INFO FEVRIER 2013

Rappel des voyages : MAROC, 27 participants, voyage complet – PARIS, du 1er au 5 mai 2013 – HONGRIE en juin 2013.

Louis propose de nous parler des trois pays suivants, le Mali, l’Egypte, la Syrie.

 MALI ; la France est donc en guerre au Mali, pour chasser les islamistes qui occupent une partie du pays, qui ont installé des bases de formation, qui propagent la terreur  et qui gagnent de l’argent dans ces immenses zones de trafic. Ces islamistes viennent d’Algérie et de Libye. Quelles sont les réalités de ce pays ? Il a des caractéristiques particulières, tout d’abord par sa géographie. Territoire  immense avec des frontières dessinées et redessinées, la dernière fois par les Français en 1943, le Mali apparait comme l’assemblage de deux mondes étrangers l’un à l’autre. Au sud, les héritiers de l’empire du Mali, de l’empire Songhai ou du royaume de Ségou qui furent tous confrontés, à un moment ou un autre de leur histoire, aux incursions de guerriers et de commerçants maures, arabes ou touareg. C’est une région relativement bien organisée.  Quant au nord, c’est l’histoire du Sahara, de ses royaumes nomades et des grandes routes caravanières. Les relations entre nord et sud ont rarement été pacifiques.    Les Touareg, peuple nomade du Sahara, d’origine berbère, fortement métissé de Noirs et d’Arabes, sont entrés en rébellion depuis des décennies contre la domination des populations sédentaires noires du Sud. Seul peuple africain avec les Ethiopiens ayant sa propre écriture, les Touareg avaient à l’origine une organisation sociale très hiérarchisée (nobles guerriers, vassaux, serfs et captifs descendants des Noirs razziés), mais qui a éclaté avec les frontières de la décolonisation, les sécheresses, la modernisation et les famines successives. Les « maîtres du désert », à la tête du commerce caravanier et d’immenses troupeaux, redoutés en Afrique noire pour leurs « rezzous » (razzias), sont devenus peu à peu les plus déshérités parmi les pauvres de la région. Ils ont aussi refusé la scolarisation pendant la colonisation ce qui a affaibli leur position au moment des indépendances et l’arrivée au pouvoir de responsables noirs qui redoutaient ces fils du désert. Les Touareg, qui remplacent alors leurs sabres et vieux fusils par des kalachnikovs et leurs dromadaires par des 4X4, entrent en rébellion en mai 1990 au Niger et un mois plus tard au Mali. Cette « guérilla des sables » dure au moins cinq ans dans les deux pays –avec une résurgence de 2006 à 2009– faisant plusieurs centaines de victimes, des milliers de déplacés. En 1992 – Pacte National –  Bamako et Niamey obtiennent des accords de paix, qui aboutissent à une décentralisation des régions touareg assortie d’une large autonomie de gestion, et permettent aux deux pays le désarmement des combattants et leur intégration au sein de l’armée et de la fonction publique. Mais faute d’application de ces accords à la lettre, plusieurs ex-leaders touareg intégrés dans l’armée malienne désertent ou mènent des attaques.

Ce sont ces promesses non tenues qui vont faire le lit d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.  Les intégristes viennent d’Algérie d’où ils ont été chassés par l’armée algérienne. Ils se sont enrichis grâce aux enlèvements de voyageurs et aux rançons Ces gains provenant des rançons ont  pénétrer les Touaregs qui sont devenus eux-mêmes des rançonneurs et des guides pour aider les islamistes dans le Sahara. Cette alliance contre nature pour de l’argent a fait que le salafisme est devenu populaire chez les Touaregs.

Après le conflit ayant abouti en 2011 à la chute en Libye du régime de Mouammar Kadhafi, pour lequel ils combattaient, des centaines de Touareg lourdement armés rentrent dans le nord du Mali et viennent grossir les rangs de la rébellion en gestation contre le pouvoir central.

