N° 08 – LE PATRIMOINE GEOLOGIQUE EXCEPTIONNEL DE LA HAUTE-SAVOIE

DANIELLE DECROUEZ. Directeur honoraire du Muséum d’Histoire naturelle de la Ville de Genève. Chevalier de l’Ordre National du Mérite.22 février 2017 – 56 participants.
A cheval sur l’édifice alpin et son avant pays ainsi qu’à la charnière entre les Alpes franco-italiennes et les Alpes suisses et autrichiennes, la Haute-Savoie occupe une position privilégiée. Elle se traduit par la présence d’unités géologiques différentes qui permettent d’appréhender l’histoire des Alpes et leur édification en parcourant peu de kilomètres. Et l’autre conséquence, c’est la diversité des facteurs topographiques, climatiques et pédologiques qui régentent la répartition des associations végétales, des animaux et de la vie économique.
En Savoie on n’aurait pas forcément parlé de patrimoine exceptionnel mais ici voisinent des sites remarquables et emblématiques, des paysages qui s’expliquent par la géologie : Mont Blanc, Aiguille du Midi, glacier des Bossons, ces sites sont renommés dans le monde entier, jusqu’en Inde, hélas aussi pour des accidents d’avion sur le glacier (Malabar Princess en 1950 – Kangchenjunga en 1966). La Haute-Savoie possède le glacier le plus remuant, le lac Léman, le plus grand lac d’Europe Occidentale et le lac d’Annecy cher aux peintres comme Paul Cézanne et son « Lac d’Annecy ».
De nombreux espaces protégés ont été créés, Deux géoparks, celui du Chablais et le Parc Naturel régional du Massif des Bauges sur les deux départements 73-74. Neuf espaces de réserves naturelles font partie de la Zone Natura 2000. Les Alpes sont un laboratoire de recherche pour les scientifiques depuis le 19ème siècle jusqu’aux années 50. Les reliefs de la végétation dépendent de la géologie : des blocs erratiques de granit ont été apportés par les glaciers. Par exemple, le bloc erratique de la Folieuse, acheté à la fin du 19ème siècle par Henri de Saussure, naturaliste genevois, petit-fils d’Horace-Bénédict de Saussure. Ces blocs erratiques jalonnaient abondamment la vallée et servaient de carrière pour toute la région genevoise. Sciés en morceaux les uns après les autres, ils sont devenus rares et c’est pour en conserver un spécimen que celui-ci a été donné au Club Alpin Genevois. Il faut se rappeler tout le bagage scientifique apporté par Horace-Bénédict de Saussure.
Les Alpes sont formées par une chaîne de collision : début il y a 240 millions d’années avec l’Afrique et l’Europe. L’océan va s’ouvrir ; un immense carambolage qui provoque casse, froissement déplacement. Faille à la Petite Balme de Sillingy : miroir de faille dans une ancienne carrière et qui aujourd’hui est aménagé. Cette chaîne de collision est en action avec la grande faille du Vuache qui va de Bellegarde jusqu’au nord du lac d’Annecy. Elle fait parler d’elle pendant les tremblements de terre. Vers Cluses, des plis à grands rayons de courbure ou des microplis : actions conjuguées entre pression et température. Fer à cheval : au Chinaillon, dans la vallée devant le Bargy, des terrains tout à fait différents que le reste, ce sont des terres qui viennent d’ailleurs. Depuis Genève on voit Le Môle comme un volcan et on ne le reconnait pas quand on est tout près. Sur la rive droite d’Annemasse à Cluses, les roches viennent d’ailleurs. Dauphinois ou Helvétique : des zones externes des Alpes où se sont déposées les roches d’Europe. Le chevauchement pennique frontal (front pennique ou front briançonnais) est la structure majeure des Alpes. Ce chevauchement amène les zones internes vers les zones externes au cours de la collision vers l’ouest :- Austro alpin – Sud Alpin – Dolomites. En Haute-Savoie, on trouve de la zone externe du Jura comme les Aravis, le Haut Giffre, les Bauges, le Chablais. Les Aiguilles rouges – Mont Blanc : roches métamorphiques suite à température et pression (350 millions d’années). Barrage d’Emosson de magnifiques microplis. Corps principal du Mont Blanc constitué de granits, des