INFO N° 2 – OCTOBRE 2014

Louis propose deux sujets : Etat islamique, causes, conséquences, départ des jeunes. France, défection d’une partie de la majorité lors du vote de confiance au Parlement.

1 – Etat islamique.
A – Qu’est-ce que l’état islamique. Pour créer un état le territoire est la première nécessité et nous assistons à la conquête d’un territoire. DAECH a un chef, le « calife » autoproclamé Al-Baghdadi, une force armée de 30 à 50 000 soldats fanatiques et déterminés, des armes ultra modernes, d’énormes moyens financiers – revenus considérables du pétrole, des pillages, du trafic de drogues très bien organisé d’ouest en est – et maintenant un territoire – Irak – Syrie – Turkestan. L’objectif, établir un califat sous l’autorité d’un calife, héritier de Mohamed car les Sunnites considèrent que le calife doit être issu de la famille du prophète. Une guerre longue et difficile s’annonce. Les djihadistes se fondent dans la population qui souvent leur est acquise, par peur, par soumission ou par revanche. En Irak, du temps de Saddam Hussein, ce sont les Sunnites qui dominaient et les Chiites étaient relégués mais depuis la chute de Saddam les Chiites ont pris le pouvoir et les Sunnites se vengent aujourd’hui.
B – Profil d’un djihadiste européen. Une étude sur ce phénomène vient de paraître, dirigée par Dounia Bouzar, anthropologue. Ces jeunes européens cherchent le paradis mais pour beaucoup c’est l’enfer qu’ils trouvent au bout de leur périple. Des jeunes fragilisés, en perte de repères, en échec scolaire, échec social, sans travail, de famille fragile mais pas seulement ; depuis peu, des jeunes diplômés, bien insérés dans la société et pas forcément musulmans. Des recruteurs bien formés pour atteindre ces deux catégories de jeunes. 1 – Repérer ces jeunes en perte de repères, les plaindre, amplifier leurs difficultés, leur malheur. On va les aider : argent, petits boulots. Pour les sortir de leur marasme on leur propose un salaire pour intégrer l’armée ou la police, pour aider les enfants et les pauvres victimes de la guerre. 2 – On leur offre une cause pour laquelle se battre, un idéal. A toi qui vit mal, qui va mal malgré tes diplômes, tes parents ont été victimes du colonialisme, toi aussi tu souffres comme tes parents, tu souffres d’une injustice. Il faut rétablir la justice, en rentrant dans l’armée, dans la police, tu peux aider les familles qui souffrent mais tu peux aussi punir les responsables de l’asservissement de tes parents, tu peux les venger. Ils ne partent pas toujours pour le djihad d’où parfois leur déception à l’arrivée. La plupart de ces jeunes ne sont pas des musulmans pratiquants, ni extrémistes. Il ne faut que trois mois pour les convertir pour cela ils doivent abandonner leurs amis « ils ne nous ressemblent plus », abandonner les études (chute des résultats et absences), rompre avec la famille. Au bout de ce temps, c’est le départ et la prise en charge de leur mission. Les recruteurs sont instruits, très habiles, ils sortent d’écoles de formation. Ils connaissent notre histoire, notre culture, notre politique, nos dérives. Leur pédagogie est le lavage de cerveau.
Au niveau du gouvernement, des institutions il semble que l’on ne prenne pas vraiment la mesure du problème. Il faudrait revenir vers la jeunesse, s’en occuper. Etre réaliste et faire de la prévention.
C – Basculement du Moyen-Orient. Les frontières mises en place par la France et la Grande-Bretagne après la 2ème guerre mondiale n’existent plus. Modification importante des rapports de force des pays du Moyen-Orient. Par exemple, l’Iran, considéré comme pays non fréquentable, combat les djihadistes et va probablement obtenir l’accord sur le nucléaire. Il deviendrait alors le pays fort du Moyen-Orient. C’est une vraie puissance moderne, très structurée à l’occidental. L’Iran pourrait devenir l’allié des USA au détriment de l’Arabie Saoudite, l’axe USA/Israël serait alors mis à mal dans un rééquilibrage régional.
D – Répercussions sur notre société. Les problèmes sociaux qui agitent la société française peuvent être court-circuités par ces événements. Les jeunes djihadistes vont revenir en France et dans quel état ? Notre histoire est liée au Maghreb. Les élites du Maghreb issues de la colonisation ainsi que les élites issues du gaullisme pensent que nous pourrions vivre côte à côte sans problème. Les relations, les liens sont très forts, on s’interpénètre. Mais sous l’influence des djihadistes de retour, ces rapports étroits, amicaux vont-ils éclatés ? Ne vont-ils pas influer l’opinion pour créer un sentiment de rejet, une distance entre eux et nous ? Dans les banlieues mal faites, sans commerces, sans infrastructures, une révolte des jeunes pour dénoncer leur situation, appuyée par les djihadistes pourrait être très grave. Le 9 août à Paris, lors d’une manifestation en l’honneur de la Résistance, de Jean Moulin, on a vu des drapeaux du Hamas associant djihad et résistance. A d’autres manifestations, des associations islamistes ont défilé à côté d’une extrême-droite antisémite. Deux mouvements extrémistes qui se regroupent pour manifester c’est très dangereux.
Souffrance sociale et souffrance des jeunes qui partent et qui reviendront équivalent à une montée du communautarisme, une montée de la haine. C’est une analyse très pessimiste mais il faut être lucide pour réagir. Des mouvements interreligieux s’unissent pour condamner, des musulmans se dissocient de DAECH en affichant « Pas en mon nom » mais pourquoi demande t’on aux musulmans de se désolidariser de l’état islamique pour prouver qu’ils sont pacifiques ? Pourquoi les présume t’on solidaires de ces fous furieux ?. Cela ne suffit pas, les élus de toutes les religions qui représentent aussi les non-croyants devraient manifester leur refus de la barbarie. Ils sont pour le pacte républicain et reliés à leur terre d’origine, ils devraient intervenir au nom de la France.
Pour la France, c’est peut être au Maghreb que se trouve la solution pour faire de la prévention. Il faudrait cultiver davantage les relations et en priorité avec la Tunisie car des éléments politiques nous rapprochent. 1/10ème de la population tunisienne vit en France. Dans le nouveau Parlement tunisien, 10 députés ont été élus par les Tunisiens de France. C’est la première fois qu’un pays du Maghreb construit sa légitimité contre une dictature et pour la démocratie. De ce fait les liens devraient être plus forts entre nos deux pays, liens sociaux, culturels, politiques, économiques, amicaux. Et peut être que Maroc et Algérie pourraient revoir leurs relations avec la France.
Louis signale qu’il a trouvé des éléments de réflexion dans l’hebdomadaire « le un » qui paraît le mercredi : « Chaque semaine, une question d’actualité, plusieurs regards »

