PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU CYCLE « LA DICTATURE DE L’URGENCE »

Rêvez-vous parfois d’échouer sur une île déserte ou bien d’une retraite loin du bruit du monde ? Avez-vous le sentiment de courir sans cesse après l’aiguille d’une montre qui avance trop
vite ? Le temps d’attente à la caisse du supermarché ou au cabinet médical est-il pour vous un temps « perdu » ? Votre ordinateur met-il trop de temps à s’allumer ? Vous arrive t-il de faire plusieurs choses à la fois ?
Oui ? Rassurez-vous : vous n’êtes pas seul ! Rares sont ceux qui échappent à « l’accélération » du rythme de vie.
Depuis des siècles, nous avons pourtant réussi, dans tous les domaines de la vie, à « gagner » du temps. Nos vies se sont considérablement allongées et le temps consacré au travail professionnel a considérablement diminué. Or, nous éprouvons souvent le sentiment d’en manquer. Plus grave, beaucoup ont l’impression de devoir monter sans cesse, et de plus en plus vite, les marches d’un escalator qui descend en permanence, pour éviter de sombrer …
Etrange monde.
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Au cours de trois conférences-débat d’une heure trente environ, nous souhaitons vous proposer une réflexion à partir de questions que posent les observations ci-dessus.
Il ne s’agit pas de regretter un « bon vieux temps » au cours duquel on savait « prendre son temps » (époque dont l’existence reste d’ailleurs à prouver…).
En empruntant à des disciplines différentes – l’histoire, la sociologie, la philosophie, l’économie, la psychologie – on essayera de donner du sens, d’éclairer l’invisible, de décrypter les logiques qui sont à l’œuvre dans ce changement de notre rapport au temps.

L’idéal est de pouvoir participer aux trois soirées, pour bien comprendre le fil conducteur de la réflexion, mais ce n’est pas une obligation, chacune d’elle ayant un objet spécifique. Chaque conférence durera environ 1 h 30 et sera suivie d’échanges entre les participants.
Mercredi 4 Novembre 2015 : « Accélération… » Pourquoi avons-nous cette impression que le présent se dérobe sous nos pieds ? Comment est-on passé, en quelques siècles, d’une perception du temps cyclique à une perception d’un temps linéaire ? Comment l’urgence, au fil des siècles, s’est-elle imposée comme norme sociale d’action ? Quels visages prend le processus d’individualisation du temps ?
Mercredi 25 Novembre 2015 : « La vitesse, le capitalisme et l’homme moderne » Pour quelles raisons la « dictature de l’urgence » s’est-elle imposée dans nos vies ? Elle n’est pas « tombée du ciel ». C’est d’abord l’évolution du capitalisme qui a eu besoin de ce nouveau rapport au temps, pour asseoir son développement dans le monde et pour conquérir, par l’échange marchand, (presque) tous les espaces de nos vies. Mais cela n’aurait pas été possible sans notre complicité. Vivre en permanence dans l’urgence et dans le « présentisme » nous a donné l’illusion de pouvoir nous affranchir des contraintes de l’espace et du temps et de conquérir ainsi une liberté et une autonomie dont ne disposions pas dans les sociétés traditionnelles.
Mercredi 2 décembre 2015 : « Il est temps de ralentir… » La dictature de l’urgence produit des souffrances individuelles et collectives. Elle menace à long terme la vie des hommes sur la Terre. Il faudrait donc « ralentir »… Mais pouvons-nous échapper à cet esclavage moderne à ces formes d’aliénation qui conduisent à de multiples impasses et contradictions ? Si oui, comment ? A quel prix ? Qu’attendons-nous pour le faire ? Pourquoi beaucoup n’éprouvent-ils pas ce besoin de « ralentir », espérant au contraire que le temps « s’accélère » enfin ?

Marie Jo EGGER – Marc GINDRE