INFO N° 4 – JANVIER 2016

Nous avons bien besoin de nous soutenir, nous devons nous soutenir, aujourd’hui et dans l’avenir. Deux sujets que Louis voudrait aborder ce soir : le premier qui ne paraît pas si important mais qui est la somme d’enjeux très importants, c’est le « détricotage » de notre Code du Travail, code qui garantit la solidarité entre les travailleurs et leur protection. Le second sujet est l’interaction entre politiques et religions. Question fondamentale au vu d’ échanges pervers entre les plus mauvais aspects de la politique et des religions.

1 – Code du Travail : le but est de le diminuer, le rendre plus souple, plus malléable, plus permissif, moins contraignant. Ce que l’on nous répète c’est que ce Code du Travail est considéré comme étant une angoisse constante pour les patrons et les salariés et qu’il responsable du chômage actuel. D’après Mr Gattaz, il doit être ramené à de grands principes sur lesquels on se mettrait d’accord. On répand ces opinions comme une vérité toute faite sans chercher à savoir comment a été construit ce code du travail. Son histoire s’inscrit au fil des deux derniers siècles dans les luttes, les larmes, les combats, les morts, les catastrophes industrielles. Il vient de la lutte des travailleurs pour s’accorder avec les patrons. Il vient de la lutte de nos ainés.
Après la révolution, un contrat entre patron et salarié qui lie deux hommes libres et consentants, l’un propriétaire de sa force de travail qui la vend et l’un qui est propriétaire d’un outil, d’un matériel, mais tous deux sont considérés comme égaux malgré tout. 1791 : Loi Le Chapelier qui interdit toute action de l’un ou de l’autre, patron, travailleur, qui modifierait ce contrat au profit de l’un ou de l’autre. Et aussi qui interdit les corporations des métiers, le compagnonnage, les organisations ouvrières. La force de travail est considérée comme une marchandise en échange de laquelle le patron verse un salaire. L’état n’a pas à intervenir, seul le contrat particulier fait la loi. Ce qui est contractuel est juste mais il n’y a pas de protection : travail des enfants, travail de nuit pour les femmes. Ce partenariat ne résiste pas face aux maladies, aux morts par accidents ; ces malheurs ponctuent une période de 120 ans jusqu’à la création du véritable Code du Travail en 1910. Dans les années 1830, Louis René Villermé – voir détail en fin de texte – commence à enquêter et à préparer un code mais il faudra du temps pour constituer un véritable Code du Travail. De 1815 à 1910, des accords successifs sont signés, accords qui sont arrachés par des luttes incessantes entre patrons et ouvriers organisés ou pas, hommes et femmes. 22 mars 1841: début d’une série de lois dont la 1ère interdit le travail des enfants au-delà de 8 heures par jour. 1845 : le travail de nuit est interdit pour les enfants.1864 : autorisation de la grève. 10 mai 1874 : interdiction totale du travail des enfants et création de l’inspection du travail. 21 mars 1884 : autorisation, reconnaissance juridique des syndicats. Mais il faudra attendre 1981 pour reconnaître la section syndicale spécifique à une entreprise. 12 juin 1893 : loi qui oblige aux respects de règles d’hygiène et de sécurité. 9 avril 1898 : loi qui reconnait les accidents du travail mais l’indemnisation au salarié n’est pas reconnue pour autant. Pour cette reconnaissance de l’arrêt et de l’indemnité, il faut renégocier avec le patron point par point. Pendant tout ce temps, la course à la production s’amplifie dans des conditions de travail déplorables et les risques pour les ouvriers augmentent. 1906 : catastrophe des mines de Courrières dans le nord qui fait 1002 morts. Conditions de travail non respectées malgré les lois déjà acquises. Accélération de la résistance. 13 juillet 1906 : grèves considérables qui imposent le repos du dimanche. 1918 : dès la fin de la guerre le chômage explose, plus de moyens de production, destruction, terrains dévastés ; on décide de la réduction du temps de travail, du partage du travail. 23 avril 1919 : nouvelles grèves qui actent la journée de travail de 8 heures et la semaine de 6 jours. 1936 : Léon Blum, les Accords de Matignon, loi des 40 heures. Après 1945, on assiste à un événement considérable dans un pays détruit. On va voir des hommes et des femmes et notamment ceux du Conseil de la Résistance, qui vont se mettre ensemble pour fonder les droits sociaux du travail, droits qui ont réglé nos vies : Comité d’entreprises, Sécurité sociale, médecine du travail, comité d’hygiène et sécurité, caisse de chômage. 10 mai 1944 : Déclaration de Philadelphie, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) inscrit que le travail n’est pas une marchandise. Et on arrive aux années 80 et à l’économie de marché. Des prétextes pour attaquer les solidarités et imposer les diktats du libéralisme. Aujourd’hui on dit que notre Code du travail d’un poids d’un kilo est illisible, trop contraignant. Pourtant ce n’est pas le poids qui dit que ce code est mauvais. Offensive contre ce Code du Travail par un homme politique, Robert Badinter et un juriste Antoine Lyon-Caen qui jugent le code « obèse » et proposent un code du travail allégé. Si le nôtre est volumineux c’est pour que chaque article soit compréhensible et ne comporte qu’une seule résolution. Une question peut donc comporter des dizaines d’articles pour chaque cas particulier. Par exemple pour ce qui concerne les délégués du personnel : 287 articles. Sécurité : 2500 articles. Depuis les années 80 on constate une accélération de la destruction du code du travail. 1980 : Philippe Seguin, fin de l’autorisation administrative de licenciement. En 2000, simplification du licenciement par la rupture conventionnelle entre salarié et patron : 1 million de salariés en 2014 perdent leur emploi sans embauche de CDI. 13 juin 2014 : loi qui permet que le licenciement soit effectif en 21 jours au plus, alors que l’on sait à quel point la justice est lente, donc plus de recours possible auprès de la justice. Le principe de notre code du travail c’est qu’il soit assez complet pour s’adapter à chaque cas afin que les salariés puissent se défendre, par exemple dans le cas de la reconnaissance des maladies professionnelles, mineurs silicosés, ouvriers victimes de l’amiante.

