptés dans le calcul de la retraite. Revalorisation des retraites actuelles reportées d’avril à octobre 2014. Cette dernière mesure de non-revalorisation pose problème quant au pouvoir d’achat des retraités. La retraite à taux plein soit après 43 ans de cotisations va concerner les générations nées en 1973. Depuis 1993, alors que le temps de cotisations était de 39,5 ans, c’est la 4ème mesure d’allongement. Pour les jeunes, les femmes, il y a difficultés à intégrer un emploi, et le début de cotisations est de plus en plus tardif : en 1954 on commençait à cotiser en moyenne à 20 ans et demi, en 1974 à 23 ans et en 2013 à 25 ans. Le temps de chômage recule le moment de cotiser. Dans la réforme, on ne touche pas aux régimes spéciaux. On vit plus longtemps, mais il y a des inégalités entre les métiers exercés question santé et mortalité. La prise en compte de la pénibilité est une bonne chose mais compensera t’elle l’allongement du temps de cotisations ? Les jeunes sont sans illusion et n’espèrent rien pour leur propre retraite. Le risque est d’avoir des mouvements contestant, remettant en cause la solidarité.
L’âge moyen de départ à la retraite en Europe est de 65 ans. En Allemagne, il sera de 67 ans à partir de 2029. En France, 67 ans à partir de 2018. En Belgique, on cotise pendant 45 ans, en Espagne 35 ans, en Suède, 40 ans. A consulter sur Internet un comparatif social européen en matière de temps de cotisations : www.eurocompar.eu/retraite
L’allongement en France rapportera 2 milliards 700 millions par an en 2030 – 5 milliards 600 millions par an en 2040 alors qu’aujourd’hui, 200 milliards d’euros sont accordés aux actionnaires chaque année. C’est le constat d’un déséquilibre évident dans la répartition de la création de richesse.
2 – Réforme électorale des départements (pas encore votée) prévoit une recomposition des territoires et un nouveau mode de scrutin. La recomposition territoriale tient compte de deux critères, le mixage des populations rurales et urbaines et un rééquilibrage des cantons sur la question de la démographie. Des cantons seront regroupés, comme par exemple Seyssel et Saint Julien en Genevois, par exemple La Roche –Bonneville qui s’étendra jusqu’à Cruseilles. De 34 cantons en Haute Savoie, le nombre passera à 17. Deux élus par canton et parité absolue : même nombres de représentants mais des hommes vont tomber. Certains politiques sont opposés à ces mesures car ils vont se retrouver confrontés à des politiques qu’ils ne connaissent pas. Quant au nouveau mode de scrutin, en Haute Savoie toujours 34 conseillers mais un binôme homme/femme sur chaque canton. Le cumul des mandats, la pyramide des âges, la culture du pouvoir vertical ont fait que les femmes ont été exclues de ce scrutin jusqu’à maintenant (en Haute Savoie, une seule conseillère femme sur 34).
3 – Réforme du logement : adoptée en 1ère lecture. Elle est intéressante sur plusieurs points, le but étant d’opérer une régulation dans la politique du logement – Encadrement des loyers : loyer moyen défini sur lequel les loyers devront se rapprocher. – Système de prévention des expulsions : signalement des impayés pour chercher des solutions – Extension de la période de trêve hivernale – Encadrement des locations meublées et touristiques – Système de lutte contre l’habitat indigne en donnant pouvoir aux maires – Prévention de la dégradation des copropriétés avec le fond de prévoyance pour travaux – Rénovation énergétique : pour cela mise en place d’un Observatoire du logement dans chaque département.
Cette réforme introduit une logique de protection et tient compte des économies d’énergie à engager. Certaines communes sont prioritaires comme Ferney et région, Annemasse Agglo, Vallée Verte, Saint Julien, Machilly, Lucinges …
4 – Réforme des rythmes scolaires : le but, réduction du temps scolaire de la journée et réaménagement du temps. Aujourd’hui, de nombreuses réactions politiques pas tant sur le principe mais plutôt sur l’organisation, le coût … Critiques, manifestations, grèves, refus même d’appliquer la loi … une vraie incohérence car quand N. Sarkozy était au pouvoir, il avait tenté d’augmenter le temps scolaire ce qui avait déclenché une levée de boucliers : psychiatres, professeurs, médecins, parents d’élèves, pédiatres … on évoquait les problèmes de santé des enfants, la fatigue, l’impact sur la scolarité, on demandait une meilleure répartition. Mais on ne demandait pas la démission du ministre ou du président ! Aujourd’hui, basculement de l’opinion publique. On reprend les mêmes arguments mais à l’envers. C’est maintenant un mouvement politique avec des maires qui disent qu’ils n’appliqueront pas la loi.
Le coût est de 150 euros par enfant et par an pour les collectivités. 100 millions d’euros sont mis à la disposition ders communes surtout des plus petites. La gestion du temps scolaire ne se fait pas en fonction d’élections ou de revendications. L’instruction, l’éducation ne dépendent plus seulement de l’instituteur, c’est l’affaire de tous. Le temps périscolaire doit être reconnu comme temps éducatif pour une connaissance de la société, de l’environnement, du territoire.

