INFO SEPTEMBRE 2012

Pour cette rentrée 2012/2013, l’actualité est très chargée et Louis nous propose de faire un tour d’horizon des sujets les plus importants. Voici les questions proposées :

A – Elections aux USA

B – Elections législatives aux Pays-Bas.

C – Les économies européennes en difficulté.

D – Décision de la BCE concernant le rachat de la dette de certains états.

E – France : mesures prises cet été – calendrier du quinquennat – Réforme fiscale – vote prochain par l’Assemblée Nationale du Traité européen.

Nous ne pourrons certainement pas aborder tous les sujets ce soir et si l’un d’entre eux semble plus important, il sera traité plus longuement à la demande du public.

 

A – Obama peut-il perdre ? a) Au regard de l’histoire, depuis 1945, aucun président n’a été réélu avec un taux de chômage aussi important : 8 à 8,2 % actuellement. B) La conjoncture des USA est mauvaise : pas de création d’emplois, faillites des entreprises, des particuliers, croissance de 2 % au lieu des 4,6 % prévus. C) Si en 2008, la dette de l’état français était de 85 % du PIB, celle des USA était de 165 %. A ce jour elle est de 262 %. Les Américains fabriquent du dollar mais ils sont dépendants des pays à qui ils doivent de l’argent. D) En face d ’Obama il y a la droite + l’extrême droite. On assiste à une droitisation générale du pays, non plus une droite démocrate mais fondamentaliste. L’Amérique profonde est pauvre, va mal et cet état de pauvreté économique, culturelle conduit à ce fondamentalisme. E) Sa réforme pour la santé est très bien mais compte tenu de la crise elle coûte très cher et cela augmente encore le volume de la dette. Il a pour lui des qualités incontestables mais son programme n’a pas donné tous les résultats escomptés. Son adversaire n’a pas une culture politique et ne représente que les riches. Oui, le bilan d’Obama n’est pas bon mais on a face à face un Obama moyen et un Romney pire, insuffisant.

B – Au Pays-Bas, la droite extrême est très présente, elle est séparatiste. Une économie en difficulté a favorisé la montée du nationalisme et du sentiment anti-européen. Le résultat des élections risque de conforter ce rejet de l’Europe. A suivre …

C – L’économie européenne est globalement en récession, 2013 s’annonce très difficile : endettement dont on ne sort pas parce qu’on additionne les erreurs, égoïsme, nationalisme renforcé. Rien n’a été fait pour reconstruire ce pilier de l’Europe qui est la solidarité, une Europe sociale, culturelle, spirituelle au sens large du terme. Pas de grandes politiques qui pensent l’Europe, qui entraînent un grand projet européen humaniste. Il n’y a que le système commercial, l’argent, tout est transformé en commerce même la bioéthique, même la vie. Beaucoup de souffrances et cela va en s’aggravant. C’est le résultat de 30 ans de libéralisme effréné qui a supprimé toutes les règles contraignantes en nous faisant croire que la liberté économique était notre propre liberté. Mais aujourd’hui la liberté de chacun entrave celle de l’autre d’où la violence.

D – La BCE annonce une décision inattendue, solution que tous les pays refusaient sauf la France. Les Premiers Ministres italien et espagnol (de droite) interpellent Mario BRAGGI sur les difficultés de leur pays et ce dernier, à l’encontre des statuts, attribue à la BCE le pouvoir de racheter la dette de certains pays. De nombreux économistes considèrent que cela aurait du être fait depuis longtemps. Depuis 2008, quelles que soient les aides, les pays s’enfoncent, ils ne peuvent rembourser compte tenu des taux, les dettes augmentent et ils sont contraints de sabrer dans les dépenses publiques. Comme en Grèce, sur les salaires, les retraites. La preuve est faite que tous les sacrifices demandés aux pays, à leur peuple, entraînent encore plus de récession. La BCE a un fond financier inépuisable, elle pourrait racheter toutes les dettes. Prenons le cas de l’Espagne : si elle fait une demande de rachat et si la BCE est d’accord pour une partie de la dette, l’Espagne sera soulagée. Elle devra rembourser directement à la BCE à un taux bien inférieur au taux actuel qui varie de 6,2 % à 8 %. Cela représente une énorme économie. Prenons au autre exemple, la France : sa dette est de 1 870 milliards d’euros qu’elle rembourse à un taux de 2,3 % – 2,5 % ce qui fait 50 milliards d’intérêts à rembourser par année. Si la BCE rachetait toute la dette au taux de 1 %, les intérêts à rembourser dans l’année seraient de 18 milliards et le temps de remboursement serait négocié plus long.

