INFO N° 1 – SEPTEMBRE 2015

Pour commencer la nouvelle saison, nous avons une pensée pour Christiane King, disparue cet été.

Quelques nouvelles du CLD du Genevois. Loi de 1999, des collectivités locales se mettent ensemble avec la région pour développer leur territoire dans le cadre d’un CDDRA. Les citoyens sont invités à participer à la concertation autour des projets du CDDRA, ils donnent leur avis et peuvent faire des propositions. Cette loi constitue en soi une avancée démocratique.
Le CLD du Genevois français se constitue dès 2005 en réponse à l’appel « timide » des élus, avec une centaine de personnes volontaires. Mais il est difficile de faire fonctionner démocratiquement un groupe représentant des individus de statut social et professionnel de culture et de formation, de pratiques et d’opinion différents. Cette difficulté est d’autant plus forte si le président élu, les membres du bureau n’ont pas un projet commun, qui correspond à un accord sur les missions et sur le fonctionnement du Conseil Local de Développement. Ce qui est le cas pour le CLD du Genevois français.
Résultat : Implosion du CLD : Lettre du bureau au président lui ordonnant sa démission (Louis refuse de la signer, il est démissionné). Le président refuse sa propre démission… Les élus de l’ARC interviennent et décident de reconstruire le CLD en se donnant du temps, en constituant un groupe de travail et en redéfinissant les missions, les moyens et le fonctionnement du Conseil Local de Développement. Pour repartir sur une bonne base : informer la population, faire une réunion d’information, annoncer les compétences et les limites, se donner des outils, faire des groupes de travail. Durant le temps où ce CLD a vécu, les seuls projets acceptés par les politiques sont ceux proposés par l’UP, Louis et Dominique. Le CLD doit être la voix de la société civile.

Les réfugiés. Les chiffres : demandeurs d’asile, qui fuient les guerres, qui sont en danger de mort et réfugiés économiques qui fuient la misère. En Europe, depuis janvier 2015, 417 430 personnes qui viennent de Syrie, Irak, Erythrée, Kosovo, Afghanistan pour se réfugier en Allemagne, Italie, Hongrie, Grèce, France. 116 649 personnes d’Erythrée, du Nigéria, de Somalie.sont arrivées par mer en Italie. 245 274 personnes qui viennent de Syrie, Albanie, Afghanistan, Pakistan sont en Grèce. 2737 sont morts.
Des milliers sont réfugiés dans les pays du Moyen-Orient. 1 110 000 Syriens au Liban – 1 940 000 Syriens en Turquie. 8 millions de Syriens ont quitté leur région ainsi que 2 millions 500 000 Irakiens pour se rendre dans des zones plus sûres, dans leur pays.
C’est un drame humain très grave, un phénomène durable. 120 000 répartis en Europe dont 24 000 en France sur 2 ans. Les nations n’ont pas trouvé de solution pour arrêter les guerres et les invasions. C’est un cas de conscience pour chacun et pour tous. La France est un pays d’accueil et dans l’histoire nous nous l’avons prouvé : 140 000 Arméniens, 60 à 70 000 Turcs, les Espagnols les Italiens, les Chiliens fuyant le nazisme et la dictature, les Vietnamiens. Nous avons intégré 1 million de Pied-noir.
Aujourd’hui, l’opinion publique est à 55 % contre l’accueil des réfugiés, des maires refusent d’accueillir dans leur ville, trient selon la religion. Comment expliquer cette réserve de l’opinion, des intellectuels, de partis politiques de droite comme de gauche ? Pourquoi ?
Deux raisons principales 1 – les excuses les plus formulées, pas de logements sociaux, pas les moyens, des millions de chômeurs, la crise. Egoïsmes nationaux, individualisme, les citoyens sont indépendants les uns des autres. Plus de référence aux droits de l’homme. 2 – Depuis 20 ans, on nous met dans la tête des idéologies populistes, presque racistes, souterraines : discrédit des mouvements antiracistes accusés de diviser la société. Combat souterrain contre ceux qui résistent à la supériorité de la race et de la culture judéo-chrétienne. Combat contre l’universalité des valeurs liées aux droits de l’homme. Le patriotisme, la France éternelle est la marque d’une classe spéciale. Réhabilitation de l’héritage colonial. Cessons la repentance (sur l’esclavage, la colonisation par exemple). Ministère de l’identité nationale. L’opinion publique a été ainsi bombardée pendant des années par ces idées, les gens finissent par croire ces discours, dominés par la peur qui remplace la raison. Ce n’est pas étonnant qu’aujourd’hui, l’immigration soit combattue : derrière tout réfugié se cache un arabe, un musulman, un terroriste.
La France est de tradition hospitalière mais aujourd’hui le mal-vivre va plus loin que la crise, notre esprit est miné. Comment s’y retrouver ? Faire marcher notre raison, se référer aux valeurs universelles, celles des Droits de l’homme qui nous permettent de vivre en démocratie.