Voici l’expérience de Grenoble :

Un projet construit collectivement : la nouvelle organisation des temps de l’enfant est issue d’une large concertation entre partenaires éducatifs (Education nationale, représentants de parents d’élèves, associations socioculturelles, personnel municipal … ) qui s’est déroulée en deux phases : Janvier-mars 2013 : la Ville de Grenoble a réuni les membres de la communauté éducative pour étudier ensemble les différentes organisations envisageables. Ce dialogue a permis notamment de mesurer les difficultés liées à un allongement trop important de la pause méridienne et de privilégier une sortie de classe plus tôt dans l’après midi. Avril-Juillet 2013 : La Ville et les partenaires de la communauté éducative se sont réunis pour construire l’offre proposée après la classe, à partir de 16 h au niveau de chaque école ou bassin d’écoles, dans le cadre des « Ateliers du projet périscolaire ». La Ville souhaite s’appuyer sur le vivier associatif du territoire et les acteurs de l’éducation populaire. Cela va permettre une articulation approfondie entre le projet d’école, le projet périscolaire et les projets des partenaires. Des réunions d’informations sont organisées dans chaque secteur en juin et juillet. Le projet périscolaire en cours d’élaboration a été présenté lors du dernier conseil d’école de l’année.
Afin d’évaluer les effets de la réforme, un « comité de suivi inter partenarial » sera mis en place à la rentrée. Il constituera également l’instance chargée de réfléchir à la rédaction du futur Projet éducatif de territoire (PEDT) qui viendra compléter le Projet éducatif grenoblois. Ce dispositif permettra d’améliorer encore l’organisation des temps de l’enfant pour les prochaines années scolaires.

Le livre de Jean Pierre Chevènement – 4ème de couverture
On peut prédire, sans risque de se tromper, que la commémoration, en 2014, du déclenchement de la Première Guerre mondiale sera instrumentée à des fins politiques. Au nom du « Plus jamais ça ! », il s’agira, pour nos classes dirigeantes, de justifier la mise en congé de la démocratie en Europe au prétexte, cent fois ressassé, de sauver celle-ci de ses démons. Même si comparaison n’est pas raison, il m’a paru éclairant, pour comprendre comment l’Europe a été progressivement sortie de l’Histoire, de rapprocher les deux mondialisations, la première, avant 1914, sous égide britannique, et la seconde, depuis 1945, sous égide américaine, chacune posant la question de l’hégémonie sans laquelle on ne peut comprendre ni l’éclatement de la Première Guerre mondiale ni l’actuel basculement du monde de l’Amérique vers l’Asie. La brutale accélération du déclin de l’Europe ne tient pas seulement aux deux conflits mondiaux qu’a précipités un pangermanisme aveugle aux véritables intérêts de l’Allemagne. Elle résulte surtout de la diabolisation de ces nations nécessaire à des institutions européennes débilitantes qui ont permis leur progressive mise en tutelle par de nouveaux « hégémon ». Afin de ne pas être marginalisée dans la nouvelle bipolarité du monde qui s’esquisse entre la Chine et l’Amérique, l’Europe a besoin de retrouver confiance dans ses nations pour renouer avec la démocratie et redevenir ainsi actrice de son destin. Rien n’est plus actuel que le projet gaullien d’une « Europe européenne » au service du dialogue des cultures et de la paix, une Europe compatible avec la République, où la France et l’Allemagne pourront œuvrer de concert à construire l’avenir d’un ensemble allant de la Méditerranée à la Russie. Dans une « réconciliation » enfin purgée de ses ambigüités et de ses non-dits : celle de deux grands peuples capables de poursuivre ensemble leur Histoire.
« hégémon » : dans l’Antiquité, en Grèce, chef militaire et politique.