INFO N° 8 – AVRIL 2015

HONGRIE : Rappel du voyage. 21 au 28 juin 2015. 4 jours dans le village de Zsambock, accueil des habitants, visites, fêtes et 3 jours à Budapest.
Elections départementales. Les résultats révèlent une République avec 3 partis, ce que la Constitution et le Général De Gaulle avaient voulu éviter en créant la Vème République.
Les résultats : le 1er parti de France est l’abstention, c’est un phénomène qui s’amplifie et qui est dangereux pour la démocratie. Installation du FN en 2ème position. Féminisation du scrutin et la présence des femmes est intéressante dans le cadre d’une compétence élargie de la politique sociale pour les départements (Vieillesse, familles modestes, monoparentales, logement social, droit d’asile, accueil des étrangers, RAS, enfance …)
Le score du FN est impressionnant, il devient un partenaire politique incontournable et si on se réfère au programme que ce parti veut pour la France, il est temps de se réveiller, d’étudier ce programme et de tirer les conséquences dangereuses d’un tel programme sur la vie de la cité, sur l’économie et sur nos relations avec le monde.
Pour étayer notre réflexion, trois documents nous sont proposés par Louis. Un décryptage du vocabulaire « Les populistes et la sémantique (La fabrique de mots) par F. Baulet soit une suite de réflexions construites sur des mots de Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen. Un papier intitulé « Le jour où elle a gagné » soit les perspectives économiques par le regretté Bernard Maris, économiste tué à Charlie Hebdo. La politique étrangère du FN soit sa vision du monde par Louis Caul-Futy.
La sémantique, un vocabulaire, des concepts, des formules qui consistent à convertir les mots afin de s’approprier les idées fondamentales même celles de gauche. Laïcité : pour le père, guerre des « laïcards » contre les chrétiens, pour la fille, « un principe français sacré », des mots aussi bien appréciés par la droite que la gauche. Mais pour elle, cela veut dire, appliquer la loi de 1905 à la lettre. Pour elle, notre république n’est plus laïque à cause de l’immigration massive «musulmans, fondamentalistes, racailles à qui tout est du et à qui on donne tout ». « La république laïque n’est plus qu’un souvenir évanoui par des années d’immigration massive, de soumission aux revendications des fondamentalistes » Donc la laïcité c’est être contre les musulmans et non pas la séparation de l’église et de l’état et la garantie de la liberté religieuses et de la neutralité. Elle pratique donc l’exclusion au nom de la laïcité. Europe : l’Europe va mal, c’est un fait et nous l’avons dénoncé plus d’une fois lors de nos réunions mais les mots sont détournés. De l’Europe va mal, le FN va vers la sortie de l’Europe. Etat-nation : le père n’a que mépris pour « l’état moloch à la fois monstrueux, tyrannique et impuissant » et prône un libéralisme visant « à rendre marginal l’état-providence et l’assistanat, invitant à tuer le « fiscalisme », à réduire l’état à son rôle régalien et répressif (armée, police, justice, monnaie, politique extérieure). Pour la fille, l’état « sera fort, protecteur, stratège … » donc à la fois autoritaire, conservateur social et protecteur et on comprend bien que ce « protectionnisme social » et économique est au service de la « préférence nationale ». Pour ce faire, elle emprunte des thématiques de gauche, se dire contre « la mondialisation », pour « la régulation » voire « la planification » et même « les renationalisations », mêlées à l’idéologie de l’état sécuritaire de la droite ou de l’ultra droite. Peuple : Le père cajolait le mythe du peuple uni « de sang gaulois et sain » mais « trahi par ses élites » nécessitant un chef ou « un guide » pour s’épanouir, comme Charlemagne, Jeanne d’Arc, Louis XIV, Napoléon … La fille reprend ce mythe ethnicisé du peuple immémorial en y ajoutant une dimension politique de souveraineté confisquée par « l’UMPS » et la « caste européenne ». D’où le slogan de 2012 « La voix du Peuple, l’esprit de la France » et elle-même dit « mon peuple, car je suis la France ». Le procédé est d’entretenir, sous un vernis démocratique historique tiré du passé non révolutionnaire, la foi en une souveraineté exemplaire, l’idée de « Français de souche », liés à une appartenance exclusive et justifiée.