Le monde paysan. Le surfaces agricoles en France représentent 54 % du territoire soit 28 millions d’hectares.25 % de forêts – 36 % de productions végétales – 18 à 20 % de terres d’élevage. Le monde agricole c’est 922 000 travailleurs permanents dont plus de la moitié, 511 000, à temps complet. 144 000 salariés, 581 000 chefs d’exploitation dont 254 000 sont des femmes. L’âge moyen est de 49 ans pour les hommes et 53 ans pour les femmes. L’agriculture, c’est aussi 470 000 élèves apprentis, 7 100 exploitations à énergies renouvelables, 26 500 en bio, 14 200 en agro-tourisme.
Les aides, les subventions européennes représentent 10 milliards d’€uros par année. La part de l’agriculture dans le PIB de la France est de 1.7 % mais en 1965 elle était de 8.9 %. Les emplois représentaient 12 % en 1970 mais seulement 2.5 % aujourd’hui. La France est une des grandes nations agricoles européennes. France : 16 % – Espagne : 14 % – Allemagne : 11 % – Angleterre : 9 % de l’agriculture de l’Europe. Mais de nombreuses petites exploitations ont disparu et depuis les années 80, de plus grandes exploitations ont vu le jour. Mais les plus petites, de moins de 20 hectares représentent encore 46 % de l’ensemble des exploitations. Ces petites exploitations et les grandes comme les céréaliers de la Beauce vivent dans deux mondes bien différents.
Les exploitations les plus développées, avec des équipements modernes ont des revenus suffisants. Mais ces exploitants ressentent un mal-être. Longtemps ils ont bénéficié d’une bonne estime mais cela a changé. Ils sont soumis aux contraintes liées aux politiques environnementales et aux groupes des écologistes d’où une méfiance et un sentiment d’aversion à leur égard : agriculteurs pollueurs, massacreurs de l’environnement, bourreaux des animaux.
La PAC a distribué des milliards qui ont sauvé l’Europe. Amélioration des conditions de travail, système de protection, garantie des prix. Mais nouvelle donne : ultralibéralisme, concurrence, baisse des prix, importations. Des contraintes sur les agriculteurs de plus en plus insupportables et difficiles à suivre. Les aides conditionnées à la politique environnementale. Des prix imposés de plus en plus bas. Des contraintes administratives depuis Bruxelles de plus en plus compliquées, paperasses, déclarations …
Pour protester les Allemands négocient, pratiquent par conventions entre professionnels. Les Français vont dans la rue. Tout est complexifié, les délais pour les démarches sont bien trop longs – en France, l’étude pour la réalisation d’une unité de méthanisation dans un élevage de porcs prend 3 ans, en Allemagne 6 mois. La modernisation est beaucoup trop lente et l’administration très tatillonne : pour agrandir une exploitation, même si toutes les normes sanitaires et environnementales sont respectées les travaux peuvent être refusés. C’est totalement irrationnel et par conséquent, il est difficile de se moderniser. De plus, pas d’aide à l’embauche.
Allemagne : très grosses exploitations agricoles, très grosses unités d’élevage en Allemagne de l’Est, héritières des anciens kolkhozes. En France le monde paysan n’est plus représenté politiquement, les paysans sont déconsidérés et ressentent de grandes souffrances.
« Un agriculteur se suicide tous les deux jours en France, selon l’Institut de veille sanitaire (INVS), qui publie, jeudi 10 octobre 2013, la première étude officielle sur le sujet. En tout, près de cinq cents suicides d’agriculteurs ont été enregistrés sur trois années – 2007, 2008 et 2009. C’est ainsi la troisième cause de mort dans le monde agricole, après les cancers et les maladies cardiovasculaires, précise l’INVS».
Projet : un repas à la ferme à l’auberge de Jonzier.
Louis Caul-Futy Françoise Surette