INFO N° 3 – DECEMBRE 2015

Deux sujets que Louis aimerait traiter ce soir : 1er tour des élections régionales et le terrorisme, formation et évolution de DAECH.

1er tour des élections régionales. Le constat, victoire incontestable du FN qui désormais s’installe comme une des forces politiques dominantes dans le pays. Trois formations politiques en place qui vont combattre pour accéder au pouvoir. Pour le FN un marchepied pour prétendre accéder au pouvoir d’état. Un vote qui s’enracine dans un certain nombre de convictions. Un phénomène nouveau pour la France et pour de nombreux pays européens qui voient monter leurs extrêmes-droites avec une certaine inquiétude. On constate une montée en flèche des forces populistes sur toutes les régions avec des nuances. En Haute Savoie, des communes rurales complètement excentrées sans immigration, sans problème de terrorisme, mais avec une peur de l’autre qui paraît injustifiée votent FN. Par exemple comme à Brison avec 47%. Il faut aller plus loin que l’émotion que nous ressentons. Les résultats du 1er tour sont contradictoires avec la cote de Hollande en hausse après les attentats du 13 novembre mais celle-ci est basée sur son rôle de chef de guerre et de défense de la nation, et bien sûr cela ne suffit pas. Il faut chercher ailleurs ce que l’on reproche au pouvoir actuel. Le vote ne s’est pas fait sur les programmes des candidats pour la région : pas de communication, pas de débats, on n’a pas parlé du tout des enjeux pour des régions plus grandes et à 13 au lieu de 20. Les citoyens ne demandent rien aux politiques et les politiques ne cherchent pas à publier leur programme. On ne cherche pas à savoir pourquoi l’état a voulu créer des telles régions. On ne cherche pas à connaître les nouvelles compétences de ces grandes régions. De plus grandes régions c’est pour être à égalité avec les grandes régions des autres pays européens, Allemagne, Italie, Espagne. Mais le plus important ce sont vraiment les compétences et celles des régions françaises ne sont pas égales à celles des régions européennes. Les médias et les politiques ont leur responsabilité mais aussi le citoyen qui ne s’intéresse pas à ce qui fait sa vie de tous les jours. Nous avons le pouvoir et nous devons le céder à ceux que l’on juge le mieux représenter nos intérêts mais on s’abstient et notre pouvoir est donné à n’importe qui.
Trois raisons que donnent les jeunes qui ont voté FN : 1 – le chômage, situation économique, la non-reconnaissance d’être en capacité de travailler et d’être acteurs de la vie sociale, la faute au « système politique de merde » ce sont leurs mots. Comment transformer ce mal-être en positif. 2 – la peur de la violence, du terrorisme. Ce sont les émotions qui les gouvernent et c’est contre cela qu’il faut se battre en continuant à vivre. 3 – immigration : « Ca suffit, on en voit partout, ils ont tout ». Ces affirmations sont fausses, ils sont beaucoup moins que lorsque nous faisions appel à la main d’œuvre du Maghreb. Il faut regarder les chiffres, c’est trop grave de dire n’importe quoi. Les mots employés sont terribles et aggravent la peur : « Hordes, barbares, invasion … ». Bien entendu on ne peut pas dire que tout va bien et qu’on a tout fait, la non-reconnaissance que les jeunes ressentent est bien réelle. Si on prend la question du chômage on n’a certainement pas tout essayé, stages qui ne donnent rien, emplois aidés qui ne donnent pas un emploi durable, service civique payé 450 € par mois et qui ne dure que quelques mois. On n’a pas créé d’emplois avec ces mesures et maintenant on réduit les droits des travailleurs, on affaiblit le code du travail, les prud’hommes en croyant pouvoir créer des emplois par ces mesures. Sur la question de l’immigration, les médias sont souvent fautifs en transmettant de fausses informations, sans vérifications approfondies. Toutes ces raisons qui justifient le vote FN doivent être prises en compte. Le chantier immédiat est le sort que l’on réserve à notre jeunesse. On attend toujours le plan Marshal des banlieues annoncé par Sarkozy. On vit de promesses et pas d’efficacité effective et concrète sur le terrain.
Qui connaît le programme du FN ? Personne car il n’est pas diffusé. Il n’y a que des paroles et les paroles on les oublie. Voici quelques aperçus de ce programme qui ne rassure pas : il est adapté aux mouvements de la société, dangereux en matière économique, en politique internationale, inconsistant en matière régionale, dangereux par rapport à la politique intérieure et aux libertés. C’est le même que celui du père mais on en a modifié la sémantique. En empruntant à la gauche ses mots en modifiant le sens et en dépossédant la gauche du sens qui était le sien.
Exemples : laïcité. C’est la concorde et pas la guerre, la séparation de l’église et de l’état mais surtout la liberté de conscience. La liberté du culte. Des raisons pour vivre en paix et s’entendre. Le père : laïcité = des « laïcards » qu’il faut nettoyer. La fille : « Une notion sacrée de la république encore faut-il qu’elle soit appliquée aux mots près dans toute sa dimension ». Pour elle, un moyen d’exclusion politiquement correct pour combattre les croyances. Interdit de se revendiquer de sa religion, vêtement, prières, boucheries Halal, cantine avec choix. Bien sûr certaines libertés religieuses sont interdites mais elle, elle généralise pour ne pas parler de l’islam. Si on la suit il faudrait aussi interdire toutes les manifestations religieuses catholiques, les jours fériés par exemple. Utilisation des mots, chômage et immigration. Le père : « un millions de chômeurs c’est un million d’immigrés en trop ». La fille, immigration = chômage, c’est moins fort mais c’est la même chose. Chômage = immigrés = prisons = terrorisme. Immigration non contrôlée = déferlante, natalité incontrôlée, France ouverte à tout va. Liberté-égalité : la fille « Nous ne supportons pas que certains venant d’un autre territoire se sentent plus égaux que d’autres ». La liberté, elle n’en parle jamais quand il s’agit des libertés de chacun. Elle parle seulement de la liberté de la France par rapport à l’Europe. Quant au terme fraternité pas une fois elle ne le cite.
Politique économique, sortir de l’€ = une catastrophe car les 2 mille milliards d’€ de dettes, nos créanciers vont nous les réclamer et le remboursement de la dette sera augmentée de 25 à 45 %. Sortir de l’Europe et fermer les frontières : à qui allons-nous exporter ? Qui nous prêtera de l’argent ? Elle promet de sortir de l’Europe de quitter l’€ mais jamais en évoquant, en évaluant les conséquences. Pour rembourser les dettes il faut avoir une économie qui tourne mais là tout va s’effondrer. Elle connaît très bien ces conséquences, elle a des experts mais comme tous les politiques, elle avance des promesses pour plaire aux gens. Bernard Maris, une des victimes de Charlie disait que si le FN était au pouvoir, la France irait si mal qu’il ne resterait au président que e recours à l’article 16 qui donne tous les pouvoirs soit la dictature. (Voir le texte ci-joint)
Politique extérieure : sortir du blocage USA et UE. Plus d’espace Schengen, sortie de l’OTAN. Inclure la Russie et la Suisse et évacuer la Turquie La Russie partenaire privilégié de la France dans une alliance stratégique et militaire. Alliance avec une nation qui a envahie l’Ukraine, qui a annexé la Crimée. Renouer avec Bachar el-Assad. La préférence nationale serait inscrite dans la constitution ainsi la ségrégation devient constitutionnelle. Le droit du sol disparaît, plus que le droit du sang. 12 réformes constitutionnelles : à voir, à lire sur le document joint. Lois racistes, d’opportunité. Révision de la convention européenne des droits de l’homme. Peut-on dire que ce programme est celui d’un parti républicain ? Les médias peuvent-ils mettre sur le même pied républicain les 3 partis ? Les électeurs du FN ont-ils tous lu ce programme et sont-ils tous conscients des conséquences ?

