PENSÉES EN CHEMIN

Comme nous recevons Axel KAHN ce mois d’octobre, le choix de l’ouvrage à lire en commun s’est tout naturellement porté sur le récit de sa grande randonnée des Ardennes au Pays Basque : « Pensées en chemin ». Axel KAHN le dit, il a toujours aimé marcher mais à l’âge de 55 ans il a du mettre un terme à ses grandes randonnées et s’est engagé presque à corps perdu, pour compenser, dans ses activités universitaires et scientifiques. Mais le désir était toujours là.
«En juillet 2011, à cinq mois du terme de mon mandat de président d’université, je me promenais en solitaire dans la campagne de Champagne méridionale, berceau de ma famille, où je possède aujourd’hui la demeure de mes aïeux paternels. La question de mon avenir immédiat me trottait dans la tête. Quels choix me rendraient le plus heureux ? J’avais la possibilité de solliciter un nouveau mandat de 2 ans à la présidence de l’université. Un engagement politique plus actif m’était aussi ouvert. Ou encore, je pouvais m’efforcer d’entamer une nouvelle carrière de consultant dans l’administration de l’enseignement supérieur et de la recherche. La réponse à ces questions m’aveugla alors par son évidence. Je ne désirais rien de tout cela ! En revanche, la pensée de réaliser enfin mon déjà vieux projet, celui de traverser la France à pied, d’y poursuivre la quête de moi-même après un parcours déjà long, au contact des gens enracinés dans leur territoire, me remplit d’allégresse. Et puis c’était là une décision personnelle qui ne devait rien à personne. De la sorte, j’obéissais enfin à l’injonction du vieil homme rencontré dans les monts d’Auvergne : »Chacun choisit sa vie », sous-entendu, faites le vous aussi. »
Le livre : 4ème de couverture
Axel KAHN marcheur ? On le savait généticien, médecin, humaniste. On le découvre ici en randonneur de haut niveau, capable d’avaler deux mille kilomètres en parcourant « sa » France de la frontière belge dans les Ardennes à la frontière espagnole sur la côte atlantique, au Pays basque. Itinéraire buissonnier qui le conduit de la vallée de la Meuse à Saint-Jean-de-Luz, en passant par Vézelay, le Morvan, la Haute-Loire, les Causses et le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle pendant sept cents kilomètres.
Le livre qu’il a tiré de ce périple est plusieurs choses à a fois : un carnet de voyage curieux, drôle, rêveur, où nous sont contées les anecdotes d’une traversée haute en couleurs ; un sorte de manuel d’histoire, où remontent à notre mémoire quelques-uns des lieux célèbres du passé de la France. Mais aussi une réflexion sur l’état de notre pays, la désertification de beaucoup de régions, la pauvreté de certaines, les effets ravageurs de la mondialisation. « Sécession », énonce –il : « J’appelle ainsi la rupture d’une partie de la population avec la vie politique ordinaire, l’apparente rationalité de son discours et ceux qui le tiennent. » Comme on voit, l’humaniste engagé n’a pas disparu derrière le marcheur.
Et puis ce livre est aussi l’occasion de rencontrer à chaque étape des hommes et des femmes qui racontent chacun un bout de la vraie France d’aujourd’hui, celle dont on n’entend jamais parler.