C’est un bon mécanisme, les pays seront soulagés et les peuples souffriront moins. L’Europe dans ce cas joue son vrai rôle de solidarité. Certains pays peuvent refuser mais bonne nouvelle, ce matin, la Cour Suprême de Karlsruhe a décidé que la Constitution allemande est compatible avec cette mutualisation des dettes. Nous allons suivre les demandes des pays. L’argent de la BCE provient des états européens et n’en a rien fait. Elle représente la totalité de la valeur des états. Il est impossible de nationaliser les banques dans l’immédiat mais que la BCE intervienne est le moindre mal.

E – En France, baisse symbolique de l’essence mais augmentation du gaz : les énergies manquent donc elles sont plus chères et les produits et services augmentent aussi. Les politiques n’y peuvent pas grand-chose. On assiste à une augmentation considérable de la démographie mondiale, dans certains pays producteurs à une sécheresse considérable. Dans le Traité européen, Hollande a voulu rajouter une part de croissance (voir résumé de juin). 120 milliards ont été injectés mais c’est totalement insuffisant. Cet apport n’a rien changé à la dangerosité de ce traité particulièrement répressif. On peut rêver : que la BCE rachète le maximum de dettes avec des modalités respectueuses du droit des états et l’étau que représente ce traité pourrait se desserrer. C’est un grand danger de le ratifier.

Les politiques peuvent tout, le bien comme le mal, la politique a le pouvoir. Quand on dénonce la dérégulation, ce sont les politiques qui ont pris ces décisions, donc ils pourraient défaire ce qu’ils ont fait. Ils ont convaincu les peuples et les esprits que cette liberté était garante de la nôtre et plus ou moins nous avons adhéré à cette croyance. Aujourd’hui, il faut se débarrasser de cette croyance, il faut faire la gymnastique intellectuelle de penser que le bien être ce n’est pas de posséder des choses, mais de vivre avec les autres, de vivre ensemble. Nous avons à combattre notre propre raisonnement, notre propre intelligence pour retrouver une société où chacun reconnait l’être humain à côté de lui et le respecte.

Le calendrier : 2 ans pour réduire le déficit à 3 % du PIB. Jusqu’à 2017 pour ramener la dette à 60 % (85 % aujourd’hui) soit une économie de 40 milliards dont 20 milliards d’impôts supplémentaires.

Cela va être difficile et peut être même impossible car derrière l’état il y a le gendarme européen. Et comme l’idéologie du libéralisme est toujours là, le gendarme européen continuera à faire pression sur les pays. Des turbulences risquent de survenir en France mais ces réactions peuvent être bénéfiques.

La puissance du peuple est une force considérable à condition que nous allions tous dans le même sens. (Voir l’Argentine, l’Islande). Nous sommes prisonniers de ce que nous sommes, de ce que l’on nous fait croire, des contraintes de notre vie, de notre individualisme. Serons-nous capable d’assez de solidarité pour lancer une révolte constructive ? Le problème de notre société c’est qu’on morcelle les évènements : on sait tout mais on ne comprend rien. On ne nous explique ni les raisons, ni les conséquences, ni les forces en présence, ni l’avant ni l’après des évènements. L’Université Populaire sert à cela, expliquer l’inexplicable.