DAECH : Faire le point pour essayer de comprendre. Et savoir comment réagir, résister.
Les raisons fondamentales se trouvent dans l’histoire : 1ère génération du djihad dans les années 1979-1997 en Afghanistan : des tribus qui prétendaient s’installer sur les territoires poussent l’URSS à envahir l’Afghanistan en 1979, mais c’est encore la guerre froide. Les USA et les Saoudiens viennent au secours des rebelles afghans et en font une armée. Les Russes perdent la guerre, c’est ce que cherchaient les USA mais en même temps les rebelles, les premiers djihadistes ont gagné. Dans les années suivantes, ils envahissent le Soudan, L’Egypte et l’Algérie où ils ont fait beaucoup de mal. En Algérie ils créent un parti, le GIA, qui gagne une élection. Mais la victoire leur est volée, ils sont chassés : résultat, 200000 morts dans une guerre civile. Ensuite, ces djihadistes se sont implantés dans d’autres pays par exemple au Mali, et une armée se construit petit à petit. A partir des années 2000 ils sont responsables de nombreux attentats avec des centaines de morts. Naissance d’Al-Qaïda et responsabilité des états qui se sont engagés dans les conflits. Si on remonte dans l’histoire, 1924, effondrement de l’Empire ottoman, les Occidentaux redécoupent des territoires et reforment des nations comme en 1916 la Syrie, l’Irak par les Anglais. Cette nouvelle carte territoriale n’a jamais été acceptée et les pays ont été sous la coupe de dictateurs qui se sont opposés aux pays occidentaux.
L’armée de DAECH : 50000 hommes, très bien armés, modernes, généraux et officiers de valeur formés en Angleterre et USA, beaucoup d’anciens officiers de Saddam Hussein. Vente du pétrole, du coton, confiscation de biens, extorsion, trafic de drogues, taxes et impôts qu’ils lèvent. Contre qui, contre quoi se battent-ils ? Contre nos sociétés de droit et de liberté. Modèle de libre consommation, « gloutonne » : on consomme et on gaspille donc nous sommes des sociétés perverties et immorales. Ils n’apprécient pas les droits humains, jamais. Leur barbarie est là pour affaiblir nos droits et nos libertés en nous poussant à la radicalisation, en nous forçant à nous séparer les uns des autres. Ils se battent contre nous pour le soutien que nous avons apporté aux dictateurs de leurs pays. Ils ne nous pardonnent pas la colonisation, le pillage des matières premières, le viol des droits humains par l’esclavage, alors que nous nous présentions en libérateurs. La France en Indochine, Maghreb, Afrique, l’Angleterre en Indes, le Portugal en Afrique … D’autre part ils s’appuient sur une prophétie, celle du « Pays de Cham » au Nord de la Syrie où vont se trouver en présence des chrétiens appelés « orthodoxes » et les « bons musulmans ». Ils vont avoir une discussion religieuse qui ne leur permettra pas de se mettre d’accord et une terrible guerre va s’en suivre sur ce territoire de Syrie, une guerre que les musulmans vont gagner. Des volontaires rejoignent DAECH car ils pensent rejoindre les élus qui vont livrer cette bataille, galvanisés par l’imminence de ce conflit ultime. Fanatisés, ils ne renonceront pas, ils se battront jusqu’au dernier. DAECH est l’amalgame entre un obscurantisme fanatique et un islam mythologique car il n’y a pas de fondement sur cette croyance. On cherche dans l’islam du 7ème siècle, à justifier des actes inqualifiables.

