N° 01 – HUMANITÉ SPIRITUELLE ? SPIRITUALITÉS HUMAINES ? QUELS ÉCUEILS, QUELLES VOIES ?

Denis PETITPIERRE 24 septembre 2014 – 37 participants. De la croyance en la foi chrétienne à l’agnosticisme et enfin à l’athéisme, un parcours d’homme à la recherche de sa vérité.
Denis PETITPIERRE nous informe qu’il prendra deux précautions pour aborder son exposé : littérature et raison et respect des personnes dans leur croyance.
Au début, au commencement, était la matière. Une histoire débute et elle continue. Il y a ce qui a été, ce qui va advenir mais nous, ici, que faisons- nous ? Question universelle et de tout temps. Les premiers hommes ont pris connaissance de la naissance, de la maladie, de la mort : un double vertige, le premier vertige comme le dit Blaise PASCAL : « Le fini est ce qui se situe entre deux infinis, qui l’enserrent et s’en éloigne». Ou encore, toujours de PASCAL « L’homme est un roseau, le plus faible de la nature, mais un roseau pensant ».Le second vertige, le « pourquoi » et le « parce que » se complétant pour expliquer notre existence, ce second vertige est que dans la saison de la vie, de la nature, de la durée, nous sommes en même temps tout cela et nous ne sommes que cela. Quel sens peut prendre ma vie, quelle direction lui donner ? Des systèmes interrogatifs et explicatifs se mettent en place pour rassurer, systèmes que l’on transmet aux générations.
Le religieux est alors un système acceptable d’explications, rassurant et simple. Mon quotidien doit être considéré dans le vaste monde. Les grandes épopées, les grandes fresques racontent l’origine des choses et disent pourquoi les choses doivent être comme ça. Des interrogations toujours plus nombreuses et besoin toujours plus fort de réponses. Toutes les philosophies et les religions naissent des questions et des réponses à leur apporter. Aujourd’hui, toujours beaucoup d’interrogations et beaucoup d’angoisse.
Religion veut dire relie, met ensemble. Mais aussi relégation, exclusion de l’autre, celui qui ne partage pas les mêmes idées. Couper, retrancher comme les sectes qui isolent leurs adeptes de la société. Pour être dans la communauté, il faut qu’elle fasse écho à ma culture, à ma croyance à ce que l’on m’a apprit. De la foi ou de la religion, qu’en est-il été en premier ? Pour chaque religion, texte fondateur, révélation. Quelle est la meilleure d’entre elles ? Opposition, dogmatisation, déflagration, les religions peuvent diviser : communautarisme, polémique, guerres. Toutes ont la valeur du sacrifice, de l’oblation soit l’offrande de sa propre vie comme de celle de l’autre dans la soumission. De la conjuration qui éloigne du mauvais sort, qui éloigne le malheur. De l’expiation qui touche aussi bien moi-même qu’autrui : je mérite le malheur, qu’ai-je fait au bon dieu ? De la superstition.
Dans nos vies quotidiennes, valeur travail, valeur activités rémunérées reprennent les valeurs religieuses : quand on travaille on est quelqu’un. On dit « Que faites-vous dans la vie ? » au lieu de « Qui êtes-vous, que pensez-vous de l’existence ? ». Gagner notre vie au lieu de se laisser gagner par la vie. Les perdants, les assistés sont discriminés, rejetés, ce sont les rebuts de la société. L’esprit humain ancien, archaïque demeure même dans nos sociétés.
Alors que faire, que penser ? Reconnaître la valeur intrinsèque de tout être humain. Organiser la liberté de conscience, ce que les religions n’ont jamais fait. Etre responsable de notre vie, en pleine conscience. Avoir une volonté de réalisme social, en interactions avec les autres, dans une écoute authentique de l’autre, une ouverture. C’est ainsi que l’on peut construire une communauté dans le respect de chacun. Porter attention, aide, assistance, écoute c’est l’impératif catégorique du principe de vie d’Emmanuel KANT. Faire à l’autre ce que tu voudrais qu’il fasse pour toi. Dans une relation authentique et équivalente dans le respect, loyale, équitable. Sortir de soi, changer de regard, croître en humanité, être dans l’acceptation de sa condition humaine.
Denis PETITPIERRE est l’auteur du livre Le Paradigme perdu « Itinéraire d’un pasteur devenu athée ». Voici comment il définit son travail dans ce livre : « L’auteur souhaiterait mettre un point final pour lui-même à ce qu’il a encouragé et à quoi il aura participé durant quelques 25 années professionnellement : ce qu’il appelle « l’esprit religieux », né avec les religions, mais que l’on peut surprendre à l’œuvre aussi dans la vie quotidienne et dans l’univers tout laïc de l’économie, du politique et du monde du travail. Un comportement acquis, millénaire, qui commande à notre façon de penser notre monde, nous penser nous-mêmes et les autres, et qui se résume par un seul, en fait, selon lui, celui de « sacrifice ».
C’est bien connu et « prêté » à André Malraux, ce dernier aurait affirmé que le 21ème siècle serait religieux ou ne serait point ; pour l’auteur de cet ouvrage, en revanche, ce siècle ne verra pas sa fin s’il n’abandonne pas une manière archaïque de concevoir le monde et de s’y activer ».
Voici un livre et une conférence qui questionnent nos habitudes de penser et de considérer le monde et nous-mêmes. De nombreuses questions ont été posées et notamment sur le sens du mot « sacrifice ». Un texte érudit, une grande culture, un sujet inhabituel, difficile et sensible mais une grande humanité dans la réflexion, un grand respect des croyances de chacun dans l’exposé de Denis PETITPIERRE que nous remercions infiniment pour son courage face la maladie et à la fatigue. Il est utile de lire le livre qui éclaire par bien des explications l’idée général de ce compte rendu. Le rôle de l’Université Populaire est ainsi bien respecté, donner à entendre, donner à comprendre pour que chacun puisse aller plus loin dans sa réflexion personnelle.