En janvier 2012, la rébellion, avec comme principale composante le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le premier à réclamer ouvertement l’indépendance du nord du Mali, passe à l’offensive dans le Nord. Mais des groupes islamistes alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ont depuis évincé le MNLA de la région.

Autre caractéristique, la déliquescence du pouvoir central. Déjà en 2011,  l’invasion de combattants de  Libye conduit à un trafic très intense de cocaïne Un caporal prend le pouvoir mais ne reste pas. En mars 2012, coup d’état militaire. Aujourd’hui, le Mali a un président en intérim, Dioncounda Traoré, sans pouvoir, sans autorité et avec une tâche laborieuse, mettre fin à la crise au sein de l’armée. Tout cela fait que le pays est un territoire très vulnérable ce qui explique son invasion par les islamistes.

Chasser les islamistes, oui, mais si on veut qu’une telle situation ne se reproduise, il faudra bien reconstruire un état. Avec quel processus électoral ? Comment réconcilier les peuples ? Comment rebâtir les institutions ? Trouver une solution équitable pour les Touaregs et les intégrer dans un processus de reconstruction du pays est indispensable. Pour le moment l’état malien est incapable  de le faire seul. Cette question de la reconstruction devrait être prise en compte pour tous les pays démocratiques et développés mais on n’en parle pas. Il y a des moyens : l’aide publique  au développement avec en France une ligne budgétaire de 1 milliard et demi d’€uros, pour des pays en voie de développement et qui en font la demande. Mais, en France, l’affectation de ces aides n’est pas démocratique : elle ne dépend que du Président et ne passe pas devant le Parlement. On connaît trop bien les dérives avec des sommes  versées à des dictateurs, à des projets pharaoniques, à des armées … au détriment du développement des peuples. (La Françafrique , Jacques FOCCART). Une réforme de l’aide au développement est indispensable mais par le passé, tous ceux qui ont essayé ont vu leurs projets rejetés. ( Stéphane HESSEL sous GISCARD,  Jean Pierre COTTE sous MITERRAND, un député isérois sous CHIRAC).  On sait que ces pratiques ont favorisé le financement des partis politiques.

LIBYE : Les pays qui ont chassé le dictateur KADHAFI ne se sont pas inquiétés de la suite. Dans le sud du pays, près des frontières avec le Niger et le Tchad, dans cette zone saharienne,  des tribus s’affrontent et ces duels ont fait des centaines de morts en 2012. Une tribu arabe, les Zwai, à  Morzouk , est chargée de mettre en place armée, commerce, aéroport … Les Toubous, des autochtones nomades noirs et non arabes, déployés au sud de la Libye, au Tchad et au Niger, vivent dans des ghettos dans la région de Kouffra,  n’ont aucun droit, pas d’économie, pas de ressources. Ils sont marginalisés depuis des générations, n’ont pas d’identité et subissent une arabisation forcée. Ils ont participé activement à la révolution et à la chute de KADHAFI mais la demande de reconnaissance du Chef de tribu auprès du Conseil  National de Transition est restée sans réponse. Leur territoire est riche en minerais rares, en nappes phréatiques et les affrontements portent sur le contrôle des routes du sud de la Libye, routes par lesquelles transitent tous les trafics : commerce illicite de drogues, alcool, carburants, clandestins, métaux rares … et de nombreux voyageurs que l’on peut rançonner.    

SYRIE : après des mois de violence et d’exactions, la mobilisation de la population a reculé car la révolution s’est militarisée. Il s’agit d’un conflit armé sans la participation du peuple qui a été remplacé dans la rue par les groupes djihadistes. Ces derniers sont les alliés du régime, ils sont soutenus par les Arabes  mais jouent un double jeu en divisant la population, en détournant les minorités. Mais dans la population beaucoup les soutiennent et cela prépare peut être à une nouvelle dictature encore plus féroce.  Le Conseil National de Résistance devrait dénoncer ce fait et construire une unité mais ce n’est pas le cas. Il devrait s’engager à combattre ces groupes djihadistes en échange d’une aide des occidentaux.

