INFO JUIN 2013

Info : il reste une place pour le voyage en Hongrie suite à un désistement.

Syrie – Plus de 2 années de révolte contre le pouvoir. La dictature est de plus en plus impitoyable dans sa lutte contre une opposition qui n’est pas parvenu à fédérer toutes les résistances.  Forte de l’aide du Hezbollah libanais, elle va même jusqu’à utiliser des gaz toxiques, interdits par les lois de la guerre. L’occident s’interroge toujours sur la question d’intervenir ou pas. Le constat est effrayant, 90 000 morts, l’économie détruite, les villes et villages en ruine, des milliers de personnes déplacées. USA et Russie se rapprochent pour une conférence qui devrait se tenir à Genève. Russie, Chine, Iran ont des stratégies différentes et les acteurs régionaux de la révolte ont été dépassés par des intérêts internationaux. L’opposition est profondément divisée à cause d’un afflux d’islamistes qui viennent d’ailleurs, par exemple du Mali d’où ils ont été chassés – en se mêlant à l’opposition, ils cherchent à se protéger des occidentaux. Si Bachar Al- Assad  gagne, les islamistes se rallieront à lui et si c’est l’opposition qui l’emporte, ces mêmes islamistes imposeront leur islamisme.

Ce pays est en pleine contradiction : la Syrie a joué depuis 40 ans, une stratégie intéressante pour se faire des alliés partout. Par exemple, elle a accepté l’occupation du Plateau du Golan par Israël ; résultat : paix, sécurité, frontière très calme entre les 2 pays. En 1976, la Syrie intervient au Liban pour empêcher l’arrivée des islamistes, et cela avec l’accord des USA. Sous Bush, dans les années 2000, la torture est sous-traitée par les USA aux Syriens.  La Syrie soutient l’Arabie Saoudite pour étouffer une révolution dans l’état du Bahreïn. Elle a aussi soutenu le Hamas et le Hezbollah, la Syrie est leur amie.

Depuis 1963, réformes brutales imposées à la population, état d’urgence. Pas de libertés individuelles, pas le droit d’association, d’entreprise et torture instituée.

Position de la Russie – a mis son véto à toutes les résolutions de l’ONU. Ses relations avec la Syrie sont très amicales et surtout très fructueuses : 1 milliard 100 millions de dollars d’exportations. 20 milliards d’investissements. 4 milliards d’armement russes. Base militaire navale sur le port de Tartous, seule base navale russe en Méditerranée. De plus les Russes protège les chrétiens de Syrie ce qui arrange bien Assad car les chrétiens sont ses alliés.

Déjà la Russie avait eu beaucoup de réticences à accepter l’intervention de l’’ONU en Libye et n’est pas d’accord avec tout ce qui s’est fait dans ce pays et qui a dépassé largement l’autorisation de l’ONU. Enfin, Poutine considère la révolte syrienne comme son problème tchétchène.

Position de l’Iran – C’est un farouche défenseur d’Assad car  son seul allié arabe. Depuis 1980, pacte entre les deux pays pour le combat contre l’Irak.

Position de l’Arabie Saoudite et du  Qatar –  Ces deux  pays soutiennent la révolte syrienne, fournissent argent – 3 milliards de dollars de l’Arabie saoudite aux rebelles –  armes et combattants par le Qatar. C’est aussi pour eux, en se servant de la Syrie, un moyen de remodeler un acte sunnite  dans la région. Mais une certaine compétition existe entre les deux pays car,  s’ils se rejoignent sur les objectifs poursuivis – se débarrasser du régime de Bachar Al-Assad – ils s’opposent en revanche sur l’influence qui pourra être exercée  en Syrie en cas de victoire.

Position d’Israël – Inertie totale.

Position des USA – Hésitants depuis le départ, ils ne plaident pas la cause d’une intervention modérée. Ils voudraient que Bachar Al-Assad s’en aille mais en conservant  le fonctionnement actuel pour ne pas perturber la région.

Position de la France – elle est un peu sur la même ligne que les USA. Laurent Fabius serait pour une intervention mais n’est pas suivi par le gouvernement.

Position de la Chine – il est impensable que la Chine se mobilise pour défendre les Droits de l’Homme, elle ne peut se battre contre une dictature en en étant une elle-même.

Turquie – Le parti politique majoritaire au pouvoir en Turquie depuis 2002 est le Parti pour la justice et le développement ou AKP. Son président, ancien maire d’Istanbul est Recep Tayyip ERDOGAN, premier ministre depuis le 14 mars 2003. C’est un parti islamique conservateur dit modéré, longtemps considéré comme intéressant mais qui, petit à petit, en douce, a institué une dérive autoritaire et développé une stratégie d’islamisation rampante dans un pays laïc.

La constitution a été modifiée pour donner au 1er ministre les pouvoirs du président. Les décisions sont arbitraires et autoritaires. L’islamisation est évidente : fermeture des cafés le soir, restriction du tabac et de l’alcool dans les lieux privés, recommandation aux femmes d’être voilées, possibilités de conduire limitées pour les femmes, enseignement de l’islam à l’école, c’est un viol de la laïcité. La destruction d’un parc à Istanbul pour y construire un centre commercial pharaonique a été la décision qui a déclenché une immense révolte et qui s’étend à bien d’autres revendications que le parc sacrifié. En quelques jours, à Istanbul, Ankara, Izmir, dans tout le pays et bien au-delà de la Place Taksim,  le peuple turc s’est levé dans une mobilisation exceptionnelle.