Question sur le retour de la morale à l’école : c’est une bonne idée mais tout dépend de ce que cela recouvre et comment cela est enseigné. La morale a un sens seulement dans le rapport avec les autres. Apprenons à vivre ensemble, Parlons de l’autre, parlons à l’autre.

Louis Caul-Futy                                                                       Françoise Surette

Le lendemain de cette Info du Mois, j’ai entendu sur France Inter l’éditorial ci-dessous qui m’a redonné le sourire. J’ai eu l’idée de vous en faire profiter !     Françoise

Entre l’unité européenne et ses crises, il y a une étrange et forte intimité. Depuis que l’idée européenne a pris corps, à la fin de la guerre, il y a près de 70 ans, c’est toujours au moment où rien n’allait plus que l’Europe a rebondi et la journée d’hier mercredi en offre une fascinante confirmation.

Hier, les Pays-Bas votaient après une campagne électorale marquée par un rejet massif de la solidarité financière entre pays de l’Union et des politiques d’austérité prônée par la majorité des 27 Etats membres. C’est à toute la construction européenne que les Néerlandais semblaient tourner le dos et que s’est-il passé ? Loin de se détourner de l’Europe, ils ont confirmé les derniers sondages en donnant l’avantage aux deux partis qui lui sont les plus favorables comme si leurs électeurs, après avoir exprimée une énorme colère, choisissaient malgré tout de poursuivre sur la voie d’une unité sans laquelle aucun des pays européens ne pourrait plus peser  dans un siècle de grands ensembles.

  C’était hier soir et, le matin même, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, la cour suprême allemande, avait rejeté d’un bloc tous les recours déposés, de gauche et de droite, contre le Mécanisme européen de stabilité, contre l’institutionnalisation d’un fonds de solidarité financière entre les Etats de l’Union, en demandant seulement que soit renforcé le contrôle du Parlement sur les sommes débloquées dans ce cadre. La Cour a, autrement dit, donné son feu vert à plus d’intégration européenne à la seule condition qu’elle soit accompagnée de plus de démocratie. On ne peut qu’approuver cette sagesse et, parallèlement, la Commission européenne a entériné le projet d’union bancaire qui mettra toutes les banques européennes sous le contrôle de la Banque centrale européenne, chargé de veiller à leur respect des règles prudentielles.

L’Union devient le gendarme de ses banques qui seront ainsi toutes soumises à une autorité fédérale. L’Union franchit un pas de taille dans le contrôle du monde financier et s’affirme, sur ce terrain, en autorité politique transcendant les Etats. C’eut été inimaginable il y a encore peu mais tout cela n’était encore rien à côté du discours sur l’état de l’Union que la président de la Commission, José Manuel Barroso, a prononcé entre temps devant le Parlement européen.

Plus de deux décennies après, le si prudent président de la Commission a repris, hier, à son compte l’expression de « Fédération d’Etats nations » forgée par Jacques Delors en expliquant que ce fédéralisme devait désormais être l’horizon de l’Europe, que les partis européens de toute couleur devaient aller unis aux élections parlementaires de 2014 avec une tête de liste qui soit leur candidat, de la gauche, de la droite, etc. , à la présidence de la Commission et que l’union politique vers laquelle il faut marcher demandait un nouveau traité pour lequel il ferait bientôt des propositions. L’utopie fédérale est devenue hier le programme de la Commission mais une utopie réfléchie puisque José Manuel Barroso, comme François Hollande, souhaite que l’on définisse les politiques communes à mettre en œuvre avant d’imaginer l’architecture institutionnelle qui en permettrait la réalisation. L’Europe n’a jamais été dans une telle crise, économique et politique, mais elle n’a jamais semblé si décidée à s’affirmer.

Le mercredi rose du l’Europe     Editorial de Bernard GUETTA du jeudi 13 septembre 2012 sur France Inter