L’après  Bachar Al Assad va être très difficile : les caisses sont vides, les villes détruites, les campagnes défigurées, des milliers de réfugiés qui voudront revenir de l’étranger … Construire une économie, désarmer la population, reconstruire une armée, donner des droits à chacun, sera une tâche très lourde. Et il faudra surtout étudier, réfléchir à ce qu’a été cette révolution.  Ce qu’on ne fait généralement pas.

Dans ces 3 pays « on a déblayé la route mais on ne s’est pas préoccupé de la suite. »

France. Réformes en cours – 1 – Mariage pour tous – 2 – Accord de flexibilité – 3 – Réforme des rythmes scolaires – 4 – Réforme bancaire – 5 – Réforme de la loi électorale –

3 – Réforme des rythmes scolaires : 20 ans que ce problème est sur la table. Tous les spécialistes de l’enfance le disent, le temps scolaire de 4 jours n’est pas adapté au fonctionnement de l’enfant. Le calendrier scolaire a été élaboré en réponse au fonctionnement des parents, à leurs demandes successives. Chercheurs, pédiatres, psychologues demandent une réduction du temps scolaire depuis longtemps. La réforme semble donc justifiée mais pas au point. Il faut définir ce que sera le temps libéré. La responsabilité d’animer ce temps, d’occuper les enfants en revient aux municipalités. A-t-on bien négocié et évalué cette question : locaux adaptés, repas, accueil, animation, personnel supplémentaires, bénévoles … On est peut être allé trop vite.

5 – Projet de modification de la loi électorale : dans le cadre de la décentralisation, diminution du nombre des élus, augmentation des compétences pour la Région, entre autres les questions économiques, l’intercommunalité plus intense. Transfert des compétences de la commune vers l’intercommunalité.  Projet de changement de l’élection des Conseillers généraux qui deviendraient des Conseillers départementaux : mode de scrutin binominal paritaire à 2 tours pour 2 conseillers par canton, un homme et une femme pour imposer la parité. Redécoupage des cantons qui deviennent plus grands. Par conséquent, moins de cantons et pas plus de conseillers.

La parité est imposée car sur l’ensemble des Conseils généraux il n’y a que 13,5 % de femmes,

95 % des présidences sont tenues par des hommes ainsi que 85 % des vice-présidences.

Cette loi prendrait effet aux prochaines élections qui seraient repoussées de 2014 à 2015. Les compétences des Conseillers généraux sont le social et l’habitat avec les communes. Les compétences de la Région sont l’éducation, la formation, l’économie.

Le projet porte aussi sur le renforcement du rôle du législatif : diminution du nombre de députés, dose de proportionnelle pour garantir l’expression du pluralisme, réforme du scrutin sénatorial.

FMI – déclaration bien surprenante : le 3 janvier 2013, le FMI concède avoir fait une erreur en préconisant l’austérité comme remède à la crise et en sous estimant son impact sur les pays. A suivre …

Rappel de l’histoire : en 1953, la RFA croule sous les dettes, 103 % de son PIB. Les créanciers, dont les Grecs, prennent acte que l’austérité dont la réduction des salaires, ne permettent pas de rembourser les dettes. 21 pays réunis à Londres décident de modifier les modalités de remboursement de la dette selon les capacités de la RFA. Pour cela ils décident d’un moratoire de 5 ans d’arrêt des remboursements, d’un délai de 30 ans pour ce remboursement et d’une clause de développement qui prévoit que pas plus de 1/20ème des revenus d’exploitation irait au remboursement de la dette.

2013 : la gauche grecque a proposé comme alternative au projet du 1er ministre Lucas PAPADEMOS un moratoire de 5 ans, une diminution de la dette, une clause de développement  et une recapitalisation des banques.

A méditer ….

 

 

Louis CAUL-FUTY                                                                   Françoise SURETTE