BILLET D’HUMEUR N° 1 – SEPTEMBRE 2013

EDITORIAL – SEPTEMBRE 2013 – écrit en juin –
Avant l’été, pas tout à fait le printemps, et pas loin de l’automne –
Vous croyez que je vais vous parler du temps qu’il fait, des catastrophes climatiques ici et ailleurs ? Bien sûr il y aurait de quoi dire et c’est le premier sujet qui me vient à l’esprit. Pourtant je n’ose me lancer car je ne suis pas une spécialiste … je dis juste que les gros nuages blancs sont beaux dans la lumière du soir, que le vent fait danser les feuilles des arbres et qu’un arc-en-ciel est toujours possible … et j’ai une pensée pour tous ces gens pris dans la boue, ces viticulteurs qui n’ont plus que leurs larmes, ces éleveurs des Pyrénées qui ont vu disparaître leurs pâturages sous les pierres de la montagne. La nature peut être bien cruelle.

Rencontre à Moustiers-Sainte-Marie, en balade à moto, à la fête médiévale, une bière locale et … bio à la main, d’un couple d’éducateurs du Vaucluse. D’après eux, le Vaucluse est un « hôpital psychiatrique ». Ah bon ! J’ai cherché et trouvé, Orange : maire Jacques Bompard et toutes ses références – OAS – Mouvement étudiant Occident – Ordre nouveau – Front National – Mouvement pour la France – Bloc identitaire – Ligue du Sud – Pas mal pour un seul homme. A son arrivée en 1995, les Chorégies sont menacées : il n’est pas accepté comme président de l’association qui organise le festival et menace de ne plus subventionner le festival. Une convention est signée en 1999 pour un financement pluriannuel et pérenne. L’affaire met en évidence la fragilité de cette manifestation face aux aléas politiques locaux. A la bibliothèque, des livres sont rayés des listes ou interdits à l’achat. Des livres obscènes, violents, racistes ? Non, des livres accusés de « cosmopolitisme » et de « mondialisme ». C’était en 1996 mais 1933 n’est pas loin quand en Allemagne, les nazis brûlaient les livres. Et de là, je trouve Marie Claude Bompard, l’épouse, maire de Bollène. Et voilà un événement récent, le 18 juin 2013, interdiction aux personnes présentes à la célébration de l’ Appel du Général de Gaulle de chanter  le Chant des Partisans et prise à partie des communistes par des militants de la Ligue du Sud et des Identitaires. Voici comment la radio France Bleu relate les faits : La municipalité Ligue du Sud de Bollène a interdit que des personnes présentes dans le public entonnent le Chant des Partisans, des communistes ont même été traités de « collabos ».  Le Chant des Partisans n’est pas le bienvenu à Bollène : l’an dernier la police municipale était intervenue pour empêcher des dizaines de personnes de l’entonner. Cette année, ceux qui ont tenté de le chanter ont été couverts par la sono municipale et des communistes pris pour cible

Tout cela me fait peur, l’oubli, l’aveuglement, l’adhésion aux idées d’extrême-droite non plus comme une sanction pour les partis traditionnels mais comme une solution. Que faut-il faire ? Comment lutter ? Comment parler ? Quels arguments avancer pour contrer ? Il me semble que cette voix est inaudible dans le concert médiatique, qui relaye à longueur de temps des faits d’intolérance, de violence, d’homophobie, de racisme … Comment, par exemple faire entendre une voix qui dit que le coût de l’immigration est égal à zéro en Europe (rapport de l’OCDE de juin 2013).  C’est à peine mentionné.

Tout le monde connaît le poème de Martin Niemöller, pasteur allemand qui a connu Dachau, mais il est bon de le relire de temps en temps.
Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes, 
Je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Lorsqu’ils sont venus chercher les sociaux-démocrates
Je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste
Lorsqu’ils sont venus chercher les catholiques,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas catholique.
Lorsqu’ils sont venus chercher les juifs,
Je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher …
Il ne restait plus personne pour protester.
 N’attendons pas qu’il ne reste plus personne pour défendre une cause, pour défendre l’autre. Restons vigilants et conscients.>Vous allez me dire que tout cela n’est pas très gai pour une rentrée.  C’est vrai mais j’espère que , comme moi, vous aimez les rentrées car elles sont promesses d’actions, de rencontres, de nouveautés, de découvertes : nouveau  programme de l’UP, découverte des nouveaux livres, lancement des saisons culturelles, théâtre, musiques, cinéma … et le souvenir de l’odeur des cahiers neufs de notre enfance. Pour nous ce sera notre nouvel agenda tout neuf pour y noter le programme d’Annemasse-Genevois mais aussi celui des UP de la Haute Savoie et de tout ce que les associations locales nous offrent. Et il y  a beaucoup de propositions, nous ne pourrons pas tout faire, tout voir, tout entendre mais  ces propositions existent dans leur grande diversité et s’adressent à toute la communauté.
C’est cela RESISTANCE, c’est cela ESPOIR.
Françoise Surette