N° 02 – IMAGES

Michel DELAJOUD – Chargé des publics à la Villa du Parc, Centre d’Art contemporain d’Annemasse – 30 septembre 2014 – 25 participants.
Le prolifération des images ne cesse de croître, favorisée par le développement des technologies qui les produisent, les multiplient, les stockent, les diffusent … Y a-t-il de bonnes et de mauvaises images ? Peut-on tout regarder ? D’où l’image tire t’elle sa puissance ? Peut-on prévenir et se défendre des dangers potentiels de l’image ?
En préalable aux visites guidées des expositions que Michel Delajoud nous proposera durant l’année, il nous a fait le plaisir de cette soirée. La saison s’intitule « saison iconographe » et traitera de l’appropriation des images, du questionnement sur la multiplication des images tout à fait dans le sens du thème de la conférence.
Historique de l’image : dans le monde romain, la première définition de l’image est représentée par les ombres, les reflets. L’ombre symbole de la présence comme dans le mythe de Dibutade. « Selon le mythe fondateur de la peinture, et plus généralement de la représentation figurée, l’auteure de la première image figurative serait une jeune femme, ‘la fille de Dibutade’. Elle aurait ainsi tracé sur un mur l’ombre de son amant afin d’en conserver l’image. Le père de la jeune fille, potier dans une ville grecque, aurait transformé ce premier tracé en bas relief en le fixant avec de l’argile ». Pour Platon on doit distinguer un objet de sa représentation. On se construit à partir des images plus que du réel. Selon Platon, on reconnaît l’image de la chaise par sa définition et son utilisation et si différentes soient-elles elles reçoivent toutes le nom de chaise. C’est cette essence de la chaise, ce qu’il y a d’identique dans toutes les chaises que Platon nomme Idée ou « chaise en soi » et que l’on reconnaît dans l’image de la chaise. Notre propre image dans le miroir permet de nous construire.
Remettre toujours l’image dans le contexte de sa production. On projette dans l’image ce que l’on en sait au départ. L’aborder par la mise en scène, la réunion d’un certain nombre de signes dans une image homogène. Analyse de l’image, années 50, Roland Barthes. Par exemple, la publicité Panzani : signes connotés – pâtes, sauce, tomate, parmesan – mais plus de sens induits – couleurs = Italie, Sud – fruits, légumes = produits sains. Dès 1964 : rhétorique de l’image : la publicité en images, en citations – La hausse des prix oppresse votre pouvoir d’achat. En métaphores – Superman, les voitures. En antithèses – l’enfer sur papier Bible (La pléiade).
Au 14ème siècle, Saint Bernardin prêche en Italie avec le monogramme du Christ, comme un logo publicitaire, une idée symbolique. Le peintre Lorenzetti donne des images du pouvoir politique et religieux, d’un monde idéalisé face à un monde dictatorial, d’un bon et d’un mauvais gouvernement. Au 18ème siècle, Hyacinthe Rigaud représente le roi Louis XIV en monarque qui règne en maître et pour longtemps alors qu’il est vieux et malade. A notre époque, c’est l’image de Sarkozy qui court, signe de sa forme et de sa proximité avec le peuple. Et c’est aussi Montebourg et son Made en France.

Images et violence. L’an 2000, ère nouvelle qui fait son entrée en grande pompe. Réponse médiatique, le 11 septembre 2001. Les protestants par l’interdit biblique du second commandement du Décalogue « Tu ne feras pas d’image … et les musulmans refusent l’image de crainte d’une christianisation du monde, et pourtant aujourd’hui l’image est le point fort de la communication des musulmans (images des prisonniers, des décapitations). L’image de meurtre ou l’image de vertu ne pousse pas au meurtre ou à pratiquer la vertu mais on se construit une violence au monde par les images. Mais les images de violence changent de force selon les époques, « Massacre à la tronçonneuse » a fait peur en son temps et rire aujourd’hui. Les iImages de propagande dans lesquelles l’individu n’a pas sa place (Hitler, la force des chemins de fer allemands) peuvent être dangereuses.
Relation à l’image, le miroir conscience de soi, du je et construction de notre relation au monde. Savoir identifier l’univers de l’image. La conceptualiser, la verbaliser, dire ce que je vois. Mettre des mots précis. Il est très difficile de reconnaître la fabrication des images de fiction et d’actualité. L’image peut être manipulée. Toutes les images arrivent de partout et on ne peut plus faire le tri entre réel et virtuel. Il y a danger car le monde se construit sur du virtuel. Il y a un écran entre le réel et moi et cependant je dois y trouver ma place. Il faut donc se défendre de l’image et apprendre à les lire.

4 expositions à la Villa du Parc dans l’année
– Des- Collages – Utilisation par des artistes d’autres œuvres. – Archivistes – Christian Boltanski
– Constellations : associations d’idées – Ryan Gander, manière de construire notre savoir.
Et tout au long de l’année Pierre Leguillon et la Promesse de l’écran.