Pour compléter voici un article du premier hebdomadaire franco-turc ZAMAN FRANCE, en date du 4 juin 2013 : « La première pomme de discorde entre l’AKP et ses opposants est le passage d’une période réformiste à une autre plus autoritaire portée par les outrances verbales du 1er ministre. Second élément, les excès du libéralisme illustrés par le développement exponentiel de la construction de centres et de complexes commerciaux. Cette extension tous azimuts du secteur immobilier à valeur marchande a suscité, là-encore, de nombreuses critiques qui n’émanent pas toutes de l’extrême gauche. Des architectes turcs ont mis en garde le gouvernement contre la perte d’identité culturelle et urbaine d’Istanbul entraînée par toutes ces constructions subites et massives. Buildings, murs de verre et centre commerciaux ont remplacé progressivement les couleurs traditionnelles et les formes d’Istanbul, cette ville-monde, pour paraphraser l’historien français Fernand Braudel. Là-encore, l’excès d’Erdogan et son entêtement ont agacé et inquiété de nombreux Stambouliotes.

Un autre élément concerne ce phénomène courant en politique qui est la perte du contact avec le réel, particulièrement propice dans les milieux élitistes. Il est certain qu’Erdogan a péché par son manque de lucidité et a clairement sous-estimé, sur ce point, le mécontentement profond des Turcs. L’absence d’opposition, le manque de sagesse et la précipitation du Premier ministre ont multiplié les griefs retenus contre lui. Plus que l’AKP, c’est son leader que les Turcs de Taksim défient aujourd’hui. Et paradoxalement, cet affrontement entre «père et fils» souligne lui-même ce qu’aura légué le Parti de la justice et du développement à la Turquie. La libéralisation et la démocratisation de la société turque amorcées par le parti conservateur a semé, à sa manière, les graines de la contestation qui poussent aujourd’hui dans l’ensemble de la Turquie. En ce sens, la colère turque de Taksim est la marque d’une démocratisation de la société civile qui a su se libérer du sommeil que lui offrait la société de consommation. »

Cet hebdomadaire se présente ainsi : « Zaman a pour principe de faire la distinction entre l’information et l’interprétation, de diffuser de l’information juste et objective, d’être contre la discrimination raciale et religieuse, d’encourager les profits de la Turquie démocratique et laïque, de croire en la suprématie du droit, les libertés et droits de l’Homme et le respect du domaine confidentiel. »

La réponse du pouvoir a été une répression très brutale et le refus de toute forme de négociations. Mais il existe une opposition à l’intérieur du parti, menée par le président lui-même, profondément laïc et qui dénonce la réponse violente. Ce jour, il a forcé le 1er ministre à recevoir quelques représentants des groupes d’opposition. Mais il n’y a pas beaucoup d’espoir, ERDOGAN ne peut revenir en arrière et perdre. Quelle va être la position de l’AKP ? Méthode forte ou pas ?

On peut se poser la question de savoir comment la Turquie aurait évolué si on lui avait ouvert la porte de l’Europe, quand elle le demandait.  En se ralliant à l’Europe, ce grand pays aurait peut être créé un rempart à l’islamisme. Par dépit, le pays s’est un peu refermé sur lui-même et le parti AKP a pu s’imposer. Les arguments contre ne reprenant que le fait géographique (une toute petite partie de  la Turquie est en Europe) n’étaient pas suffisants.

France

Réforme du quotient familial : pour rendre les allocations familiales plus équitables, le gouvernement a choisi de ne pas modifier les barèmes selon les revenus car toutes les associations familiales s’y opposent, les allocations familiales sont universelles et doivent le rester. Commencer à y toucher créerait un précédent. Le gouvernement a donc choisi la modulation du quotient familial en modifiant l’abattement fiscal selon les revenus et le nombre d’enfants. D’autre part, il a annoncé la création de 275 000 places d’accueil en crèche financées par le seul argent récupéré par la fiscalité.

Décentralisation  en 3 chantiers :

1 – Modernisation territoriale, construction de métropoles.

2 – Plus de compétences pour les régions en matière économique et de création d’emplois.  Système de répartition/mutualisation/péréquation entre les régions.

3 – Développement de la solidarité territoriale et de la démocratie locale. Inquiétudes car beaucoup d’inégalité entre régions et pas de dialogue social pour engager le chantier n° 3.

Dans la discussion, nous avons évoqué avec Louis ces travailleurs émigrés à la retraite que l’on croise sans les voir. Voici les références d’une très belle pièce qui donne la parole à ces hommes écartelés entre les deux rives de la Méditerranée, qui ont vieilli ici, en France. Ils sont restés seuls, ils ne sont pas rentrés au pays. La France est devenue leur pays, ils y ont apporté leurs rêves et leur force de travail mais ils sont devenus des fantômes. La pièce s’intitule Invisibles et elle a été présentée à Avignon en 2012. Le texte et la mise en scène sont de Nasser DJEMAÏ. On trouve le livre sous le titre suivant : Invisibles – La tragédie des Chibanis. Editeur Acte Sud-Papiers. Un texte très émouvant.

Louis CAUL-FUTY                                        Françoise SURETTE