C’est notre culture qu’ils ne supportent pas, bar, café, spectacle, stade, la rue animée, lieu de vie, de communication, de liberté. A lire le texte de Tahar Ben Jelloun, « Contre la vie » ci-joint. Des jeunes contre des jeunes, des Français, des Belges, haineux envers les pays qui les ont vus naître, qui ne les ont pas éduqués ni reconnus. Des jeunes déclassés des quartiers populaires sont une armée de réserve en Europe. A court terme on peut lutter mais à plus long terme, la prison ne suffira pas, il faudra des moyens socio-économiques et sortir ces jeunes des ghettos-cités.

Nos moyens de résistance :
1 – Mesurer le risque qu’on prendrait à s’enfermer dans un tout sécuritaire.
2 – Apporter une critique en remontant l’histoire mais ces arguments ne sont pas une justification suffisante car la vérité c’est qu’eux sont là pour tuer.
3 – Maintenir nos droits de vie : lieux de vie, d’échanges, de convivialité sont plus que nécessaires et il faut les préserver et les multiplier.

Des penseurs musulmans qui n’ont pas été écoutés, entendus.
Averroès, 1126-1198 : philosophe, théologien rationaliste islamique, juriste, mathématicien, médecin musulman andalou de langue arabe. Certains le décrivent comme l’un des pères fondateurs de la pensée laïque en Europe de l’ouest. Son ouverture d’esprit et sa modernité déplaisaient aux autorités musulmanes de l’époque qui l’exilèrent comme hérétique et brûlèrent ses livres.
Ibn Khaldoun, 1332-1406 : historien, philosophe, diplomate, considéré comme un précurseur de la sociologie moderne. Il écrit une histoire des Arabes, des Persans et des Berbères dans laquelle il insiste sur l’importance des sources, de leur authenticité et de leur vérification. Il suscite d’importantes polémiques, notamment au cours du 20ème siècle quand Taha Hussein, auteur d’une thèse, le taxe de menteur et d’opportuniste, de suffisant et de prétentieux Il est suivi par d’autres auteurs arabes dont l’animosité est telle qu’un responsable de l’éducation en Irak réclame en 1939 que « la tombe d’Ibn Khaldoun soit profanée et ses livres brûlés ».