03 – QUELS REMEDES A LA PERSISTANCE DES INEGALITES PARMI LES HOMMES.

André SAUGE. Philosophe, philologue, spécialiste de la Grèce Antique. 25 octobre 2017
Dans quels domaines les inégalités persistent-elles ? Pourquoi constituent-elles un scandale ? Quel rôle a l’idéologie dans leur maintien ? Le recours à la lutte des classes est-il la solution ?
La persistance des inégalités relève du domaine de la politique avec une pression des groupes de pouvoir sur les individus ce qui provoque des relations inégalitaires et porte atteinte à l’autonomie. Comment s’émanciper de la tutelle des partis ou des professionnels de la politique ?
Le mécanisme social crée une lutte pour la reconnaissance, le désir de mimétisme, le désir étant le moteur essentiel: je désire l’objet, la situation qu’un autre possède et qui le valorise aux yeux de tous, je veux prendre la place de l’autre qui détient l’objet de valeur et qui l’aide à se faire valoir. Compétition, rivalité sont le moteur principal des comportements individuels dans notre société. Aussi, ce qui importe ce n’est pas la lutte pour l’égalité en tant que telle mais la mise en place d’une organisation sociale qui favoriserait l’égalité, dans le respect de chacun pour chacun. Un monde égalitaire mais pas aux valeurs uniformisées, un monde où le respect est la norme absolue. L’homme est un être de paroles et se distingue par cela même de l’animal. La langue nous libère des contraintes et par la langue, nous avons des éléments culturels qui nous permettent de construire un lieu de fondation symbolique, ensemble d’échanges réciproques entre individus autonomes. Toute parole implique l’expression par je, la relation réciproque entre je et tu et l’intégration de l’écoute et de la réponse de l’autre dans une relation d’échanges. Tout est signifiant dans l’être humain, sa façon de se nourrir de se vêtir, d’habiter, de se déplacer, son langage, sa gestuelle, tout un ensemble qui détermine une culture.
Les discours excluent la réponse de l’autre et la langue peut être utilisée pour usurper la liberté de l’autre, Nous n’avons pas la maîtrise des discours : manipulation, domination, subordination, soumission.
La capacité d’autonomie existe quand extériorité et intériorité sont articulées les deux. L’intériorité doit être incarnée par des représentations qui passent par la médiation, par les autres, par la relation avec les autres. Le passage par les apparences est nécessaire. Le moi est ce qui permet à l’individu de se reconnaître dans un groupe. Le moi est ma valeur aux yeux des autres mais elle est évaluée par ce que l’autre veut bien reconnaître dans ma valeur. Dans la compétition, ceux qui se font valoir en dévalorisant l’autre l’emportent. Être noyé dans la masse ou se détacher de la masse – je suis plus humain que la masse. En famille, le père sur la femme, sur les enfants, pour affirmer son moi, sa puissance car sans cela il est inconsistant. Apprendre à vivre à partir de ce rien immatériel qui est notre intériorité, Être soi sans se laisser imposer d’être ce que les autres veulent de nous.
Relation de pouvoir: se soumettre au pouvoir de l’autre qui se fait valoir au-dessus des autres, par sa richesse, sa capacité à être homme plus que les autres (exploits), Groupe d’appartenance : trouver sa place dans son groupe. Si le groupe est dévalorisé, le moi dans ce groupe est dévalorisé et considéré inférieur par le moi du groupe supérieur. Ce comportement n’est pas naturel mais culturel car rien ne justifie que la personne du groupe supérieur ai plus de valeur. Lutte pour la reconnaissance: un groupe humain qui impose sa supériorité à un autre groupe humain, Par exemple les Grecs : supériorité des croyances, des savoirs, des biens. Compétition: ethnie triomphante qui extermine, met en esclavage les vaincus. Conquête, expansion en êtres et en richesses pour la survie et l’autonomie du groupe. Les vainqueurs ont plus d’humanité et peuvent asservir les vaincus qui sont moins égaux, moins humains. L’Odyssée, récit d’apprentissage, Ulysse le tyran se comporte en patron ce qui entraîne erreurs et catastrophes; il doit apprendre à se comporter avec ses hommes, en devenir le pilote. Il surmonte l’épreuve du chant des sirènes grâce à ses marins car il a changé sa façon d’être avec eux. Comportement autonome des marins qui assument, prennent la responsabilité dans le sens de la solidarité avec leur capitaine. L’économie doit être basée sur la solidarité car sans cela, on pourra toujours changer le Code du Travail, les ouvriers seront toujours soumis. Jésus de Nazareth, si quelqu’un le frappe, il tend l’autre joue: ne pas se soumettre à la force mais décontenancer l’autre en lui rappelant le principe de l’égalité.
Adam Smith. La compétition est une lutte pour maintenir le plus grand nombre d’individus en soumission. Le travail, un châtiment pour amender l’homme mauvais. Pour la plus grande productivité, soumettre la masse à la volonté de l’entreprise. Travail noble: qui éloigne de la matière, de la saleté, de la condition animale, intellectuels, artistes, chefs politiques qui ont la force de la parole, de la loi. Travail vil: ceux qui se salissent les mains, qui s’occupent de la saleté des autres. La révolution communiste n’a rien changé dans la soumission des ouvriers. Ce qu’il faut c’est une éducation des patrons.
Les solutions : une économie où tous les agents seront autonomes dans leur tâche pour laquelle ils auront été formés. Autonomie: avoir les moyens d’organiser sa vie à tout point de vue. Le salaire doit assurer cette autonomie et ne pas être seulement la somme de la valeur marchande de l’ouvrier. Les employés doivent participer aux décisions et il y a l’espoir d’y arriver.
Plus difficile à traiter sont les inégalités culturelles. Quant au statut de la femme, objet plutôt que sujet, c’est à elles de faire sauter ce statut et elles s’y emploient avec force bien que la culture soit supérieure à la nature.