N° 2 – VOUS AVEZ DIT ART CONTEMPORAIN ?

Michel DELAJOUD – Médiateur culturel à la Villa du Parc – 24 septembre 2013 – 30 participants. De l’art moderne à l’art contemporain, la naissance de l’art de notre époque, débattre des idées reçues à son sujet … Une conférence-débat pour donner l’envie d’en (sa) voir plus ! Autodidacte, Michel Delajoud est chargé des publics à la Villa du Parc, enseigne l’art plastique à la MJC Centre, est responsable de l’opération « Connaissance de l’histoire de l’art ».
Ce soir ce n’est pas un cours que Michel veut donner mais aborder de façon très large l’art contemporain. Malgré un grand nombre d’événements, expositions, biennales, l’art contemporain reste un mystère. Il véhicule des idées reçues telles que l’incompréhension face à l’œuvre – Tas de charbon, en 1963 de Bernar Venet – il s’adresse à une élite. Aborder une œuvre d’art nécessite quelques références, demande un accompagnement. L’art classique déclenche le plaisir car on reconnait ce qui est représenté. L’image est constituée d’un ensemble de signes et sa lecture est liée à la connaissance. Une Vierge à l’enfant, la Madone des Prés (Giovanni Bellini) par exemple, tableau plein de symbolisme et d’anachronismes. L’art traditionnel, c’est beau : par exemple le Train dans la neige de Claude Monet, tableau très critiqué, sans forme, mauvaise barbouille peut être regardé par le spectateur comme beau. Le beau est tout relatif.
L’art contemporain ne représente rien. Il y a confusion entre l’art moderne, voir La liseuse de Gerhard Richter, né en 1932 et l’art contemporain. La révolution industrielle va révolutionner aussi le monde de l’art. Les artistes s’intéressent à ce monde en mutation, le dépeignent mais face à l’exode rural, à l’expression photographique, à l’industrialisation, certains artistes vont dire, « laissons la réalité à la photo et allons vers l’abstraction ». 1ère moitié du 20ème siècle – Jackson Pollock. Abstraction géométrique – Mondrian – l’artiste comme un architecte va penser la ville, l’harmoniser. Arts appliqués qui se pratiquent dans les grandes écoles. Arts incohérents fin 19ème siècle– Jules Lévy – caricatures, humour, absurde … que l’on retrouve dans le courant Dada, début 20ème – Francis Picabia – mouvement antimilitariste, anti guerre, irrespectueux – L’œil cacodylate de Picabia, signé par tous ses amis. Marcel Duchamp qui pose la question de l’artiste « suffit-il de signer pour qu’il s’agisse d’une œuvre d’art ? ». Néo impressionnisme c’est Marcel Duchamp et ses paysages à Blainville. Dix ans plus tard, le post impressionisme c’est toujours Marcel Duchamp et le Nu descendant l’escalier, un métissage entre photo et cubisme. Tout objet est de l’art – Roue de bicyclette – que l’on peut reproduire à l’infini par la photo.
Sans discours, il n’y a pas d’œuvre, une œuvre ne peut se passer de la parole – un artiste, un spectateur. L’ensemble du courant Dada a donné naissance au courant Fluxus né dans les années 60 – Yoko Ono, performance Cut Pierce, 1965 – Pop Art – Richard Hamilton – Collage intitulé « Au fait, qu’est-ce qui différencie et rend les foyers d’aujourd’hui si attirants » – Courant concret – Michel Ventrone – la Porte d’Harmonie, 1957, rectangle harmonieux car né du carré – rien n’est plus concret qu’une ligne. Courant minimaliste : l’œuvre repose sur la pensée de l’artiste et son exécution est sous-traitée. Courant conceptuel : la pensée sous tend l’œuvre – Joseph Kosuth « Une et Trois Chaises » soit une chaise, une photo de chaise et une définition du mot « chaise ». Kaz Hoshiro, des objets du réel reproduits en peinture, en trompe l’œil. Les dessins de Julien Tibéri, caricatures, jeux de mots, inspiration des bandes dessinées. Les dessins mordants de Dan Perjovschi avec comme sujets les grandes questions du monde (Marée noire). Les photographies de Nathalie Wetzel. Les photos travaillées avec solution d’alcool et rouille de Thu Van Tran. Alessandra Domanovic : travail sur un logiciel pour reconstituer une œuvre. Dominique Gonzalès-Foerster : film et vidéo (Atomic Park). Maxime Bondu et la reproduction artisanale de l’ampoule « immortelle » de 1901 à Livermore aux usa, preuve à contrario de l’obsolescence programmée des produits modernes. Dan Peterman, plasticien qui travaille sur la surabondance, la consommation, la pollution, le gaspillage. Le duo Sylvain Grout et Yann Mazéas dont les installations s’apparentent à des plateaux de cinéma, films d’horreur, actions dévastatrices. Lang et Bauman, Sabina et Daniel, pour leurs interventions urbaines stimulant les interactions sociales et interrogeant l’architecture des lieux.
La visite guidée de trois expositions à la Villa du Parc et à la MJC Centre suivront cette conférence.
Une œuvre doit être un réservoir de sens, de paroles, d’interprétations, d’idées.
Pour se situer : art moderne, 2ème moitié du 19ème siècle et fin dans les années 50.
Art contemporain depuis les années 50 : effacer les frontières entre l’art et la vie.
L’obsolescence programmée (parfois aussi appelée « désuétude planifiée ») est le nom donné par abus de langage à l’ensemble des techniques visant à réduire la durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacemt