INFO DECEMBRE 2012

A – Situation des pays arabes

SYRIE : toujours la guerre civile avec toujours autant de violence. On assiste à une extermination d’une partie de la population. Le régime de Bachar al-Assad est en fin de règne mais il peut durer encore des mois avec toutes les conséquences d’un état de guerre pour la population. Mais en cette fin 2012, la donne internationale change : les Russes infléchissent leur position en négociant avec les Turcs. Une centaine de pays ont reconnu le pouvoir de l’opposition qui acquiert ainsi une nouvelle crédibilité aux yeux de la population. D’autre part, l’OTAN envisage d’armer l’opposition. Les alliés,  occidentaux et Ligue arabe, donnent un appui aux rebelles et marquent ainsi une rupture avec la situation précédente. Et plus les alliés aident les rebelles et plus ils auront une emprise sur eux pour faire barrage aux islamistes et lutter contre la torture qui est systématique dans les deux camps. C’est une amélioration de la situation mais hélas pas pour la population. Plus les occidentaux seront impliqués, mieux ce sera car ils pourront mieux vérifier le comportement des rebelles. Les rebelles sont armés par la Turquie et les pays arabes. Poutine, s’il veut conserver une influence sur cette partie du monde,  sait qu’il lui faut des alliés : il prend donc acte que le régime de Bachar al-Assad est compromis mais qu’il ne peut compter sur les rebelles. Il ne lui reste que les Turcs, d’autant plus que sa cote baisse en Russie et que l’opposition s’organise. La Russie se retrouve liée à la Chine car, la Chine ne respectant pas les Droits de l’Homme chez elle, elle ne va pas soutenir des mouvements qui se réclament des Droits de l’Homme et luttent pour les obtenir. Russie et Chine défendent leurs semblables.

EGYPTE : le 22 novembre 2012, le président Mohamed Morsi impose un décret lui donnant des pouvoirs étendus et annonce un référendum, le 15 décembre, au sujet d’une nouvelle constitution qui lui assurerait tous les pouvoirs. Sous la pression des opposants et des manifestations, le président annule ce décret mais maintient la date du référendum sur la constitution. Ce sont des islamistes non modérés qui sont au pouvoir et on peut craindre que la constitution soit approuvée. La population, paupérisée et peu éduquée, est vulnérable à la pression islamiste. Le poids de l’islam est si fort dans les consciences qu’on ne fait pas le lien entre dictature et islam. L’armée, en général, n’aime pas les démocraties et l’armée égyptienne soutient le président Morsi. Le peuple n’a pas suffisamment d’éducation pour savoir ce qu’est la citoyenneté, il ne peut comprendre, mais ceux qui dirigent avec l’islam, eux sont éduqués et organisés. En occident, en France, on s’accommode de la religion mais en Egypte, les pauvres, limités dans l’éducation, vivent selon l’islam.

PALESTINE : L’Assemblée générale de l’ONU a reconnu implicitement l’existence d’un Etat palestinien souverain en lui accordant le statut d’Etat non membre observateur. (138 voix pour, 9 contre et 41 abstentions.). «Un certificat de naissance de la réalité de l’Etat de la Palestine» selon Mahmoud Abbas. C’est un évènement considérable. Une reconnaissance officielle et internationale, qui consolide les Palestiniens dans leur combat pour la réalité d’un Etat et qui leur redonne une fierté et une légitimité.

D’autres régimes du monde arabe vont-ils tomber ? : Certains régimes vont subir des rebellions notamment ceux de pays autocratiques qui, n’ayant fait aucune ouverture,  appellent à la révolte. Généralement les dynasties tombent au bout de trois générations et certains sont dans ce cas. En particulier, deux pays vulnérables risquent d’être soumis à l’assaut de révoltes, la Jordanie et le Koweït. La Jordanie subit depuis deux ans une forte contestation de sa population jeune. C’est une monarchie sous le règne du Roi Abdallah II, personnage assez banale qui ne s’impose pas auprès de la population. C’est un pays pauvre sans ressources naturelles qui n’a pas les moyens d’apaiser la colère du peuple par des réformes sociales. Le Koweït est une petite monarchie fondée par la famille régnante Al Sabah et dont l’Emir actuel est, depuis 2006, Cheikh Sabah Al Ahmad Al Sabah. Son pouvoir absolu, autoritaire et anarchique est très contesté tant il est incapable dune gestion correcte du pays. C’est un pays très riche, contrairement à la Jordanie, qui pourrait prendre des mesures sociales pour apaiser sa population mais qui ne fait rien.  En ce qui concerne l’Arabie Saoudite, le Roi Abdallah, 90 ans,  est malade et dans ce pays où le système politique est strictement hiérarchisé, l’ordre de succession à long terme est flou et incertain. De timides réformes sociales ont bien eu lieu mais le gouvernement autoritaire a beaucoup d’emprise sur la population. En Algérie, le régime est particulièrement autoritaire, dirigé de main de fer par des militaires en civil. Pour faire reculer la contestation, il a fait quelques réformes non majeures et des dépenses sociales importantes mais insuffisantes. Abdelaziz Bouteflika, 5ème président de la République depuis 1999, réélu en 2004 avec 83,49% des voix et en 2009 avec 90,24% après modification de la constitution, malade, n’est pas certain de terminer son mandat de 5 ans. Le problème de sa succession va donc se poser : islamisme ou démocratie ? Quant au Maroc le roi Mohamed VI, en homme astucieux  et dans une véritable audace politique a réformé la constitution. Il en résulte la suppression de toute corruption sur les votes. Il accepte de donner le pouvoir à des islamistes modérés et il garde ses prérogatives. Son rôle est l’équivalent de celui de notre Conseil des Ministres pour valider les lois. Il a donc la possibilité de refuser une loi.  Le pouvoir est stable et les velléités de révolte se sont calmées.

