N° 04 – CHARLES DARWIN ET LES MÉCANISMES DE L’EVOLUTION

Jean-Pierre FILLION – 22 octobre 2014 – 61 participants.
Une approche naturaliste et écologiste de la théorie darwinienne à l’heure où nous nous interrogeons sur l’avenir incertain de notre espèce.
Un grand plaisir de recevoir à nouveau Jean Pierre Fillion, homme passionné s’il en est et toujours partant pour transmettre ses connaissances à un public très fidèle.
Pour parler des origines de l’homme il faut connaître l’évolution des espèces. Charles Darwin, anglais, homme extraordinaire, dit que parler des origines de l’homme, c’est commettre un crime. Pour lui, il y a la science d’un côté et la religion de l’autre.
16ème siècle : les scientifiques font coïncider la science avec les textes religieux. Galilée : « la Bible ne nous enseigne pas comment le ciel va mais comment on va au ciel ». Giordano Bruno, Michel Servet, Césare Vanini seront brulés vifs pour avoir contesté la religion.
Charles Darwin (1809-1882) est d’une famille de médecins, abolitionniste de l’esclavage. Son grand père, Erasmus Darwin remettra en cause la doctrine dominante du Créationnisme et fera jouer un rôle à la sélection sexuelle dans l’évolution des espèces. Il était très influent au sein de la Lunar Sociéty. Très lié par sa femme à la famille Wedgwood. Enfant, Charles est très curieux, il aime la nature, les oiseaux. Il fait des études de médecine mais il ne supporte pas la vue du sang. Il participe à des rencontres naturalistes et ornithologiques. Il pratique la taxidermie avec un ancien esclave. A Cambridge, il réussit ses études de pasteur anglican. Il suit les travaux de John Henslow en cours de botanique, ceux d’Adam Sedgwick en géologie, les ouvrages de William Paley, théologien, partisan de l’idée que la nature est l’ œuvre d’un grand horloger, d’un créateur. Il fut le compagnon du vice-amiral Robert FitzRoy, de 1831 à 1836, à bord du trois mats Beagle, pour des missions hydrographiques et cartographiques en Terre de Feu. Une découverte de la nature qui ne lui apparait pas aussi parfaite que ce qu’il en a lu. Lors de ce voyage, il découvre la formation des atolls et assiste à un tremblement de terre au Chili ce qui le fait réfléchir à la formation des montagnes. Il découvre des fossiles de mammifères géants dans les couches de coquillages marins et observe des quantités d’animaux : nandou de Darwin, nandou d’Amérique proche des autruches, iguane marin et terrestre, pinson. Ses découvertes sont expédiées en Angleterre.
En 1939, Charles Darwin épouse Emma Wedgwood, ils auront dix enfants.
1735 – Carl Von Linné : classification des espèces, « Dieu a le sens de l’ordre », l’homme primate classé en haut. Georges Leclerc de Buffon, 1707-1788, naturaliste, calcule l’âge de la terre. J B Lamarck, 1744-1829, avance la transformation des espèces, un organe peut se modifier pour répondre à un besoin. Il est ridiculisé par Georges Cuvier, hostile à toute idée de transformation. De l’idée de Lamarck sur la transformation, la girafe, Charles Darwin propose que l’homme par la sélection artificielle est capable de créer des variations dans une espèce : loup = chiens. Sanglier = porc. Des espèces modulables par l’homme ; variabilité et sélection naturelle (phalène du bouleau qui répond à une sélection naturelle. Blanc sur le bois blanc du bouleau, les noirs se font manger et le contraire sur un bois noir). Sélection sexuelle soit transmission de ses caractères à la génération suivante, plumage, bois du cerf … Il lit Malthus qui annonce des catastrophes démographiques à moins de freiner la population.
1837, il commence à imaginer l’arbre évolutionnaire. En 1842, il s’installe dans le Kent. Il est assez fatigué et ne repartira plus. En 1851, mort de sa fille, il perd la foi et imagine que la maladie puisse être héréditaire. Alfred Ussel Wallace, 1823-1913, naturaliste, anthropologue, biologiste trouve des idées semblables à celle de Darwin et arrive aux mêmes conclusions sur la théorie de l’évolution par la sélection naturelle. En 1859, Darwin fait paraitre son ouvrage « L’origine des espèces », les créationnistes l’attaquent dans des procès. Le 30 juin 1860 : Le Débat entre Thomas Henry Huxley, professeur à la Royal School of Mines (le bouledogue de Darwin) et l’évêque d’Oxford Samuel Wilberforce (Sam la savonnette) est une controverse sur l’ouvrage de Charles Darwin, De l’origine des espèces. Une joute verbale, où Wilberforce demanda à Huxley s’il préférait descendre des singes du côté paternel ou maternel. Huxley est censé avoir répondu en substance qu’il n’avait pas honte d’avoir un singe comme aïeul, mais qu’il en aurait eu d’avoir un homme plein d’esprit qui essayait de voiler la vérité.
Darwin n’était pas d’accord et n’appréciait pas Herbert Spencer qui a imposé le terme d’« évolution » et est l’auteur de l’expression « sélection des plus aptes », qu’il mettait en rapport avec la sélection naturelle de Darwin. Il professait la survie des plus aptes et l’élimination des plus faibles, des pauvres. Pas d’accord également avec Francis Galton, précurseur de l’eugénisme. Charles Darwin, c’est le contraire, il préconise l’entraide sociale et sur cela il est mal interprété. En 1871, parution de l’ouvrage « La filiation de l’homme et la sélection sexuelle ». Il fait le constat que l’expression des émotions joue un rôle capital dans la survie d’une espèce, les attitudes tiennent autant de la génétique que de la tradition. En effet, le livre établit qu’un renversement s’est opéré chez l’Homme, à mesure que s’avançait le processus de civilisation – progrès, rationalité, développement des instincts sociaux, essor des sentiments moraux, organisation communautaire dans une nation civilisée et tout cela lui permet de constater que la sélection naturelle n’est plus, à ce stade de l’évolution, la force principale qui gouverne le devenir des groupes humains, mais qu’elle a laissé la place dans ce rôle à l’éducation.
A la fin de sa vie, Charles Darwin aura la reconnaissance de monde scientifique. Ernst Haeckel qui fut son disciple et partisan convaincu de la théorie de l’évolution établira l’arbre de la classification des espèces conduisant à l’espèce humaine mais l’évolution n’est pas du tout cela : du singe à l’homme, non ! Nous avons un ancêtre commun mais on a évolué différemment, les singes évoluant de leur côté. Il n’y a qu’une seule espèce humaine.
Citation attribuée à Hubert Reeves sans certitude sur le dit auteur «L’Homme est l’espèce la plus insensée, il vénère un dieu invisible et massacre une nature visible ! Sans savoir que cette nature qu’il massacre est ce dieu invisible qu’il vénère ! »
Livre : « Darwin, c’est tout bête » de Marc Giraud. 1001 histoires d’animaux pour comprendre la théorie de l’évolution.
A suivre la saison prochaine avec l’origine de l’homme.