04 – INFO 12 DECEMBRE 2018

– 70ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme passé hélas sous silence. ***
– Pacte de Marrakech : rencontre importante, 50 pays présents. Il est important de rappeler que l’immigration est de tout temps, notamment à cause du changement climatique, désertification, manque d’eau. Pas de contraintes, mais un accord sur le principe que tous les hommes ont le droit de vivre et de se déplacer.
– Brexit : poste de Thérésa May en question. Difficulté de trouver un accord avec l’Europe mais les discussions avec l’Europe sont tout de même plus constructives que celles dans le pays même.
– Signature le 1er janvier 2019 d’un accord d’échanges entre le Japon et l’UE. Cela apporte une réponse à la position de D. Trump qui interdit certains échanges et met des sanctions. Accord à 85% sur l’agro-alimentaire de l’Europe au Japon. Droits de douane diminués d’un milliard d’Euros et libre accès pour le Japon du marché européen pour les automobiles.
– Gilets jaunes. Les réponses apportées par le gouvernement sont refusées par la plupart des gilets jaunes, considérées comme insuffisantes. Le président est passé à côté de certaines propositions qui auraient pu être mieux acceptées et en premier la remise en question des inégalités en matière de fiscalité. Des concessions annoncées pour 10 milliards d’Euros, c’est déjà beaucoup mais elles ne concernent pas la fiscalité et notamment l’ISF, ni les niches fiscales qui sont passées en 5 ans de 4 à 13,6 milliards d’Euros. Il aurait été plus équitable de s’attaquer à cette question de la fiscalité. Le mouvement des gilets jaunes n’est pas terminé et pas seulement à cause des réponses jugées insuffisantes. On est en face d’une configuration politique nouvelle et dangereuse ; un mouvement qui surgit et qui traduit des sentiments de frustration, de colère, de ressentiment, de manque d’écoute. C’est une révolte et les suites sont inquiétantes, dangereuses, bien que les revendications soient légitimes et fondées sur des réalités.
1 – Dans les conditions actuelles il est impossible d’aboutir à un compromis.
2 – Ce mouvement est autre chose que le processus habituel conduit par des institutions traditionnelles, syndicats, partis politiques, associations, ONG.
Et c’est cela qui est grave, on ne sait pas à quoi ce mouvement peut conduire. Les institutions, malgré la dureté de certaines situations, ont toujours eu des réponses à caractère démocratique. Mais là, pas de négociation, pas d’amendement, pas de programme, pas de concertation et donc pas de cadre démocratique. Ce mouvement est difficilement maniable compte tenu notamment de ses contradictions : revendications exprimées individuellement très diverses, addition d’expressions de mal-vivre, pas de coordination pour en faire un projet. Groupe informe sans référence de cadre politique et pas d’identification en termes de projet. Lutte collective pour des intérêts particuliers. La révolte se déclenche par les réseaux sociaux sur l’augmentation des taxes sur les carburants et puis amalgame progressivement des revendications individuelles. Et plus le mouvement dure, plus le nombre de revendications diverses augmente. Du coup difficile de répondre pour le gouvernement qui propose de discuter mais aucun débat possible. Le premier qui appelle à s’assoir autour d’une table est un traitre. Il est impossible de programmer une discussion. C’est bien et sain que les gens se lèvent pour dire non mais il faut s’organiser. Comme le compromis semble impossible, on ira au pourrissement, ce qui engendrera sentiments de défaite, nostalgie, amertume et ils iront en grandissant. On passe d’une démocratie combative et organisée et dans ce cas, tout repose sur les institutions à une démocratie d’opinion, soit sur l’individualisme. Chacun a une image intouchable de sa liberté, chacun a sa vérité, on ne débat plus, la démocratie s’en va. Il faut bien reconnaître la gravité du moment : ce que nous vivons nourrit les mouvements populistes qui s’étendent en Europe. Que disent les populistes ? Il faut se rassembler car on représente la voix du peuple mais compte tenu de la discordance des voix, la voix du peuple, c’est le leader. Retrouvons notre identité, la grandeur de notre passé. C’est un individualisme au niveau des états. Nous, avant les autres. Notre religion et pas celle des autres. Servir d’abord les intérêts des plus pauvres, c’est ce qu’ils disent. A voir en Italie, au Brésil, aux USA …

Tout ce populisme est le résultat du désenchantement des citoyens envers leurs partis politiques qui se sont professionnalisés, occupés essentiellement à la course électorale et au cumul des mandats. Les populistes ont comme programme des réponses à la situation actuelle des citoyens de leur pays mais ils contestent les constitutions, les cours indépendantes de Justice, des Comptes, des conseils d’état qui limitent leurs pouvoirs et contrôlent leurs pratiques. … qui sont des garanties de démocratie. Le mouvement des gilets jaunes, malgré de vraies revendications, la découverte de solidarité, du bonheur de lutter ensemble ne peut pas durer car il s’élève contre les institutions et ceux qui gagneront seront les populistes. Et tel qu’il est constitué, il ne peut pas gagner et risque de créer la division de la société : le peuple qui a raison contre le pouvoir existant.
Le référendum est une tromperie en soi – voir le Brexit ou la question sur le traité européen de 2005 – On ne répond pas à la question posée mais c’est un plébiscite pour ou contre celui qui lance le référendum. Les populistes aiment bien le référendum car c’est répondre par oui ou non à une question très complexe qui mérite préalablement, informations et débats. Généralement il est orienté par celui qui le lance en avançant seulement les avantages pour obtenir un oui et les inconvénients pour obtenir un non.
A suivre ….

*** Au sujet des Droits de l’Homme, Catherine Wihtol de Wenden nous informe de la parution en librairie du livre « ATLAS des Droits de l’Homme », les droits de l’homme dans le monde sont-ils menacés ? « Les droits de l’homme sont universels, mais tout le monde n’est pas d’accord avec moi sur ce point. » Barack Obama. Ouvrage collectif sous sa direction – Collection Autrement – Prix 24€