2 – France, majorité relative lors du vote de confiance au Parlement. Deux hypothèses que nous avons traités en grande partie dans l’Info de septembre. Changer de république et supprimer les pouvoirs du président, un 1er ministre qui dirige le pays avec sa majorité et en phase directe avec le Parlement. Mais changer de n° de république suffirait-il ? Ne pas oublier que nous connaissons une stabilité depuis plus de 50 ans.
Voyons d’autres modèles. La Grande Bretagne, un 1er ministre qui a tout en mains, qui négocie avec son Parlement appuyé par sa majorité. Mais scrutin à un tour. Celui qui est en tête de liste sera 1er ministre donc les électeurs savent d’avance qui va être 1er ministre. Le 1er ministre est responsable devant sa majorité alors que notre président n’est responsable de rien et on ne peut lui imputer aucune faute, il est là pour cinq ans. L’Allemagne, pragmatisme, élection à deux tours. Avec une majorité trop fragile, ils gouvernent avec les partenaires de l’opposition. C’est impossible chez nous, les modèles Grande Bretagne et Allemagne ne seront jamais les nôtres. Changer les institutions et supprimer le 1er ministre qui n’est qu’un exécutant du président. Le président serait alors en prise directe avec le Parlement comme en Grande Bretagne. Le rôle du Parlement serait alors davantage pris en considération. Plus de proportionnalité serait bon pour la démocratie mais pourrait affaiblir la majorité et avec la menace du FN, les deux partis républicains devraient parvenir à des compromis.

Louis Caul-Futy Françoise Surette