INFO N° 1 – SEPTEMBRE 2013

Des affaires en cours, telles que loi budgétaire 2014, loi sur le logement et loi sur les retraites seront détaillées le mois prochain selon leurs évolutions.

3 sujets proposés ce soir : Egypte – Syrie – Sortie de crise.

Egypte : les élections ont amené les islamistes au pouvoir, Mohamed MORSI, du parti  Liberté et Justice, une formation politique issue des Frères Musulmans  est élu président en juin 2012. Les Frères musulmans sont très implantés dans tout le pays. Mais une mauvaise gestion économique, la main mise de mouvement religieux sur l’ensemble du pays, le désastre démocratique conduisent à une contestation, une révolte. L’armée destitue MORSI et le tient en résidence surveillée. Les Frères résistent mais sont écrasés par l’armée qui représente un pouvoir autoritaire. La révolution semble alors avoir avorté. Les Frères musulmans ne s’avouent pas vaincus et appellent toujours à des manifestations. Répression, des morts. Dans cette affaire, il est évident qu’il s’agit de l’échec de l’Islam politique. Refuser la séparation des pouvoirs, mosquées/état est incompatible avec la liberté religieuse (Exemple de l’Algérie). C’est la preuve que la gestion politique par l’Islam n’est pas viable et cet échec aura des répercussions dans le monde arabe. Ce qui ne veut pas dire qu’un Islam politique non corrompu, qui voudrait aller dans le sens de la démocratie n’est pas possible. Très légitimement, les partis politiques islamistes ont le droit de participer à un pouvoir démocratique.

Syrie : suite au gazage de centaines de civils par les forces gouvernementales, la Russie propose par une invitation pressante à la mise sous contrôle de l’ONU des armes chimiques. La France propose une résolution : contrôle et destruction des armes chimiques. Cette résolution va être étudiée par l’ONU. Proposition intéressante même si elle vient des Russes. Les propositions de la France permettent aussi de vérifier si la Syrie va véritablement accepter le contrôle, la destruction ou si c’est une manœuvre pour repousser l’intervention militaire. Et aussi de juger de la crédibilité de la proposition côté Russie. Cela repousse effectivement l’hypothèse de frappes, de guerre. En attente donc des réponses de l’ONU, des USA.

Sortie de crise : on note un indice intéressant de reprise en Angleterre. En France, de – 0.3 de croissance à + 0.3 d’où plus de possibilités d’avoir du crédit. Des réflexions, des hypothèses, des croyances sont en cours pour sortir de la crise. A – Quitter l’Euro c’est l’hypothèse dont certains partis se réclament (FN par exemple). Le pouvoir politique s’est effacé derrière le pouvoir financier. Tout est entre les mains de la finance mondiale. C’est un constat. Mais pour la France que veut dire quitter l’Euro ? 1 – C’est une sortie de l’Europe, c’est rendre l’Europe caduque. Plus d’Europe, c’est la fin du rêve, de l’ambition européenne, -travailler, faire ensemble, se connaître … –  2 – Pour les finances : le franc redevient la monnaie – perte de la valeur Euro/Franc de 25 %. Dévaluation. Toutes les factures de la France devront être réglées et la dette va automatiquement augmenter de 20 %.  B – Changer l’Euro en passant d’un Euro autoritaire à un Euro rénové, progressif et social. Mais cela ne se fera jamais à cause de l’absence de leviers politique dans l’Europe d’aujourd’hui et aussi parce que la construction de l’Europe s’est faîte pour donner satisfaction aux marchés des capitaux et pour organiser leur emprise sur les politiques économiques européennes. Ce projet de transformation de l’Euro correspond à un projet de démantèlement du pouvoir des marchés. S’il était mis en œuvre il se heurterait à un déchaînement de spéculations et à une crise du marché dont la seule issue serait le retour aux monnaies nationales. C – Rester dans la situation actuelle : On continue. Imaginons la suite : la crise est passée, les états sont toujours sous tutelle des grandes entreprises financières, des marchés financiers, du capitalisme financier qui a remplacé le capitalisme d’entreprises, sans  règle, sans contrôle. On continue avec la monnaie unique, libéralisation totale, concurrence sans entrave. Conséquences : mise au pas des états, perte de leur souveraineté, règles imposées telles que réduction des déficits, austérité. Mêmes causes, mêmes effets. D – Un gouvernement économique fédéralles euro-bons – alors qu’il s’agit d’un fonctionnement européen qui est un déni de démocratie dans le sens où les citoyens perdent leur responsabilité de citoyens. Perte de la souveraineté : on a soustrait dans les traités, on a soustrait les politiques publiques – politique monétaire, gestion du budget, niveau d’endettement, formes de financement des déficits, modalités de résorption de la dette publique – toutes les décisions échappent à l’état. Alors, comment un gouvernement de la zone euro alors qu’il n’y a plus rien à gouverner ? E – Alors que faire ? Non pas maintenir une monnaie unique qui oblige à nous couler tous dans le même moule mais transformer cet Euro unique en monnaie commune, un Euro doté de représentants nationaux : des euros-francs, euros-lires, euros-pesetas … Ces différents Euros seraient réservés aux marchés intérieurs, non convertibles à l’extérieur (en dollar, en yen) ni entre elles. Toutes les convertibilités passeraient par la BCE qui ferait office de bureau de change et serait la seule banque à faire le change La convertibilité externe serait réservée à l’Euro commun, via la BCE, à des prix fixes, politiquement décidés. Exemples : une entreprise espagnole doit payer un contrat à une entreprise française ; elle s’adresse à la BCE pour transformer ses euros-pesetas en euros-francs au taux de change en vigueur. Une entreprise américaine règle un achat en France : elle achète des euros contre des dollars au taux fluctuant du moment puis échange ses euros contre des euros-francs auprès de la BCE. L’Europe serait alors débarrassée des marchés de change, foyers des crises monétaires à répétition. Chaque pays serait libéré pour gérer sa monnaie (on pourrait dévaluer puisque chaque euro national aura sa propre valeur). L’ambition européenne pourrait se maintenir en se consacrant à développer d’autres domaines qu’économiques. Cette refonte de la construction européenne serait l’occasion d’en finir avec cette religion monétaire, cet ajustement structurel généralisé, cette concurrence effrénée. Ou bien on choisit l’enlisement dans un système de soumission, ou bien on choisit le choc frontal avec la finance pour permettre les conditions d’une reconstruction. Toutes les avancées réalisées (Le Fonds européen de stabilité financière,  le mécanisme européen de stabilité, l’union bancaire) sont de bonnes mesures mais changent peu les choses. Aucune ne s’en prend au cœur de la construction du système actuel. Contre le scénario du chaos en sortant de l’euro sans perspective, l’idée d’une sortie concertée et organisée fait son chemin. Mais comment les marchés pourraient-ils accepter ces changements ? Ils refuseront toutes les hypothèses. Un gouvernement économique était bien prévu dans le traité de Maastricht mais il n’a jamais été mis en pratique. Toute régularisation est impossible. L’Allemagne est un défenseur acharné du dogme, cela fait partie de son histoire : ne pas toucher à la monnaie – et ell est impitoyable à l’égard des pays en mauvaise situation.