2 – Politique et religion. A voir, à commander le dossier « Histoire des Religions et des croyances » fait par Louis.
Les religions ont accompagné toutes les civilisations, les ont modifiées, ont contribué à la culture. Les religions ont une influence considérable tout comme les formations politiques, les idéologies politiques qui ont traversé le monde. Aujourd’hui le fait religieux évolue beaucoup, bouleverse les sociétés, impacte les cultures, les civilisations. Election d’un pape, François, par un conclave conservateur et même réactionnaire et pourtant François n’est pas un pape conservateur : la preuve sa remise en cause du code de la famille, ses positions face aux homosexuels (Qui suis-je pour juger), contre le libéralisme qui détruit le monde. C’est une preuve que les religions bougent. Les Printemps arabes, une recherche du mieux vivre, de la liberté, de la démocratie et leur échec et dans la foulée, le surgissement de la terreur islamiste. Un changement s’opère dans toutes les religions avec des courants conservateurs qui prennent le pas sur les modérés et on le voit partout. Les thèmes religieux sont désormais utilisés par des courants politiques pour attiser des conflits. Relations perverses entre politiques et religieux qui attisent la violence. Chrétiens : les identitaires, ceux par exemple qui se sont mobilisés contre le mariage pour tous, sont des fondamentalistes et avec eux il y avait des politiques. Une partie des évangélistes sont fondamentalistes et s’opposent aux protestants d’origine, calvinistes et luthériens. Les fondamentalistes juifs s’opposent aux modérés et ils sont au pouvoir. Même le monde bouddhiste et hindouiste, subit une radicalisation qui rassemble les politiques pour une idéologie qui amène à la violence.
Après la Seconde guerre mondiale, le monde découvre les horreurs du nazisme, nazisme qui a pris racine dans une idéologie qui était acceptée depuis une quinzaine d’années. Les conservateurs chrétiens alliés à des courants d’idées politiques avaient créé une nouvelle idéologie faite d’antisémitisme, d’identitaire, de la peur de l’autre. Cette idéologie nouvelle qui a permis au nazisme de se développer, on la retrouve aujourd’hui, identité, rejet de l’autre. A l’époque, après le nazisme, des chrétiens prennent en compte les fautes commises et inaugurent de nouvelles idées par exemple en s’occupant des jeunes et des nouveaux migrants. Tous les mouvements ségrégationnistes et racistes disparaissent aussi à la fin de la guerre. Ce rejet de l’idéologie nazie a duré 70 ans. Plus jamais ça. Il y a encore deux ans on cachait son vote au FN. Maintenant, on ne se cache plus, on le clame, on l’affirme et on le justifie. Nous sommes revenus à cette idéologie qui a produit le nazisme. On parle même de revenir sur la loi Pleven du 7 juin 1972 et la loi Gayssot du 13 juillet 1990 tendant à réprimer l’incitation à la haine raciale, tout acte raciste, antisémite ou xénophobe. Un négationniste a même porté devant les Sages la constitutionalité de la loi Gayssot sur la contestation des crimes contre l’humanité.
Cette tendance s’explique par le conservatisme des religions et se traduit par une volonté du rejet de l’autre, du rejet de la différence. Ces courants intégristes politiques cherchent dans les mouvements religieux à solidifier leur idéologie et cherchent à corrompre les religions dans ce qu’elles ont de vertus universelles qui rassemblent. Par exemple, foi, espérance et charité, vertus qui ne proviennent que de leur dieu pour les chrétiens, sont attaquées et perverties de l’extérieur par des conceptions de la foi contraires à la religion. Voir les positions de Marine Le Pen sur la laïcité, (Info de décembre + texte Programme des populistes) et les mots choisis « Prière dans la rue, tous les citoyens ne sont pas égaux ». Sa tactique, prendre les valeurs chrétiennes ou islamiques ou autres pour retourner le principe de laïcité à son profit. La liberté de conscience, la liberté de culte, c’est la laïcité, c’est la paix. Et la séparation de l’église et de l’état, c’est ne pas proclamer dans les lieux réservés à l’état d’appartenance religieuse. Exemple de la Hongrie, de la Pologne, une alliance formelle, objective, publique entre religion et politique. Processus de radicalisation qui conduit à la violence.
Comment s’opposer à ces tendances conservatrices ? Ca dépend d’abord essentiellement des religions car il y a plus de monde dans les religions que dans les partis politiques, et ce sont ces gens avec leurs convictions religieuses qui peuvent avoir une influence et qui peuvent lutter contre les radicalisations des religieux et des politiques. En France 31 % des catholiques ont voté pour l’extrême-droite aux dernières élections, c’est absolument dramatique.
On ne peut que souhaiter une bonne année au pape qui lui seul a compris le danger de ce qui se passe au cœur des religions. Quel sera son comportement lors des JMJ qui vont se dérouler en Pologne à Cracovie ?