roches très anciennes avant la formation des Alpes (303 millions d’années). Dans les villages, escaliers, croix, bassins en granit. A Combloux, à Chamonix, sentiers de granit. La Roche aux fées est aussi en en granit. Granit du Mont Blanc avec des taches qu’on appelle des crapauds. Autre terrain : ardoise, charbon, conglomérat formé par la destruction d’autres roches : La Forclaz avec des plantes fossiles, fougères, philodendrons. Il y avait des mines de charbon jusqu’en 1925. Donc Mont Blanc et Aiguilles rouges sont une autre montagne qui se cache dans les Alpes et qui est la fondation des Alpes. Formation du quaternaire au Trias du Permien au Cambrien : Bassins permo-carbonifères granits. Ensuite une couverture sédimentaire qui s’est déposée sur les Aiguilles rouges et là on est vraiment dans les Alpes (240 millions d’années). Traces de dinosaures et même des ancêtres des dinosaures à Emosson. Dalle détachée avec l’empreinte et déposée au musée. Aiguille du Belvédère avec une couverture sédimentaire miraculeusement conservée. Là encore c’est vraiment l’histoire des Alpes. 150 millions d’années, entre Mont Blanc et Aiguilles rouges, un bassin, nappe de Morcles. Des roches chauffées comprimées qui ont donné une sorte de marbre (Fourvière).
Bauges et Bornes : colonne stratigraphique avec différentes couches et barrières : calcaire argileux, terres noires, calcaire argileux, calcaire du Fontanil, grès et conglomérat. On voit les différentes couches au Fer à Cheval, par exemple. Hôtel de ville de Genève : marbre de Talloires qui en fait est un calcaire. Si on monte dans la colonne stratigraphique au niveau du rouge : mer, Jalouvre, Plateau des Glières, Aravis, Le Bargy, les rochers de Leschaux. Eglise St François à Annecy : polypes, plein d’organismes sur les pierres des façades. Château d’Annecy : construit sur la base de la terminaison septentrionale du Semnoz. Plus haut une autre mer profonde qui donne un calcaire très fin, pendant le crétacé supérieur. La mer va se retirer, l’érosion va se mettre en place. 35 millions d’années, une mer qui revient : calcaires urgoniens, calcaires lacustres, calcaire blanc. Par exemple le Bargy. Enormément de fossiles. Plus haut, des marnes : des écailles de sardines, sardinella sardinites.
Au 19ème siècle on a compris qu’il y avait des déplacements de terrains, que beaucoup de terrais venaient d’ailleurs. Collines du Faucigny : calcaires emballé dans des roches qu’on appelle des friches, un genre de molasse. Les Voirons : conglomérat, il y a des meulières conservées, les plus belles meulières d’Europe. Allinges : de l’or. Les nappes : nappe des Gets des roches du Crétacé. Eocène inférieur : 60 millions d’années : continent européen, océan valaisan, microcontinent briançonnais, océan alpin.
JURA : Vuache et Salève ressemblent plus au Jura : premiers fossiles découverts par De Saussure, dans le Salève. Traces de dinosaures dans le Salève. 20 millions d’années : Jura et Préalpes avec de la molasse. Colline derrière le Petit Salève, le Mont Gosse, du nom de l’acheteur de cette vaste colline de Mornex, en 1802, Henri-Albert Gosse, et c’est dans sa propriété du château de Mornex que l’Académie suisse des Sciences naturelles est fondée en 1815. Molasse que l’on voit très bien dans les petits cours d’eau, exploitée côté suisse depuis le Salève : voir la cathédrale de Genève. Roche erratique de Reignier qui a été exploitée. Moraines, avec les glaciers qui reculent et avancent les pieds dans l’eau. Vallées élargies par les glaciers

Ce qui inquiète notre conférencière c’est la pollution et l’épuisement des ressources naturelles. Le climat est un cycle, les glaciers reviendront mais là, nous sommes dans une période de réchauffement. Prévisions d’une nouvelle glaciation dans peut être 5O OOO ans.
Veuillez bien excuser l’imprécision et peut-être les erreurs de l’auteur : conférence très difficile à restituer. Pour toutes réclamations et/ou corrections, une seule responsable, Françoise !!