Ce point  E a été beaucoup discuté et attaqué pendant la soirée mais il ne faut pas oublier que ce que nous détaillons ici ne sont que des idées, des hypothèses et qu’il est intéressant de les suivre.

Louis CAUL-FUTY                                            Françoise SURETTE

Pour être secoués, bousculés, interpelés, voici les mots d’un grand reporter de guerre, Pascal MANOUKIAN, aujourd’hui directeur éditorial de l’agence Capa. Ce papier est paru dans le HUFFINGTON POST le 20 septembre 2013 et lu par Patrick COHEN lors de la Revue de Presse de France Inter.

 « Si j’étais Syrien »

« Je ne reconnais rien de la Syrie dans les images et les discours qui me viennent du front. Je cherche désespérément ces hommes et ces femmes, aux conversations raffinées, croisés aux terrasses des cafés d’Alep, de Homs ou de Hama. Ils étaient Sunnites, Alaouites, Kurdes, Assyriens ou Arméniens, ils mélangeaient leurs langues et leurs cuisines (…) Ces démocrates qui nous suppliaient de leur venir en aide, quand tout était encore possible. Leur rêve ressemblait à celui des grévistes de Gdansk en 1981, simple et universel : rejoindre le camp de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Nous en avions fait notre devise et ils comptaient sur nous pour les y aider. Par deux fois déjà, nous sommes coupables d’avoir abandonné ces Syriens là (…) Alors si j’étais ces Syriens-là, si chaque nuit, je devais enjamber les corps de mes voisins pour rejoindre dans la crasse d’un sous-sol en ruine mes enfants terrorisés er affamés (…) sans hésitation, je prierais de toutes mes forces pour que l’on bombarde mes bourreaux. Pour que l’on s’acharne sur leurs palais et leurs salons. Pour que le métal des bombes éventre leurs coffres et leurs bunkers (…) A Sarajevo aussi, pendant plus de quatre ans, nous avons autorisé les Serbes à saigner la ville de ses musulmans sous prétexte qu’agir c’était prendre le risque d’embraser la région (…)

C’est la même chose, depuis longtemps, de Beyrouth à Kigali, de Grozny à Damas, les morts ne sont pas les nôtres, alors on attend, on négocie, on calcule, on tergiverse en les laissant s’empiler dans les ruines. »

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