Y A T-IL UNE VERITE EN ECONOMIE ?

Par les temps qui courent, il ne fait pas bon être « économiste ». Voici en effet une profession accusée de tous les maux. Incapables d’avoir vu venir la crise en 2008, de proposer des solutions efficaces pour faire disparaître chômage et pauvreté qui minent nos sociétés depuis 40 ans, les économistes seraient incapables également de faire des prévisions fiables. On connaît la boutade : « Ils sauront expliquer demain pourquoi ils se sont trompés aujourd’hui ». Non seulement ils se trompent, mais ils sont également accusés de nous mentir, sciemment, en refusant les évidences, en niant la « réalité », empêtrés parfois dans des conflits d’intérêts et à la solde des pouvoirs en place…
• Qu’est-ce donc que cette « science » qui a tant de mal à dire LA vérité, qui a tant de mal à dire le monde tel qu’il est et à prédire le monde tel qu’il sera ? A quoi servent les économistes puisqu’ils ne sont jamais d’accord entre eux ? Pourquoi se trompent-ils aussi souvent ? Est-ce pour autant qu’il faille refuser à l’économie le statut de « science » ?
Dans la vie économique – on pourrait en dire autant à propos de ce qu’on appelle les « questions de société » – nous sommes abreuvés de chiffres. Or, on observe que loin d’aider à dresser des diagnostics partagés, à faire des choix éclairés, ils alimentent au contraire malentendus et polémiques, empoignades et controverses.
• Notre second objectif est ici : vous montrer que les chiffres produits par les (vrais) économistes ne « mentent » jamais. Ils ne sont pas « faux ». Mais on ne peut mesurer une « réalité » qui n’existe pas sans conventions. La neutralité de l’économiste ne suffit donc pas à assurer la neutralité des statistiques qu’il produit. Et, à partir de deux exemples (l’inflation et le chômage), nous montrerons que la précision des chiffres, et la rigueur de l’outil mathématique ne doivent jamais masquer le caractère toujours discutable des hypothèses sous-jacentes.
Nous vivons une drôle d’époque, sur le plan de l’information économique.
Jamais dans l’histoire nous n’avons eu accès à autant d’informations, variées, et qui plus est, souvent « gratuites ». Or, paradoxalement, la population a le sentiment d’être mal informée, et a du mal à trier des informations souvent contradictoires. Fâcheux effet pervers de cet état de fait : l’opinion publique cultive à l’excès le doute, et a tendance à mettre en cause systématiquement la parole des « experts ». Comme si ne plus croire en rien, douter de tout, était une preuve d’intelligence, une précaution indispensable.
• Nous voudrions enfin vous montrer, à partir de quelques exemples, que cette forme de négationnisme est criminelle en matière économique. Le fait qu’il n’y ait pas UNE vérité en économie, ne signifie pas qu’il n’y a pas DES vérités indiscutables, et que l’on peut affirmer tout et son contraire.
PLAN DETAILLÉ

Introduction

I/ UNE SCIENCE, MALGRÉ LES APPARENCES…
A/ La science économique, une science sociale
B/ Des économistes sous influence…
C/ Une science (presque) comme les autres
II/ DES CHIFFRES ET DES COURBES

A/ L’impossible mesure de l’inflation
B/ Une question sans réponse : combien de chômeurs ?
C/ Les « pièges » des taux de croissance…

III/ DES VERITÉS QUI S’IMPOSENT A TOUS
A/ Nous vivons dans la rareté…
B/ Une vérité, des choix politiques
C/ Un jeu à somme nulle

Conclusion

POUR ALLER PLUS LOIN

QUELQUES LECTURES
 RAVEAUD, Gilles. La dispute des économistes ; Ed. Le Bord de l’eau, 2013, 92 p., 8 €. Enseignant à l’université Paris VIII-Saint-Denis et collaborateur régulier d’Alternatives Economiques, Gilles Raveaud fait oeuvre d’une grande pédagogie avec ce petit livre qui se lit d’une traite. Il y présente les quatre grandes approches de l’économie qui lui semblent refléter les débats en cours entre les spécialistes de la « science lugubre ». Par une succession de chapitres concis et clairs, le lecteur débutant pourra se familiariser avec les concepts clés d’analyse. Et l’auteur n’oublie pas, à chaque fois et en conclusion, de faire le lien avec les débats économiques contemporains afin de bien ancrer les concepts dans la situation économique actuelle.
 GUESNERIE, Roger et STERN, Nicholas. Deux économistes face aux enjeux climatiques. Le Pommier, 2012. 110 p. (Savoirs et débats économiques).
Dans ce petit livre limpide, deux grands économistes éclairent le débat scientifique sur les coûts et sur l’urgence à mettre en œuvre de véritables politiques climatiques. On comprendra mieux pourquoi l’économie est politique.
 BESSON, Jean-Louis (dir.). La Cité des chiffres ou l’illusion des statistiques. Editions Autrement, 1992, 261 p. Un livre qui date mais d’une redoutable actualité. Il montre comment les statistiques sont conditionnées par des représentations sociales et des conventions.
GALBRAITH, J.K. Les mensonges de l’économie. Grasset, 2004.
Cet essai se propose de montrer comment, en fonction des pressions financières et politiques ou des modes du moment, les systèmes économiques et politiques cultivent leur propre version de la vérité. Une version qui n’entretient aucune relation nécessaire avec le réel. » 
J.K. Galbraith
 HALIMI, Serge, LAMBERT, Renaud et LORDON, Frédéric. Economistes à gages, Les liens qui libèrent. Le Monde diplomatique, 2012. Une enquête de Renaud Lambert sur « les liaisons dangereuses des experts ès économie » Une étude de Serge Halimi sur la « lancinante petite musique des chroniques économiques  »
Et une analyse de Frédéric Lordon intitulée » « les prodiges de l’amnésie ». Une charge (excessivement ?) virulente contre les économistes les plus médiatiques qui non contents de n’avoir prévu la crise, s’acharnent à défendre un système, cause de la plupart de nos maux, selon les auteurs.
 MAUDUIT, Laurent. Les imposteurs de l’économie. Ed. Jean Claude Gawsewitch, 2012. L’ancien journaliste du Monde – cofondateur de Mediapart avec Edwy Plenel – met en garde contre les économistes qui occupent le devant de la scène médiatique et forgent l’opinion. Ces derniers, autoproclamés, pèsent sur les décisions gouvernementales, industrielles où se mêlent erreurs et conflits d’intérêts. Un réquisitoire qui ne laisse pas indifférent…

DES SITES SUR LE NET
 Pour mesurer votre propre indice des prix :
http://www.insee.fr/fr/indicateurs/indic_cons/sip/sip.htm
 Pour savoir précisément comment est mesuré l’indice des prix de l’INSEE
http://www.insee.fr/fr/methodes/sources/pdf/Indice_des_prix.pdf
 Pour comprendre, en 3 mn, avec des schémas, des mécanismes sur lesquels les économistes sont, en principe, d’accord : http://dessinemoileco.com/videos/