APPROPRIATIONNISTE (CONTRE ET AVEC)

APPROPRIATIONNISTE (contre et avec)
Saison Iconographe 14/15 16.01.2015 au 14.03.2015
« L’appropriationniste (Contre et avec) » / exposition collective. Avec Pierre-Olivier Arnaud, Sarah Charlesworth, René García Atuq, Douglas Gordon, IFP, Tobias Kaspar, Brian Kennon, François Lancien-Guilberteau, Sherrie Levine, Richard Pettibone et Sturtevant) – « Joe Scanlan : Classisme » / exposition solo – « Pierre Leguillon, La Promesse de l’écran, franchise à la carte »
En art les premières occurrences de ce que l’on nomme appropriation consistent à reproduire des travaux d’autres artistes. Le terme est ensuite étendu pour définir toute pratique consistant à faire œuvre en reproduisant des images préexistantes. Les raisons qui poussent certains artistes à copier plutôt qu’à créer sont nombreuses. L’une d’entre-elles a probablement à voir avec la relation qui nait entre l’appropriationniste et son matériau. Elle s’ancre dans une forme de désir, celui d’approcher au plus près l’approprié, de se mêler.
Envisagées ainsi les différentes formes d’appropriation apparaissent guidées par la volonté de partager avec un nom, une image ou un objet, un instant privilégié et personnel jusqu’à faire sien cette entité. Mais de cette relation fusionnelle naissent aussi des positions critiques. Car l’appropriationniste prend le contrôle sur l’objet de son attention et s’exprime à travers lui.
Les effets de cette relation sont sensibles sur le matériau comme sur la personne qui s’en empare. Car ce que propose l’appropriationniste c’est de travailler avec, et donc de redéfinir, les termes de sa réception et de sa position de spectateur. C’est ainsi toujours de sa propre personne qu’il est question. Son identité se révèle et s’exprime au travers, ou à l’intérieur, de ce sur quoi son désir de contrôle se pose.
Cette exposition présente plusieurs formes et modalités que prennent, chez des artistes de différentes générations, cette relation entre des matériaux aux provenances diverses et leurs utilisateurs.

Joe Scanlan : Le Classisme
Pour écrire Le Classisme, l’artiste américain Joe Scanlan, a travaillé avec le théoricien Edward Saïd, non pas la personne mais sa pensée et son texte. L’artiste en effet modifie certains mots et phrases qui composent l’introduction du livre L’Orientalisme considéré comme un des textes fondateurs des études postcoloniales. Ses interventions sont laissées visibles. Les mots modifiés sont colorés selon un code qui signale le type de changement (déplacement, altération, réécriture, transformation et ajout).
Ainsi deux voix se mêlent, celle d’Edward Saïd et celle de Scanlan qui déplace le propos. Ce que propose là Joe Scanlan est un geste bien connu, celui d’exploiter un outillage théorique forgé dans un champ d’étude pour l’appliquer à un autre. Mais il le fait également en transformant l’objet d’étude d’Edward Saïd.
De ce texte qui explique que le terme « Orientalisme » est une invention de l’occident, une image construite et imposée à des pays considérés exotiques pour les rendre compréhensibles et ainsi les contrôler, Joe Scanlan fait un essai qui présente le même type de relation entre l’art contemporain et la culture populaire. L’une impose une forme à l’autre pour mieux la soumettre à ses intentions et à son point de vue. Se développe ainsi un propos qui s’appuie littéralement sur la pensée de Saïd ou plutôt qui pense avec lui pour construire un point de vue critique sur la façon dont l’art contemporain représente et ainsi contrôle son Autre.
Inédit en français, Le Classisme est publié à l’occasion de l’exposition en collaboration avec future et présenté à la Villa du Parc sous sa forme exposée. Il est accompagné d’un dispositif publicitaire qui présente le livret et utilise une photographie de Richard Prince, artiste connu pour son exploitation de l’imagerie promotionnelle de la marque Malboro.

Visite pour l’UP le vendredi 13 mars 2015 à 14 H