Maryse Souchard, chercheuse en sciences de la communication, conclut un papier intitulé « Toujours la même rengaine » par ces mots : « A mesure qu’elle va s’approcher du pouvoir, Marine Le Pen ne pourra pas se passer des différents groupes qui la soutiennent : religieux intégristes, racistes, antisémites, fascistes ou néonazis. Le fond n’a pas changé, et la forme à peine. »
La politique étrangère. La politique étrangère détermine nos relations aux autres pays, à nos partenaires. Le programme du FN est assez court, seule Marine Le Pen en parle mais pas les cadres et ce programme est peu communiqué au public. Pourtant, il faut s’intéresser aux quelques repères qui disent comment ce parti pense un monde nouveau. Pour le FN il faut « revoir de fond en comble notre diplomatie ». Les grands points en sont les suivants. S’extirper de la logique euro-atlantique, UE et USA, soit sortir de l’espace Schengen et quitter l’OTAN. Sortir de la zone €uro et revenir au franc. Transformer l’Union Européenne « totalitaire » en « Europe des Nations » avec la France, la Russie, la Suisse mais surtout sans la Turquie. Etablir une « alliance trilatérale Paris-Berlin-Moscou ». (On voit mal comment l’Allemagne pourrait adhérer à un tel accord, l’Allemagne, liée à l’UE et membre de l’OTAN). Faire de la Russie le partenaire privilégié et conclure avec elle « une alliance stratégique, fondée sur un partenariat militaire et énergétique, le refus de la guerre d’ingérence et le soutien au droit international ». (Parler de soutien au droit international avec un partenaire qui le viole aux frontières de ses voisins, c’est fort).
Quant à la politique étrangère du FN en direction du Moyen-Orient, elle n’est pas très claire car on y retrouve à la fois une critique sévère du Qatar et de l’Arabie Saoudite avec lesquels il y a lieu de « revoir notre politique » mais on ne dit pas comment, un plaidoyer pour le dialogue avec Bachar Al-Assad et un silence total sur l’Iran.
Ce que l’on retient sur ce programme, c’est la proximité, la sympathie pour Wladimir Poutine, la russophilie du FN étant une tradition française qui remonte aux années 20. Une proximité qui a parmi au FN d’obtenir des prêts auprès des banques russes.
Economie : si on expulse 50% des immigrés, on va vers une catastrophe économique, en sachant que cette main d’œuvre va manquer aux entreprises et que le résultat de ce que coûtent et de se que rapportent les immigrés est bénéficiaire. Voir ci-dessous l’article de Courrier International d’avril 2012, sur l’étude rendu en 2009 au Ministère des Affaires sociales. Sortir de l’Europe, la France sera condamnée à l’isolement. Sortir de l’€uro, c’est une dévaluation de 20 à 25%, 2 mille milliards d’€uros de dettes seront à rembourser en francs équivalents €uros. Il n’y aura plus de créanciers pour prêter à la France. Cette sortie de l’€uro est peut être bien le « plafond de verre » du FN et ses économistes savent bien ce qu’en seraient les conséquences. Marine Le Pen et ses économistes sont pris au piège de la sortie de l’€uro.
« Les immigrés sont une excellente affaire pour l’Etat français : ils rapportent une grosse douzaine de milliards d’euros par an et paient nos retraites.
Les immigrés sont une très bonne affaire pour l’économie française : ils reçoivent de l’Etat 47,9 milliards d’euros, mais ils reversent 60,3 milliards. Autant dire un solde positif de 12,4 milliards d’euros pour les finances publiques, qui ne représente pourtant que la part monétaire de transferts bien plus importants. Dans ce pays de 64,7 millions d’habitants, 6,5 millions de Français comptent au moins un immigré dans leur famille. Les chiffres de l’immigration légale sont très fluctuants. En France, on recense environ 5,3 millions de résidents étrangers avec leurs familles. Une équipe de chercheurs de l’université de Lille, sous la direction du Pr Xavier Chojnicki, a réalisé pour le compte du ministère des Affaires sociales une étude sur les coûts de l’immigration pour l’économie nationale. Travaillant sur des chiffres officiels, les chercheurs ont décortiqué tous les grands postes de transfert des immigrés. Il en ressort un solde très positif. Les chercheurs ont remis leur rapport en 2009, au terme de trois ans d’études. Les 47,9 milliards d’euros que coûte l’immigration au budget de l’Etat (2009) sont ventilés comme suit : retraites, 16,3 milliards d’euros ; aides au logement, 2,5 milliards ; RMI, 1,7 milliard ; allocations chômage, 5 milliards ; allocations familiales, 6,7 milliards ; prestations de santé, 11,5 milliards ; éducation, environ 4,2 milliards. De leur côté, les immigrés reversent au budget de l’Etat, par leur travail, des sommes beaucoup plus importantes : impôt sur le revenu, 3,4 milliards d’euros ; impôt sur le patrimoine, 3,3 milliards ; impôts et taxes à la consommation, 18,4 milliards ; impôts locaux et autres, 2,6 milliards ; contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) et contribution sociale généralisée (CSG), 6,2 milliards ; cotisations sociales, environ 26,4 milliards d’euros. A ce solde positif de quelque 12,4 milliards d’euros il faut ajouter d’autres revenus pas toujours monétaires, mais d’une grande importance sociale et économique : les immigrés occupent l’immense majorité des emplois dont les Français ne veulent pas, et 90 % des autoroutes ont été et sont construites et entretenues avec de la main-d’œuvre étrangère. Sans immigrés, les prix à la consommation (produits agricoles et autres) seraient bien plus élevés, la main-d’œuvre étrangère étant bien moins payée. » Courrier International.
Louis CAUL-FUTY Françoise SURETTE