SOLIDARITÉ ET FRATERNITÉ

Jocelyne DECOMPOIX

Formatrice et animatrice en philosophie

24 octobre 2012    –   16 participants

«  Peut-on vivifier ces notions et leur donner leur pleine dimension d’humanité ? »

Voici les définitions et les textes proposés par Jocelyne et sur lesquels c’est appuyé notre réflexion.

Le mot solidarité a même origine que solidité : des éléments sont solidaires lorsqu’ils sont interdépendants. On est solidaire de ceux dont on partage  les intérêts, les droits et les obligations. Mais la question philosophique est celle de la solidarité comme valeur : Que représente-t-elle pour nous ;  à quel moment se manifeste en nous l’exigence de solidarité, pourquoi, jusqu’où ?

Le terme fraternité vient de frère ; elle évoque donc l’image de famille humaine. Ce n’est que depuis le 27 Février 1848 qu’elle figure officiellement dans la devise de la France, à côté de la liberté et de l’égalité. A  plusieurs reprises il a été suggéré de le remplacer par solidarité. Cette vertu serait elle dérangeante ou inutile ?

Le terme figure pourtant dans l’article n°1 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme  de 1948. « Tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droit ; ils sont doués de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »

Jacques Attali : « Dans presque tous les mythes fondateurs, personne n’a de pire ennemi que son frère, si ce n’est son père qui, craignant une alliance des frères contre lui, prend parfois les devants et les tue. »

« La fraternité est un altruisme universel qui s’adresse à l’autre, à tout autre. Egalité et liberté sont des droits, la fraternité est une obligation morale. Une société se meurt quand les hommes oublient de  se préoccuper de leurs frères. »

Victor Hugo : « De l’union dans la fraternité des peuples naitra la sympathie des âmes, germe de cet immense avenir où commencera pour le genre humain la vie universelle que l’on appellera la paix de l’Europe. »

Saint Exupéry : « La grandeur d’un métier est peut être, avant tout, d’unir les hommes. Il n’est qu’un luxe véritable, c’est celui des relations humaines. En travaillant pour les seuls biens matériels, nous bâtissons notre prison, avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien que vaille. »

Edgar Morin : « Enseigner la compréhension entre humains est la condition et le garant de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité. » L’opposition à la solidarité, c’est l’indifférence, l’égoïsme, l’individualisme. L’opposition à la fraternité, c’est l’ennemi, l’intolérance, la logique de clan, d’exclusion.

La solidarité est une exigence lorsque nous sommes confrontés au malheur de l’autre, catastrophe, deuil, maladie, vieillesse. C’est dans le sport, la solidarité de l’équipe. La solidarité c’est aider dans l’adversité, dans les difficultés, c’est lutter contre l’intolérance, le rejet. C’est lutter contre le gaspillage. Quand un peuple est heureux, qu’il ne rencontre pas trop de problèmes, il y a moins de solidarité. Dans les pays pauvres, il y a plus de solidarité pour la survie. Le problème de fond c’est bien que lorsqu’un peuple va vers plus de bien-être, il perd de la solidarité et de l’humanité. Le temps de crise révèle deux attitudes, l’enfermement sur soi ou l’ouverture aux autres, pour s’entraider.

La fraternité, c’est la famille, l’altruisme universel, une obligation morale. C’est un élan du cœur, une valeur, une notion essentielle, un point de référence. Nous sommes une seule humanité interdépendante, un grand tout. C’est la reconnaissance du travail de l’autre dans ce grand tout. C’est l’éveil de la conscience et comprendre par exemple que le gaspillage n’est pas fraternel. La fraternité, c’est comprendre les choses, comment on dépend des autres.