B – France

Suite du Pacte de compétitivité : ce pacte c’est la réduction du coût du travail. Deux logiques pour répondre à cet impératif : diminuer les charges sur la production de travail et trouver un nouveau rapport entre capital et travail. Pour cette seconde voie il faudrait : améliorer les conditions de travail, diminuer la pression du capital sur la production, renforcer les syndicats, trouver un nouveau rapport patrons/employés. Actuellement, négociations en cours entre le MEDEF et les syndicats. Notre façon d’aborder les conflits du travail dans une opposition traditionnelle entre patrons et ouvriers est-elle la seule façon ? Poursuivre dans la stratégie actuelle, syndicats des salariés contre syndicat des patrons, semble mener l’état à une impasse.

Un peu d’histoire : Françoise Mitterrand a réussi à peu près  question économie mais n’a pas modifié la France sociale. Il voulait un capitalisme à la française plus équitable et dynamique mais il n’a pas réussi et laissé la mondialisation envahir la France. Les syndicats sont en mauvais état, le modèle social est inadapté (retraites, dépendance …), la France sociale est dans un état de délabrement. François Hollande reprend cette ambition sociale. Sur l’économie il n’a pas vraiment de pouvoir sans l’accord de l’Europe, n’a plus ou peu de marge de manœuvre face à tous les autres pays européens qui ne sont pas à majorité de gauche. Il pense donc qu’il va transformer la France sociale mais dans les médias on ne fait aucun état de ce qu’il préconise pour cela, on ne parle de Florange qu’en terme de conflit. Silence médiatique sur cette déclaration : « J’en appelle toutes les organisations et les entreprises à faire ce compromis historique… Il faut à la France un nouvel état d’esprit, celui de la coopération des forces productives… Il faut une coresponsabilité du capital et du travail. »

La France est-elle prête à ce compromis social ? Nous ne savons rien, nous ne sommes pas informés sur les négociations en cours.

Comment fonctionnons-nous en France ? Dans la recherche permanente du conflit, du rapport de force. Les termes employés sont des termes de guerre : lutte, rupture, victoire, défaite, recul. On défend des bastions qui sont tombés depuis longtemps mais on n’ose pas dire la réalité des choses, par exemple pour la sidérurgie. Comme on a fait pour le textile, les mines. Et à force de repousser les échéances, on ne prend pas les bonnes décisions pour le renouvellement. Nous sommes dans une politique défensive, nous n’avons pas de politique offensive, nous attendons d’être acculés. C’est au pouvoir qu’il revient de consolider les syndicats. Mais syndicats et patrons se considèrent toujours comme ennemis, le MEDEF étant aussi dans une situation de combat et n’étant pas coopératif. Le discours de François Hollande n’a pas été expliqué et ne peut être compris. On n’a pas encore réalisé que l’on peut transformer les rapports sociaux. L’avenir social de la France se joue dans ces négociations entre patrons et salariés. Hollande a lancé une nouvelle voie pour une coresponsabilité,  capital et travail, patrons et employés.  Mais si aucun résultat ne se dessine, il prendra l’initiative d’une loi pour imposer cette coresponsabilité, pour une démocratie sociale.

Exemple de la Suède : un projet de loi émis par le Parlement est envoyé aux syndicats et aux fédérations d’associations. Un délai est donné pour étudier la loi. Au reçu de toutes les réponses, une synthèse en est faite et la Chambre des députés en tient compte pour valider ou non la loi.

 

Louis CAUL-FUTY                                                           Françoise SURETTE