Louis René Vuillermé Source Wikipédia
« La crise économique, qui allait en s’accentuant depuis 1827, arrivait à son comble après la Révolution de Juillet : en 1831, dans l’Aisne, des chômeurs menaçaient de pillage en réclamant des secours, à Lille, on comptait 25% d’indigents ; dans les régions du nord, la misère était effroyable et l’espérance de vie avait baissé chez les tisserands et chez les ouvriers des manufactures de laine et de coton, où la mortalité infantile avait progressé ; la situation des filatures de coton de l’Alsace n’était pas plus enviable malgré les améliorations apportées par certains patrons à Mulhouse ou à Guebwiller. Villermé fait le tableau des enfants en haillons, pieds nus, allant travailler dans les usines de Mulhouse, n’ayant qu’un morceau de pain pour leur repas.
À la suite de plusieurs pétitions réclamant une réglementation sur le travail des enfants, l’Académie des sciences morales décida, en 1835, de se pencher sur le sujet et désigna deux enquêteurs : Louis-François Benoiston de Châteauneuf et Villermé ; à ce dernier fut confiée entre juin 1835 et août 1837, la visite des départements où les industries du coton, de la laine et de la soie occupaient le plus d’ouvriers ; c’est ainsi qu’il se rendit dans la région de Mulhouse, mais aussi à Lille, Roubaix, Tourcoing puis à Nîmes, Carcassonne et au printemps 1836, il était dans la région de Lyon Saint-Étienne : lors de chacun de ses déplacements, il étudia les conditions de travail des ouvriers mais également leur logement, leur alimentation, leur salaires… »

LOI DES 23-29 MAI 1863 sur les société à responsabilité limitée